Les récentes négociations collectives des travailleurs de l’éducation ontariens ont fait ressortir la question de ce qui constitue une demande salariale « raisonnable » en contexte d’inflation rapide. Le Syndicat canadien de la fonction publique réclamait au départ des augmentations annuelles de 11,7%. La classe dirigeante et ses laquais au gouvernement et dans les médias de droite s’en sont scandalisés. Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce a qualifié cette demande d’« astronomique, déraisonnable ». D’autres ont démagogiquement prétendu que ce ne serait pas juste pour le reste des travailleurs, qui ont en moyenne connu une augmentation de 2,6%. Tout cela pue l’hypocrisie, alors que les capitalistes, eux, n’ont fait que s’enrichir dans la présente crise inflationniste.
Dans le contexte actuel d’inflation, une augmentation de 11,7% est le strict minimum. L’inflation a atteint un niveau record de 8,1% en juin dernier. Et la situation est pire quand on regarde les produits de base, comme les aliments, qui ont connu une augmentation de prix de 16% en octobre, ou l’essence, qui a augmenté de 17,8%. En ajoutant à cela le fait que les salaires stagnent depuis des décennies, une augmentation de 11,7% serait la moindre des choses pour tous les travailleurs du Canada, qui doivent maintenant couper dans leurs dépenses en biens de nécessités.
Si le reste des travailleurs n’ont connu une augmentation que de 2,6% dans la dernière année, cela signifie qu’ils se sont appauvris. Cela ne signifie pas que les travailleurs du SCFP ne méritent pas 11,7%, cela signifie que tous les travailleurs en méritent autant et devraient se battre pour de telles hausses.
Mais alors que des journalistes vont critiquer les travailleurs qui osent réclamer plus que des peanuts, ils omettent un fait très intéressant : les capitalistes et les PDG ont grandement profité de la situation économique actuelle. En effet, les capitalistes ont vu leurs profits augmenter de 109% dans les deux dernières années et les PDG ont vu leurs salaires augmenter de 32% depuis 2021. Les PDG canadiens gagnent environ 200 fois plus que le salaire moyen de leurs travailleurs.
Les capitalistes et les PDG ne sont-ils pas déjà bien payés? Pourquoi se permettre des profits et des augmentations aussi grandes alors que les salaires des travailleurs ne suivent même pas l’inflation? Voilà le genre de questions que ne pose jamais la droite.
On nous dit qu’il est « déraisonnable » pour les travailleurs de demander des salaires décents. Mais les mêmes qui disent cela n’ont pas de problème avec les salaires énormes des PDG et les profits faramineux des entreprises. Mais si dans le système actuel, il est déraisonnable pour les travailleurs de demander mieux que la misère, nous sommes en droit de demander si ce n’est pas le système lui-même qui est déraisonnable. Lorsque les capitalistes affirment qu’ils ne peuvent accorder de bons salaires aux travailleurs, ils ne font qu’admettre l’échec de leur système. Il doit être renversé. C’est une question de survie pour un nombre grandissant de travailleurs. Trotsky l’avait très bien dit : « Si le capitalisme est incapable de satisfaire les revendications qui surgissent infailliblement des maux qu’il a lui-même engendrés, qu’il périsse! »