Dans les conditions d’une intensification de la lutte des classes, les capitalistes commenceront à se tourner vers des solutions plus ouvertement répressives. Ils se plaindront du trop grand nombre de grèves et de manifestations – et demanderont la restauration de «l’ordre». A l’avenir, du fait de la faiblesse des dirigeants réformistes, il est possible que la classe dirigeante parvienne à instaurer une forme de dictature bonapartiste (militaro-policière) dans un pays européen. Mais dans les conditions modernes, un tel régime serait très instable et ne durerait pas longtemps.
Dans les années 30, en Allemagne et en Espagne, il y avait une large petite bourgeoisie urbaine et paysanne. Elle formait la base sociale de la réaction. Depuis, cette couche sociale a pratiquement disparu. A l’époque, la plupart des étudiants étaient issus de familles riches et soutenaient le fascisme. Aujourd’hui, la plupart des étudiants sont de gauche. Les réserves sociales de la réaction sont assez limitées. Les organisations fascistes sont petites – même si elles peuvent être extrêmement violentes, ce qui est d’ailleurs un signe de faiblesse, et non de force. En outre, après l’expérience d’Hitler, les capitalistes ne sont pas disposés à confier le pouvoir à des fanatiques. Ils préfèreront s’appuyer sur des «respectables» officiers et généraux de l’armée, et n’utiliser les bandes fascistes que comme auxiliaires.
D’ores et déjà, les droits démocratiques ont été attaqués partout. Sous prétexte de législation anti-terroriste, la classe dirigeante introduit de nouvelles lois pour restreindre les droits démocratiques. Ce fut le cas aux Etats-Unis, au lendemain du 11 septembre, mais aussi en Grande-Bretagne et ailleurs.
Nous lutterons pour défendre tous les droits démocratiques qui ont été conquis par la classe ouvrière. Avant tout, nous défendrons le droit de faire grève et de manifester, et nous lutterons contre toute restriction de l’activité syndicale. Tout le monde doit avoir le droit d’adhérer à un syndicat et de s’unir à d’autres travailleurs pour défendre ses droits. Souvent, les partisans du capitalisme opposent le socialisme à la démocratie. Mais ils sont eux-mêmes de féroces ennemis de la démocratie. Ils font toujours mine d’oublier que les droits démocratiques actuels ont été conquis par la classe ouvrière dans une lutte longue et acharnée contre les riches et les puissants, qui se sont toujours opposés à toute revendication démocratique.
La classe ouvrière défend la démocratie dans la mesure où elle lui offre les meilleures conditions pour le développement de la lutte pour le socialisme. Mais nous comprenons que sous le capitalisme, la démocratie a nécessairement un caractère limité et superficiel. Que vaut la liberté de la presse, lorsque les grands journaux, les chaînes de télévision, les grandes radios, les salles de conférence et les théâtres sont tous concentrés entre les mains des riches ? Tant que la terre, les banques et les grandes entreprises resteront sous le contrôle d’une petite minorité, toutes les décisions importantes qui affectent nos vies seront prises, non dans les Parlements ou les gouvernements élus, mais derrière les portes closes des conseils d’administration des banques et des multinationales. La crise actuelle a révélé ce fait aux yeux de tous.
Le socialisme est démocratique ou il n’est rien. Nous sommes pour une authentique démocratie, dans laquelle la classe ouvrière contrôlerait l’industrie, la société et l’Etat. Ce serait là une authentique démocratie, contrairement à la caricature actuelle, où tout le monde peut dire (plus ou moins) ce qu’il veut, du moment que les décisions importantes affectant nos vies sont prises par des petits groupes de gens non-élus qui siègent à la tête des banques et des grandes multinationales.
Nos revendications:
1) L’abolition immédiate de toute loi anti-syndicale.
2) Le droit, pour tous les travailleurs, de se syndiquer, de faire grève et de manifester.
3) La liberté d’expression et de réunion.
4) Aucune restriction aux droits démocratiques sous prétexte de lois anti-terroristes !
5) Les organisations ouvrières doivent rejeter l’idée fausse d’«unité nationale» avec des gouvernements et des partis capitalistes, sous prétexte de crise. Ces derniers sont responsables de la crise, et veulent faire payer la classe ouvrière.