Des milliers de personnes se sont réunies ce vendredi, à l’angle des rues Sherbrooke et McGill, pour une marche contre les mesures d’austérité imposées par le Gouvernement de Philippe Couillard. Les manifestants provenaient essentiellement des milieux étudiants, des groupes communautaires et des syndicats, notamment l’ASSÉ (l’instigatrice de la manifestation), la FIQ, la CSN, la Fédération autonome de l’enseignement, et des membres de Québec solidaire. Selon des estimations, entre 30 000 et 50 000 personnes se sont données rendez-vous. Autre fait notable, si 50 000 personnes ont parcouru les rues du centre-ville, plus de 82 000 étudiants et étudiantes ont décrété la grève pour cette journée. Suivant le thème de la manifestation (« L’austérité, une histoire d’horreur »), la foule vivante et animée arborait des costumes effrayant ou brandissait de fausses haches, scies et autres objets tranchants pour symboliser les coupes gouvernementales.
Les camarades de La Riposte y étaient et avaient installé une table afin de partager la perspective marxiste sur l’austérité et la stratégie à adopter pour la combattre; de nombreux exemplaires de La Riposte ont été distribués, et la table a été un lieu de discussions politiques animées. Il y avait un intérêt manifeste de la part de beaucoup de manifestant-es envers les idées du marxisme.
Cela contraste avec l’apathie qui s’était quelque peu installée depuis la fin du Printemps érable parmi les étudiant-es et la classe ouvrière. Nul doute que cette démonstration de force a donné l’occasion aux travailleur-euses et aux étudiant-es de reprendre confiance.
Les policiers de la ville de Montréal ont discrètement suivi la marche ; l’humeur des policiers n’était décidément pas au matraquage, malgré que l’itinéraire de la manifestation n’ait pas été fourni. En effet, la veille, le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal avait implicitement dit qu’ils n’appliqueraient pas le règlement municipal forçant la divulgation de l’itinéraire. Bien qu’il se soit rétracté par la suite, il est significatif que le président du syndicat des policiers ait dit à la radio qu’il « est difficile de dire aux gens de respecter les règlements et les lois en vigueur quand le gouvernement lui-même ne les respecte pas». Cela n’a rien d’innocent. Le message qu’il cherchait à envoyer au gouvernement est clair : les policiers ne vont pas réprimer le mouvement tant que le gouvernement continue à couper leurs retraites. Cela est à l’avantage du mouvement pour l’instant, mais il ne faut pas se faire d’illusions. Les policiers se remettront à mordre quand leur maitre leur aura rendu leur os.
Quelle est la suite pour le mouvement? Le souvenir des mobilisations étudiantes massives du printemps 2012 n’a jamais quitté les esprits. Toutefois, les travailleur-euses, contrairement aux étudiant-es, ont réellement le pouvoir de mettre à genoux le gouvernement et les capitalistes qui le soutiennent. Il suffit de s’imaginer l’impact d’une grève à la STM pour saisir le pouvoir de l’ensemble des travailleurs municipaux. Les leaders syndicaux promettent d’autres mobilisations dans un avenir proche ; certains parlent même de grèves illégales. Cela pourrait paralyser la ville entière. Les chefs syndicaux ont promis plus de manifestations dans le futur, et certains ont même parlé d’actions de grève illégale. S’ils ne reculent pas, nous pourrions nous diriger vers une confrontation sociale majeure qui ébranlera le Québec du sommet à la base.