Du 7 au 12 août, en Italie, le Congrès mondial de la Tendance marxiste internationale (TMI), dont La Riposte socialiste est la section au Canada et au Québec, a réuni près de 400 délégués et invités. Plus de 40 pays étaient représentés. L’événement était suivi en ligne par des milliers de camarades à travers le monde.
L’ambiance était saturée d’enthousiasme. Face à la profonde crise du capitalisme, un nombre croissant de jeunes et de travailleurs, dans tous les pays, se tournent vers les idées du communisme. La TMI est unie dans sa détermination à les gagner et les organiser dans la puissante Internationale révolutionnaire dont la classe ouvrière a besoin pour prendre le pouvoir et en finir avec la barbarie capitaliste.
Le congrès s’est ouvert sur une minute de silence en hommage au petit-fils de Léon Trotsky, Esteban Volkov, qui est décédé en juin dernier. Toute sa vie, Esteban a défendu la mémoire et les idées de son grand-père. Il était un ami et un camarade de longue date.
Perspectives mondiales
La première session du congrès portait sur les perspectives économiques, politiques et sociales à l’échelle mondiale. Elle fut introduite par un exposé d’Alan Woods, rédacteur-en-chef de marxist.com.
Il faudrait vivre sur une autre planète pour ne pas percevoir la gravité de la crise du capitalisme. À l’échelle internationale, la dette mondiale (publique et privée) s’élève désormais aux alentours de 300 000 milliards de dollars, soit 350% du PIB mondial. C’est sans précédent – et insoutenable.
Après une longue phase de « mondialisation », celle-ci se transforme en son contraire : l’économie mondiale se fracture en différents blocs. Le protectionnisme et les rivalités impérialistes s’intensifient, ouvrant la voie à des guerres commerciales et à de nouveaux conflits armés.
Un an et demi après le début de la guerre en Ukraine, la contre-offensive ukrainienne est au point mort. Le régime de Kiev est désespéré. Son armée consomme rapidement les armes, véhicules et munitions que lui fournissent les impérialistes occidentaux.
Cette guerre est impérialiste des deux côtés. Dès lors, le mot d’ordre des véritables communistes, dans tous les pays, doit être celui de Karl Liebknecht : « L’ennemi principal est dans notre propre pays! » Autrement dit, la tâche des communistes est d’abord de lutter contre leur propre classe dirigeante.
Dès le début de cette guerre, la TMI a défendu une position de principe internationaliste. Dans les jours qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine, nous avons publié une déclaration dont nous n’avons pas besoin de modifier une seule phrase, 18 mois plus tard. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Cette déclaration a d’ailleurs été soumise, telle quelle, au vote du congrès, et adoptée à l’unanimité.
La guerre en Ukraine accélère la fracturation du monde en blocs rivaux. Et du fait de son déclin relatif, le pouvoir de l’impérialisme américain est contesté dans des régions du monde qu’il dominait depuis des décennies, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. En outre, cette guerre aggrave la situation économique mondiale, qui glisse vers une nouvelle récession. Après la crise de 2008, la forte croissance chinoise avait soutenu l’économie mondiale. Désormais, l’économie chinoise ralentit, sur fond d’endettement massif. Ceci aura de très graves conséquences pour l’économie mondiale.
Comme l’a expliqué Alan, aucun gouvernement au monde ne peut se prévaloir de son ancienne stabilité. Même dans les pays traditionnellement stables, tels que les États-Unis et la Grande-Bretagne, on assiste à une vague de grèves, à des émeutes et à une agitation sociale croissante. En Allemagne, où 30 milliards d’euros de coupes budgétaires viennent d’être votés, tous les partis qui ont été au pouvoir, ces trois dernières décennies, sont sur le déclin.
Le développement de la lutte des classes n’est plus une perspective : c’est un fait dans un nombre croissant de pays. La conscience des masses change rapidement – et dans les conditions actuelles, peut être radicalement transformée en 24 heures.
