Lorsque la COVID-19 a frappé le Québec au début du mois de mars, le premier ministre François Legault a réagi rapidement pour rassurer la population. Cependant, si Legault projetait une apparence de préparation, se présentant comme « le bon père de famille », les choses sur le terrain étaient tout à fait différentes. Le Québec est maintenant un point chaud pour la COVID-19 et il y a une crise complète dans les CHSLD où les morts s’accumulent.
Mais ce qui a cruellement manqué durant cette période, c’est une voix politique pour les travailleurs, qui aurait pu dénoncer le gouvernement et proposer des solutions aux problèmes auxquels faisaient face les travailleurs sur le terrain.
Le piège de l’unité nationale
Dès le début de la crise, le gouvernement a répété à maintes reprises le mantra selon lequel « on est tous dans le même bateau ». Les députés de Québec solidaire, qui avaient critiqué auparavant le budget de la CAQ, se sont assagis et se sont ralliés au gouvernement. Du jour au lendemain, il se sont mis à agir essentiellement comme des ministres, transmettant simplement les directives du gouvernement en matière de santé publique. Manon Massé a déclaré que « ce n’est pas le moment de scorer des points politiques » et a cessé de critiquer le gouvernement, s’engageant à collaborer pleinement. Gabriel Nadeau-Dubois, quant à lui, a collaboré avec les leaders parlementaires des trois autres grands partis pour élaborer le plan de match du gouvernement face à la COVID-19.
Nous devons être francs lorsque nous analysons ce qui s’est passé. Les appels à l’unité nationale sont un piège. Non, nous ne sommes pas « dans la même équipe » que Legault et ses semblables et nous ne devrions jamais l’être. La CAQ est un gouvernement de patrons et sur les questions fondamentales, celui-ci n’est pas différent de la longue lignée de gouvernements qui ont saccagé notre système de santé.
En fait, Legault lui-même a été ministre dans le gouvernement péquiste de Bouchard de 1998 à 2003, qui a appliqué des coupes massives dans les soins de santé et est parti en guerre contre les infirmières en 1999. Depuis des décennies, les gouvernements libéraux comme péquistes ont coupé massivement dans le système de santé. En raison des actions de ces gouvernements, le Québec compte désormais moins de lits d’hôpitaux par 1000 personnes que l’Italie ou l’Espagne.
Il n’était pas nécessaire d’être un prophète pour voir venir cette crise. N’importe quel travailleur de la santé de première ligne, en particulier ceux travaillant dans les CHSLD, aurait pu vous dire qu’une catastrophe approchait. Mais ces travailleurs n’avaient pas voix au chapitre.
Nous sommes entrés dans la pandémie avec un système de santé qui n’était pas du tout préparé et avec un gouvernement de droite à la barre. C’est seulement récemment que QS a affirmé qu’il faut « arrêter de faire les surpris » devant la crise des CHSLD et a proposé que les travailleurs bénéficient d’un « droit de retrait sanitaire ». Mais pourquoi avoir attendu que la crise s’aggrave à ce point? « L’unité nationale » promue par QS pendant des semaines ne pouvait que signifier donner une couverture de gauche à ce gouvernement de patrons.
Ce qu’il fallait faire
Le premier ministre supposément intouchable des premières semaines de la pandémie était en réalité un colosse aux pieds d’argile. Il fallait le démasquer comme un charlatan qui, en réalité, en faisait très peu pour améliorer la situation.
Au lieu de s’unir derrière le gouvernement du patronat, QS aurait dû donner dès le début une direction audacieuse et aurait dû se battre pour des mesures donnant la priorité aux besoins et à la sécurité des travailleurs. Il fallait exiger l’injection immédiate de centaines de millions (voire de milliards) de dollars dans le secteur de la santé dès le premier jour pour engager et former des milliers de nouvelles infirmières et de nouveaux préposés aux bénéficiaires, et leur verser une double paye comme prime de risque.
Les CHSLD privés auraient dû être expropriés pour que cesse le profit sur le dos des aînés et que ces résidences reçoivent tout le financement et le personnel nécessaires. Des mesures d’urgence auraient dû être prises pour créer des milliers de nouveaux lits et fabriquer massivement des ventilateurs, des masques et de l’équipement de protection. Les hôtels vides auraient pu être expropriés et réorganisés en maisons de soins supplémentaires.
La crise actuelle montre pourquoi il faut une approche ouvrière pour lutter contre la COVID-19. Plus que jamais, les travailleurs ont besoin de leur propre parti pour dénoncer et lutter contre les gouvernements de patrons. C’est ce pour quoi La Riposte socialiste se bat, au sein de QS, dans le mouvement syndical et dans la société dans son ensemble.