Le Comité Central (CC) de Syriza s’est réuni les 28 février et 1er mars derniers, au lendemain de l’accord avec l’Eurogroupe. La principale opposition interne, la « Plateforme de gauche » du ministre Lafazanis, a présenté un amendement critiquant l’accord. Il a recueilli 68 voix, soit 41 % des membres du CC. Le nouveau secrétaire du parti, Tassos Koronakis, a été élu avec à peine 102 voix sur 199. Le CC de Syriza a envoyé un signal clair au gouvernement.

Nos camarades de la « Tendance Communiste de Syriza » sont moins importants, numériquement, que la « Plateforme de gauche ». Mais ils constituent une opposition de gauche ferme, marxiste – et qui grandit. Ils ont deux élus au Comité Central de Syriza, dont Stamatis Karagiannopoulos, qui est intervenu dans le débat. Il a apporté un soutien critique à l’amendement de la « Plateforme de gauche ». Puis il a présenté une motion de la Tendance Communiste (qui a recueilli deux voix). Nous publions ci-dessous des extraits de son discours.

 


 

Chers camarades,

La position de la Tendance Communiste sur l’accord et les récents développements est bien connue. Nous avions prévu de longue date ce qui allait se produire si la direction du parti persistait dans ses erreurs. Les événements ont entièrement confirmé nos analyses.

Camarades dirigeants, ces dernières années, nous avons souligné que la perspective d’une « négociation » fructueuse avec la troïka, pour en finir avec le Mémorandum et l’austérité, était sans fondement. Votre fixation dogmatique sur les négociations vous a inévitablement mené, aujourd’hui, à considérer la mise en œuvre du programme de Syriza comme une « action unilatérale » – autrement dit, impossible dans le cadre de l’accord avec l’Eurogroupe.

Ces dernières années, on vous a demandé de ne pas reconnaitre la dette et l’obligation de la rembourser. A présent, voilà que vous qualifiez publiquement la dette de « viable » et subordonnez votre politique à la nécessité de dégager des « excédents primaires ». Or, sur la base d’une économie capitaliste en crise, pourrissante, le respect des objectifs en termes d’excédents primaires vous poussera inévitablement à mettre en œuvre de nouvelles mesures d’austérité – et à complètement abandonner nos engagements électoraux.

Camarades dirigeants, on vous a prévenu qu’il ne fallait pas prendre de position sur le faux dilemme : « euro ou drachme ». La véritable alternative, pour les travailleurs, c’est : « capitalisme ou socialisme ». En insistant dogmatiquement sur la nécessité que la Grèce reste à tout prix dans la zone euro, vous vous êtes soumis au chantage des maîtres de la Zone euro.

On vous a conseillé de compléter le « programme de Thessalonique » par une série de mesures radicales et socialistes telles que la répudiation de la dette, la nationalisation des propriétés de l’Eglise et la nationalisation des plus grandes entreprises, à commencer par les plus profitables – de façon à financer notre programme. Vous avez préféré considérer comme plus « réaliste » la perspective d’un financement du programme de Thessalonique par la troïka elle-même.

La peur de prendre des mesures radicales vous a désarmé et vous a poussé à accepter les diktats budgétaires de la troïka. La mise en œuvre des modestes mesures de notre programme électoral est renvoyée à une échéance indéterminée.

Camarades dirigeants, malgré ce sérieux recul, vous pouvez toujours changer de direction et mettre en œuvre les mesures radicales et socialistes qui s’imposent. Aussi, la Tendance Communiste de Syriza soumet au Comité Central la motion suivante :

« Le CC de Syriza réaffirme son soutien aux engagements électoraux du parti et à ses principes programmatiques et politiques fondateurs. Il appelle le gouvernement à annuler immédiatement l’accord avec la troïka. Il appelle les députés de Syriza à voter contre l’accord – s’il est soumis au parlement.

Le peuple grec a voté pour le programme de Syriza et le soutient massivement. En conséquence, ce programme doit être mis en œuvre sans rechercher l’approbation de nos créanciers. »

La Tendance Communiste de Syriza soumettra cette motion à toutes les sections du parti où elle est présente.