Près de 40 marxistes du centre du Canada et de l’est des États-Unis se sont récemment réunis pour l’École Marxiste de l’Est du Canada, tenue dans le centre-ville de Montréal lors d’un weekend du mois de février. La rencontre a été un succès fantastique, nous permettant d’approfondir notre compréhension d’un monde tumultueux tout en créant des liens avec les forces marxistes de l’est de l’Amérique du Nord qui sont souvent isolées par les grandes distances les séparant.
Pour la premièr fois, l’école a attiré des camarades des États-Unis, incluant des gens de Boston, de New-York, du New Jersey et de Philadephie. Leur présence a énergisée l’école, montrant que les idées marxistes ont une certaine portée même dans le premier pays capitaliste de la planète.
Le samedi matin a débuté avec la présentation des perspectives mondiales par Camilo Cahis. Camilo a débuté sa discussion en lisant certaines prédictions établies par les marxistes en 2006, prédisant que le monde entrait dans la période la plus turbulente de l’histoire humaine. Face aux évènements des dernières années et à la pire crise capitaliste des 80 dernières années, ce pronostic s’est assurément trouvé confirmé. Usant de la dérision, Camilo a fait remarqué comment les réformistes, les universitaires et les sectaires en tout genre ont continuellement affirmé que la classe ouvrière des pays industrialisés ne se soulèveraient jamais face à la classe dirigeante. Ces gens ne peuvent cependant pas expliquer leur propre pessimisme face aux manifestations massives qui ont secoué l’Europe pendant la dernière année. Même en Angleterre, pays sensé avoir l’une des classes ouvrières les plus conservatrices, nous avons assisté à un mouvement magnifique de la jeunesse britannique. D’un autre côté, les marxistes ont un beaucoup d’optimisme pour les capacités de la classe ouvrière à se libérer de la tyrannie du capital si elle se dote d’un leadership adéquat.
Après le dîner, Alex Grant a parlé des débuts de la révolution arabe. Il a commencé son allocution en demandant aux camarades de se lever et d’observer un moment de silence pour commémorer tous les martyrs révolutionnaires, dont Mohammed Bouazizi, le jeune étudiant tunisien dont l’immolation sur la place publique a déclenché le mouvement révolutionnaire du peuple arabe. Alex a expliqué pourquoi seuls les marxistes n’ont pas été surpris par les évènements qui bouleversent actuellement le monde arabe. Les marxistes comprenaient les contradictions cachées sous la surface de la société arabe et savaient qu’elles devraient éclater tôt ou tard. Même après la chute de Ben Ali et du régime tunisien, le cynisme de la classe dirigeante et des réformistes était visible lorsqu’ils prédisaient que ces évènements ne pourraient pas se répéter en Égypte!
Le premier jour s’est terminé par un discours de Tom Trottier de la Worker’s International League (WIL), des États-Unis. Tom a parlé des origines des partis ouvriers et du rôle qu’ils jouent dans le mouvement ouvrier. Cette discussion a une importance particulière pour les camarades des États-Unis et du Québec, deux régions où les travailleurs n’ont pas de parti pour représenter leurs intérêts. Tom a fait ressortir les circonstances historiques qui ont empêché la classe ouvrière américaine de disposer de son propre parti ainsi que les récents développements aux États-Unis qui ont mené certains éléments syndicalistes à se séparer des représentants du patronat, les démocrates, avec lesquels ils ont longtemps été affiliés. Dans quelques régions des États-Unis, des groupes syndicalistes ont commencé à contester les élections eux-mêmes avec des résultats prometteurs. La WIL a aidé a initier une campagne pour un parti ouvrier de masse (Campaign for a Mass Party of Labor, CMPL) qui a ouvert la porte pour les marxistes américains qui cherchent à se rapprocher des meilleurs éléments du mouvement ouvrier. Il y a eu une discussion animée après la présentation de Tom où plusieurs camarades ont partagé leurs expériences au NPD et à Québec Solidaire.
Dimanche matin, Joel Bergman a commencé la journée avec une discussion sur la question nationale. Étant donné la présence des marxistes québécois, la question nationale était une question capitale. Joel a expliqué que les marxistes ne devraient pas simplement voir la question nationale comme un obstacle à l’unité de la classe ouvrière; elle peut également aider à développer la conscience révolutionnaire des masses. Les marxistes devraient être constamment vigilants et pratiquer une analyse de classe des mouvements nationaux. Les marxistes sont pour le droit à l’auto-détermination des peuples, mais nous voyons la question d’une perspective de lutte des classes. Nous sommes en faveur d’une union volontaire contre un oppresseur commun. Joel a expliqué que nous sommes en faveur d’un Canada socialiste, des États-Unis socialistes, et d’un Québec socialiste. Cette position est en opposition à celle de presque toutes les sectes de gauche qui ont capitulé au nationalisme bourgeois. Joel a terminé en disant qu’en tant que marxistes, nous devons être très attentifs à la question nationale et chercher à comprendre les problèmes qui poussent les gens à demander l’auto-détermination.
La dernière session de l’école a été une discussion plus informelle entre les camarades à propos de leurs expériences dans le développement des forces marxistes en Amérique du Nord. Il y a de réels défis pour les camarades, dont les grandes distances qui nous séparent. Malgré tout, comme le prouve le nombre de camarades qui ont bravé les températures hivernales et la tempête de neige pour venir à Montréal, le marxisme a fait des gains substantiels au cours des dernières années. L’un des camarades a fait un commentaire remarquant que les gens réunis à l’école étaient jeunes et énergiques, contrairement à ce qu’on trouve dans presque tous les autres groupes de gauche, notamment les partis politiques comme le NPD et QS. Les idées marxistes commencent à avoir plus d’impact chez les jeunes et il est de notre devoir de les trouver.
À la fin de la rencontre, nous avons chanté l’Internationale. L’école a permis de créer des liens entre les marxistes d’Amérique du Nord et a donné à tout le monde un plus grand sentiment de camaraderie, ce qui est particulièrement important étant donné l’isolement géographique qui nous sépare au quotidien. Les camarades avaient tous hâte de rentrer dans leurs villes respectives pour continuer à se battre pour la construction des forces révolutionnaires en Amérique du Nord.