Le 8 novembre dernier, les travailleurs de Bombardier se sont réveillés avec un goût amer en bouche. Les médias nous ont appris que l’entreprise québécoise compte abolir 5000 postes, dont 2500 au Québec et 500 en Ontario dans le cadre de son plan de redressement. Les emplois seront supprimés d’ici 12 à 18 mois, pour des économies annuelles de 251 millions de dollars. Pourtant, la multinationale rapporte une hausse des revenus de 48 % par rapport au même trimestre l’an dernier, c’est-à-dire une hausse de 271 millions de dollars américains. Son revenu total au dernier trimestre s’élève à 3,6 milliards de dollars américains. Mais ces chiffres sont insuffisants pour les dirigeants de Bombardier : ils ont choisi de mettre à la rue 5000 de ses employés pour combler leur insatiable soif de profit.
Le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, a déclaré dans le cadre de la présentation des résultats du troisième trimestre : « Je suis très fier de ce que nous avons accompli jusqu’ici et je suis très enthousiaste face à notre avenir. » À voir la fierté et l’enthousiasme de M. Bellemare, son poste ne fera visiblement pas partie de ceux qui seront abolis.
Bien loin d’être fiers et enthousiastes, les travailleurs de Bombardier se trouvent aujourd’hui dans l’insécurité puisque la direction de l’entreprise n’a pas encore précisé qui perdra son emploi. David Chartrand, coordonnateur québécois de l’Association internationale des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (AIMTA), explique la situation : « Il y a 2500 pertes d’emploi, mais les 15 000 employés de la province sont inquiets. Ces gens-là devront vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, car ils vont seulement savoir dans 15 à 18 mois s’ils perdront leur emploi. » Le directeur québécois d’Unifor-Québec, Renaud Gagné, nous explique que « Cela lance un message inquiétant pour l’avenir de l’industrie, alors même que ce secteur est en pleine pénurie d’emploi. Globalement, ces annonces nous laissent dans le noir quant à la suite des choses. »
Quant au premier ministre François Legault, il se contente, sans grande surprise, de réciter de belles formules pleines d’espoir et vides de contenu : « Beaucoup d’entreprises actuellement sont à la recherche de personnel qualifié dans le secteur de l’aéronautique. Donc, on peut penser qu’il y a une partie des employés qui éventuellement perdront leur emploi chez Bombardier [qu’] on va pouvoir replacer dans d’autres entreprises du secteur aéronautique. » Évidemment, M. Legault ne peut pas plus qu’il ne veut aider les futurs licenciés de Bombardier à se trouver un emploi. Celui qui avait dénoncé pendant la campagne électorale les bonus accaparés par la direction du constructeur aéronautique en 2017 dit aujourd’hui ne pas vouloir « faire le procès de Bombardier ». C’est que la complaisance de Legault à l’égard du banditisme de Bombardier fait maintenant partie de sa description de tâche en tant que premier ministre. Son rôle en tant que chef de l’État est de servir les grandes entreprises. Celles-ci embaucheront des licenciés s’ils le veulent bien, et Legault n’a réellement aucun mot à dire à ce sujet.
Après avoir supprimé 1000 emplois à Montréal en 2015, Bombardier a reçu un milliard de dollars en cadeau de la part du gouvernement provincial libéral pour sauver la CSeries. Depuis lors, 2900 postes ont été supprimés au Québec seulement. Entretemps, les patrons se sont récompensés de leur bon travail avec des augmentations de salaire de 48% l’an dernier. Devant le tollé général, ils ont dû étendre cette augmentation sur plusieurs années. Au final, la rémunération totale des cinq plus hauts dirigeants a atteint 30,8 millions de dollars américains en 2017, soit une augmentation de 12,3 % par rapport à l’année précédente.
Les dirigeants de Bombardier se comportent comme des parasites prêts à tout pour leurs gains individuels, comme autant de tiques se gorgeant de sang sur le dos d’un animal. Il est plus que temps que les travailleurs de Bombardier se débarrassent de ces nuisances, pour leur bien-être et celui de tous les travailleurs québécois.
Que faire? Toute usine de Bombardier qui est menacée de fermeture devra être occupée par les travailleurs. C’est la seule façon de résister victorieusement face aux patrons. De plus, la direction de l’AIMTA et d’Unifor-Québec doit lutter pour la nationalisation de Bombardier, sans compensation pour les patrons qui s’en sont déjà mis plein les poches. Des manifestations devraient être organisées en mettant cette revendication de l’avant et en mobilisant les travailleurs autour d’elle. En 2017, pas moins de 93% des Québécois s’opposaient à l’augmentation de salaire monstrueuse des patrons de Bombardier. La nationalisation de l’entreprise serait certainement très populaire auprès d’une large portion de la classe ouvrière.
Ce n’est pas l’argent qui manque pour sauver les emplois et développer l’industrie; il suffit de regarder les profits monstres et les salaires énormes empochés par la direction. Le problème, c’est que cet argent est conservé avidement par le patronat au détriment des travailleurs. Les emplois menacés pourront être véritablement protégés si la nationalisation est accompagnée du contrôle démocratique de l’entreprise par les travailleurs eux-mêmes. Les travailleurs de Bombardier, en prenant le contrôle de l’entreprise, enverraient un puissant exemple pour le reste de la classe ouvrière québécoise.
Si nous n’agissons pas, le patronat de Bombardier continuera de se graisser la patte pendant qu’il licencie ses employés et que monsieur et madame tout le monde payent la facture. La seule solution est la mobilisation des travailleurs de Bombardier, avec l’appui de la classe ouvrière plus large.
Cessons les licenciements!
Usine fermée, usine occupée!
Nationalisons Bombardier sous le contrôle démocratique des travailleurs!