Le jeudi 4 juin dernier, à la salle DSR-510, de l’Université du Québec à Montréal, s’est tenue la conférence De Caracas à Montréal, un autre monde est possible, organisée par la Société Bolivarienne du Québec/Hands off Venezuela.

Un peu plus d’une centaine de personnes s’y sont rendues pour écouter et débattre avec les conférenciers Jorge Martin, secrétaire international de la campagne Hands Off Venezuela et membre de la Tendance Marxiste Internationale, et Guillaume Hébert, coordinateur de la commission altermondialiste de Québec Solidaire, ce jeune parti qui rassemble les forces de gauche de la nation québécoise. Le fil conducteur de toutes les interventions: les forces de gauche au Québec peuvent-elles s’inspirer de la Révolution bolivarienne commandée par le président Hugo Chávez? Jorge Martin a commencé son intervention par un bref rappel historique. Il y a 20 ans, la chute du mur de Berlin, que certains ont trop hâtivement appelée « la chute du socialisme « , emplissait de joie les idéologues de droite et les classes bourgeoises du monde entier. À la même année, un événement majeur avait eu lieu, bien que presque personne n’y fit grand attention au milieu du vacarme de la grande fête de la supposée victoire finale du capitalisme. Ce fut le soulèvement populaire vénézuélien contre les mesures d’ajustement structurel imposées par le Fonds monétaire international connu sous le nom de « Caracazo ». Cette révolte populaire a remis en cause le fondement même du système capitaliste : la propriété privée. La réaction de la bourgeoisie vénézuélienne, avec le soutien acharné de presque tous les grands médias du monde, fut des plus cruelle. Plusieurs milliers de personnes ont perdu la vie dans la brutale répression qui a suivi la rébellion du peuple.

Néanmoins, pour certains analystes de la scène latino-américaine, c’est à partir de 1989 qu’il faut compter la Révolution bolivarienne. Jorge Martin a insisté sur la caractéristique majeure de tous ces événements, à savoir, la participation directe d’un peuple décidé à prendre en mains son propre destin.

L’arrivée de Hugo Chávez à la présidence de la République en 1998 s’inscrit ainsi dans la chronologie révolutionnaire comme une suite logique du « Caracazo », aussi connue sous l’appellation plus juste de « Sacudón » (le grand secouement), car la population avait pris la rue non seulement à Caracas, la capitale, mais dans l’ensemble du pays.

Cette Révolution en cours aura été maintes fois menacées, notamment lors du coup d’État d’avril 2002 et du sabotage pétrolier de 2002/2003, a rappelé encore Jorge Martin, mais à chaque fois elle a été sauvée par l’intervention directe des travailleuses et des travailleurs révolutionnaires.

L’occupation d’usines et la remise en marche des unités de production sous contrôle ouvrier vont clairement dans le sens du dépassement du capitalisme par la voie du socialisme, a dit Martin, pour qui cela constitue un renouement avec d’anciennes traditions ouvrières d’un peu partout au monde.

Société Bolivarienne du Québec/Hands off VenezuelaLe témoignage de monsieur Paul-André Boucher, dirigeant de l’occupation d’usine à Saint-Jérôme, Québec, en 1972, est venu corroborer cette affirmation. Le public présent a rendu un émouvant hommage à l’ancien dirigeant ouvrier québécois en lui adressant de chaleureux applaudissements.

Pour Guillaume Hébert, l’influence des luttes d’émancipation latino-américaines se fait sentir au Québec au moins depuis la Révolution des Patriotes, largement inspirés des gestes libérateurs de Simon Bolivar et ses suiveurs.

Le dirigeant de Québec solidaire a affirmé en outre que le Québec mérite à bien des égards de se faire appeler l’Amérique latine du Nord, ayant en commun avec le continent sud-américain des influences culturelles, mais aussi le fait de subir une oppression coloniale caractérisée par le pillage systématique de ses ressources naturelles.

Plus près de nous dans le temps, selon Guillaume Hébert, le combat du FLQ a lui aussi été influencé par les révolutionnaires sud-américains, notamment par le mouvement uruguayen Tupamaros, sans oublier, bien sûr, la marque incontournable dès la Révolution cubaine dans les coeurs et les esprits de toutes les générations de militants depuis 1959.

Le public présent n’est pas resté indifférent aux discours des conférenciers. Nombre de personnes ont pris la parole pour enrichir les réflexions avec des commentaires et des questions dont les réponses ne sauraient être trouvées dans le cadre d’un colloque, mais seulement au coeur même des actuels combats émancipateurs du Québec et de l’ensemble du Canada.

Nous tenons également à remercier les organisations suivantes pour leur soutien : l’Alliance de la Fonction Publique du Canada-Québec (AFPC-Québec), la GRIPQ-McGill, et L’AÉÉDEM (Association des Étudiants et étudiantes Diplômé(e)s Employé(e)s de McGill).