Construire une organisation bolchevique
Nos idées, nos perspectives et nos analyses sont nos armes principale – et la seule justification de notre existence comme Internationale marxiste. Mais sans organisation, les idées sont comme un couteau sans lame. Les méthodes requises pour construire une telle organisation ont formé le thème de la deuxième discussion du congrès, introduite par Jorge Martin et intitulée « Construire une organisation bolchevique ».
Jorge a expliqué qu’en un sens la TMI est une vieille organisation : elle s’appuie sur des traditions et une expérience qui remontent à Marx, Engels et la Première Internationale. Mais en un autre sens, la TMI est une organisation très jeune. Depuis 2020, ses effectifs ont doublé. Un certain nombre de ses sections nationales n’existaient pas en 2018. Enfin, l’essentiel de la croissance de la TMI est venu de la jeunesse.
Cette session du congrès visait précisément à former cette jeunesse militante aux méthodes du « centralisme démocratique », sans lesquelles il ne saurait y avoir d’organisation bolchevique et disciplinée. Nos adversaires attaquent le centralisme démocratique en l’assimilant, à tort, au stalinisme (qui est un centralisme bureaucratique). Par ailleurs, nos méthodes démocratiques et organisationnelles contredisent frontalement les idées – petite-bourgeoises et réactionnaires – des « politiques identitaires », dont la bourgeoisie a fait l’une de ses armes principales pour attaquer la gauche et diviser le mouvement ouvrier. Jorge en a donné de nombreux exemples, dont la campagne réactionnaire contre Jeremy Corbyn, accusé d’antisémitisme, ou encore les déclarations « pro-LGBT » de la putschiste Dina Boluarte, au Pérou.
Enfin, Jorge a expliqué qu’une organisation communiste n’est ni un club de discussion, ni un club de rencontre, ni un groupe de soutien, ni un « safe space » (« espace sécuritaire »). Nous construisons une organisation de combat qui subordonne toutes ses structures internes à l’objectif de renverser le système capitaliste à l’échelle mondiale – et à rien d’autre.
« Tu es communiste? Si oui, rejoins-nous! »
La dernière session du congrès portait sur la construction de la TMI à l’échelle mondiale. La discussion s’est focalisée sur la nouvelle et audacieuse campagne de notre Internationale, menée sous le mot d’ordre : « Tu es communiste? Si oui, rejoins-nous! ». Cette campagne s’adresse directement au nombre croissant de jeunes et de travailleurs qui, face à la crise organique du capitalisme, se tournent vers les idées du communisme.
Depuis quelques années, cette tendance est soulignée par toute une série de sondages. Par exemple, selon l’Institut Fraser, 20 à 30% des jeunes britanniques, américains et canadiens ont une appréciation positive du communisme. C’est considérable.
Lancée par notre section britannique, cette campagne lui a permis de passer, en quelques semaines, de 800 militants à plus de 900. Nul doute qu’elle franchira le cap des 1000 adhérents d’ici la fin de l’année. Toutes les sections nationales de la TMI qui ont commencé cette campagne, avant l’été, recueillent déjà d’excellents résultats. Ici, des centaines de personnes nous ont déjà écrit dans les dernières semaines pour militer avec nous ou en apprendre plus sur le communisme. Si vous aussi voulez participer à bâtir une organisation communiste pour renverser le système capitalisme pourri, rejoignez-nous!
Détermination révolutionnaire
Les finances d’une organisation révolutionnaire sont toujours un bon reflet de sa santé politique. À cet égard, la collecte mondiale de la TMI – qui se tient chaque année – a démontré, une fois de plus, l’enthousiasme et la détermination de nos camarades. Alors que l’objectif était de 450 000 euros, la collecte a recueilli 630 000 euros!
Les progrès de la Tendance marxiste internationale sont indiscutables. Ils sont remarqués par nos amis comme par nos ennemis. Cependant, ces derniers ont le plus grand mal à comprendre d’où viennent nos succès et notre croissance. C’est pourtant simple. Lénine disait : « Le marxisme est tout-puissant parce qu’il est juste. » S’appuyant fermement sur ces idées, la TMI s’oriente vers les couches les plus radicalisées de la jeunesse et de la classe ouvrière. Et sur cette voie, rien ne nous arrêtera!