Les travailleurs des postes premiers à faire face à l’austérité de M. Harper
Mike Palecek est le secrétaire mandaté de la section de Vancouver du STTP et un supporteur de Fighback (La Riposte).
L’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire au Canada amorce un tournant pour le mouvement syndical canadien. Jusqu’à maintenant, le Canada avait évité généralement le type de programme d’austérité qui s’impose de par le monde. À présent, ceci changera très certainement maintenant que Stephen Harper a obtenu la majorité. La première attaque sera menée contre les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). La tradition militante du STTP fait de nous une cible de choix pour la première bataille de Stephen Harper.
La société exige des reculs majeurs. Au moment où leurs profits atteignent de nouveaux records, ils exigent un salaire à deux vitesses et un système d’indemnisation pour toutes les nouvelles embauches. Poste Canada désire que chaque nouvel employé embauché obtienne des prestations de qualité inférieure, un plan de retraite à cotisations déterminées au lieu d’un régime à prestations déterminées et finalement, une diminution de salaire marquée.
Il s’agit d’une tentative indéniable de division entre les travailleurs et d’une menace à la stabilité à long terme au sein des bureaux de poste. C’est un plan pour la destruction de notre convention collective. Le système à deux vitesses est l’une des stratégies les plus vieilles utilisées par les employeurs pour diviser et conquérir le marché du travail. Dans les épiceries partout au Canada, les plans de salaires à deux vitesses introduits au cours des années 1990 ont conduit à une érosion constante des salaires et des avantages pour tous les travailleurs. Aujourd’hui, les épiceries sont peuplées de gens qui y font des salaires de crève-faim. Les patrons de Poste Canada ont le même plan à l’esprit.
Mais les attaques contre les travailleurs des postes ne sont pas limitées aux nouvelles recrues. Leur proposition globale en offre pour tous les goûts! Un autre point déterminant est la suppression des prestations de congé de maladie qui ont été mises en place dans les années 1960. Les dirigeants de la société prévoient supprimer les 15 jours de maladie payés que nous recevons actuellement par an et les remplacer par un plan d’invalidité de courte durée. Ce plan d’invalidité de coute durée coupera de moitié le temps de maladie des travailleurs des postes et laissera à la discrétion de la Manulife le congé de maladie (un tiers parti qui a déjà été engagé pour harceler les travailleurs malades ou blessés de Poste Canada). C’est tout simplement inacceptable.
Poste Canada a le taux de blessures le plus élevé de toute la main-d’œuvre du pays. L’année dernière, il y a eu plus de 9000 membres de la STTP qui ont été blessés dans la pratique de leur travail en Colombie-Britannique seulement et ce ne sont que les cas que la WCB (équivalent de la CSST en Colombie-Britannique) a approuvés. Les gens sont souvent surpris d’apprendre que le métier de facteur est l’un des plus dangereux au Canada. Les facteurs grimpent les escaliers, traversent les rues et marchent plusieurs kilomètres par jour. Glissades, trébuchements et chutes sont à l’origine d’un bon nombre de nos blessures. Des blessures reliées au travail répétitif sont fréquentes pour les travailleurs d’usines. Avec plus de 20 000 facteurs et factrices dans la communauté tous les jours et des dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses effectuant un travail répétitif dans les bureaux et différents locaux, il n’est pas surprenant que le taux de blessures soit si élevé. Voici un syndicat qui a besoin de ses congés de maladie.
Mais les concessions ne sont pas la seule chose qui tient les deux parties séparées. Les membres de la STTP sont confrontés à de sérieux problèmes au sein de leur travail qui doivent être abordés. Les plans de « modernisation » que Poste Canada implante ont mis les travailleurs des poste face à une profusion de nouveaux problèmes. Nous avons des préoccupations majeures en ce qui concerne la santé et la sécurité entourant les nouvelles méthodes de travail qui nous sont proposées. Le projet « moderne » des postes a été décrit comme étant une « machine catastrophique d’esclavage » par ceux qui l’ont expérimenté. Ce serait bien si nous pouvions affirmer que c’était une exagération. Le taux de blessures a monté en flèche dans les zones où il a été mis en œuvre. De longues heures et des conditions de travail dangereuses sont la nouvelle norme. Le tout premier plan « moderne » des postes qui a été instauré à Winnipeg l’an dernier n’a même pas su passer au travers de la première journée sans blessure et c’est le PDG qui a pris le coup!
Les travailleurs et travailleuses des postes sont pleinement conscients que la lutte qui les attend a des implications très larges. Notre lutte donne le ton pour de nombreux combats qui ne manqueront pas de se soulever contre la toute nouvelle majorité du gouvernement Harper. Une défaite ouvrirait la voie à une série d’attaques contre le secteur public dans son ensemble. Une victoire enverrait au gouvernement de Stephen Harper un puissant message que le mouvement syndical ne sera pas bousculé et bafoué. C’est pour cette raison que le Congrès Canadien du Travail a dévoilé un plan d’action lors de son congrès à Vancouver pour le lancement d’une campagne d’escalade des manifestations de masse et des actions directes contre le gouvernement Harper. Le plan mentionne spécifiquement la bataille à venir du STTP et a promis un soutien aux travailleurs des postes. Dans les semaines à venir, nous pourrons observer jusqu’où ils sont prêts à aller. Mais les travailleurs et travailleuses des postes sont très certainement prêts à faire tout ce qu’il faut pour gagner.