À la mi-février de cette année, la scierie Saint-Michel a entamé illégitimement et sans préavis une coupe à blanc sur le territoire de la nation autochtone des Atikamekw, à Manawan, dans Lanaudière. Face à cette destruction de leur territoire ancestral la réponse des habitants de Manawan a été immédiate : un groupe composé de membres de la nation Atikamekw et d’allochtones s’est immédiatement déplacé pour protester sur le terrain de l’érablière de la famille Dubé, qui a été la cible des coupes illégales.
Quelques jours plus tard, le 22 février, la famille Dubé et des alliés Atikamekw, Innus et allochtones ont établi un barrage routier sur le chemin entre Saint-Michel-des-Saints et Manawan pour sensibiliser et mobiliser la population et bloquer l’accès à la machinerie et aux véhicules de transport du bois. À ce jour, le barrage est toujours actif.
Leurs demandes sont simples : cesser l’exploitation forestière sur leur territoire et le respect du moratoire de cinq ans sur les coupes forestières et l’extractivisme sur le Nitaskinan. Ce moratoire avait été demandé par le Conseil des Atikamekw de Manawan en mars l’année dernière, mais devant l’inaction du gouvernement québécois, il a unilatéralement été adopté en novembre 2021. Cela n’a pas empêché les compagnies forestières de continuer leurs activités.
La question a été de nouveau discutée le 17 février dernier lors d’une réunion entre le Conseil des Atikamekw de Manawan, le Conseil de la Nation atikamekw et le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Pierre Dufour. La rencontre avait pour objectif de créer « un comité de travail afin de trouver un terrain d’entente visant à respecter le mode de vie atikamekw nehirowisiw dans l’aménagement et la gestion territoriale » selon le Conseil de la Nation atikamekw. Le ministre Dufour a qualifié la discussion de « très cordiale et constructive ». Mais pendant ce temps, la scierie Saint-Michel restait libre de poursuivre ses activités d’extraction destructrices, et aucune action concrète n’a été prise.
On voit ici l’attitude nonchalante et tout le mépris du gouvernement québécois face aux revendications des communautés autochtones. Cela n’a rien de nouveau. On n’a qu’à penser aux pressions que l’État québécois a fait subir aux Inuits dans les années 70 pour qu’ils cèdent les droits sur leurs terres en vue de l’aménagement hydraulique de la Baie James, ou à la guerre du saumon en 1981 où le Québec a envoyé 500 policiers pour tabasser des pêcheurs Mi’kmaq.
La lutte des Atikamekw est aussi très semblable à celle des Wet’suwet’en en Colombie Britannique. Elle nous rappelle que sous le capitalisme, les compagnies sont libres de faire ce qu’elles veulent et cela, avec la bénédiction de l’État qui va aller jusqu’à déployer ses forces armées pour protéger les intérêts des capitalistes. Même quand le statut de territoire non cédé et des moratoires sont adoptés, l’État capitaliste ne respecte pas sa propre loi.
Les Atikamekw ont affirmé leur intention de former d’autres barrages routiers si les coupes persistent. Dans leurs mots, il s’agit d’une lutte pour la réappropriation de leurs ressources et l’auto-détermination dans leurs gestions.
Comme souvent avec les luttes des Autochtones, c’est une lutte contre l’État au service des capitalistes qui cherchent à piller leurs ressources sans se soucier des conséquences sur leur environnement et sur leur mode de vie. C’est une lutte pour leur survie en tant que peuple, pour la protection de l’environnement et contre la destruction des habitats naturels.
C’est une lutte qui rejoint celle des travailleurs au Québec et partout dans le monde. Ce sont les travailleurs et les pauvres du monde entier qui sont les premiers à subir les conséquences de la crise climatique causée par l’exploitation à outrance des ressources naturelles causée par l’impératif du profit du système capitaliste. Ce sont les travailleurs, autochtones et allochtones, qui subissent la violence, l’exploitation et la répression de l’État au service des industriels et des banquiers. Nous avons un ennemi commun : le capitalisme.
C’est pourquoi, en tant que travailleurs et en tant que militants pour le socialisme, nous appuyons fermement la lutte des Atikamekw pour la souveraineté de leur territoire et de leurs ressources. Les militants de Manawan ont un slogan : Ekon Aci! C’est assez! À cela, nous répondons : solidarité!