Le lundi 7 septembre, à Montréal, entre 300 et 400 personnes se sont rassemblées sous une pluie intermittente pour la première édition de la manifestation syndicale pour la fête du Travail, à l’initiative du STTIC-CSN et de La Riposte syndicale. Bien que ce nombre de participants peut sembler modeste, la manifestation est toutefois très significative. Pour la première fois depuis très longtemps, plus de 20 syndicats et organisations, dont les conseils syndicaux montréalais les plus importants (ceux de la FTQ et de la CSN), endossaient un événement tenu sous des slogans ouvertement anticapitalistes et radicaux :

Contre le capitalisme!
Pour un syndicalisme de combat!
Pour une lutte de classe contre le racisme!

Une tradition annuelle prometteuse vient d’être établie.

La manifestation a commencé devant le socle vide de la statue de John A. MacDonald, tombée la semaine dernière, avec une série de discours inspirants. La symbolique derrière ce point de départ était d’autant plus forte que la première à prendre la parole a été Darcy, camarade de Fightback et membre de la Nation crie, qui a donné un poignant discours sur la lutte autochtone au Canada. Darcy a souligné que les déclarations habituelles de reconnaissance du territoire (« land acknowledgement ») qu’on voit dans les manifestations sont souvent vides et utilisées par des libéraux pour se donner bonne conscience pendant qu’ils ne font rien. Elle a souligné que oui, nous sommes sur des terres volées, mais que c’est le capitalisme qui est coupable. Affirmant que les peuples autochtones ne peuvent pas mener la lutte seuls, elle a souligné la présence des syndicats et les a appelés à rejoindre activement la lutte autochtone. « La classe capitaliste tremble à l’idée d’un mouvement ouvrier qui se rallierait à la lutte autochtone… Faisons de cette peur une réalité! », a-t-elle lancé.

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Dominique Daigneault, présidente du conseil central du Montréal métropolitain CSN et Marc-Edouard Joubert, président du conseil régional FTQ Montréal métropolitain ont ensuite pris la parole. Ils ont parlé d’un côté des répercussions de la pandémie sur la classe ouvrière, et de l’autre de la nécessité de la solidarité au sein du mouvement syndical et de combattre le racisme au sein de nos rangs. En parlant des trois slogans de la manifestation, Dominique a ajouté qu’il est nécessaire de combattre le patriarcat également, ce qui souligne que le mouvement syndical doit lutter contre toutes les formes d’oppression.

Puis, le dernier à prendre la parole avant la marche était Julien Arseneau, militant avec La Riposte syndicale. Julien a souligné qu’il est temps que le mouvement syndical appelle les choses par leur nom, et lutte contre le système capitaliste lui-même. Il a ajouté qu’on doit se préparer à la lutte contre la CAQ et ses amis les patrons. Il a également expliqué que malheureusement, le syndicalisme d’affaires a pris la place du syndicalisme de combat. Le mouvement syndical accepte depuis trop longtemps de reculer devant les lois de retour au travail, qui sont constamment utilisées pour briser les grèves. Le mouvement syndical n’existerait pas aujourd’hui si nous avions reculé à chaque fois que les gouvernements des patrons utilisaient la loi pour interdire aux travailleurs de s’organiser et faire grève. Dans cette optique, le militant a insisté pour dire que cette manifestation représentait un engagement à faire revivre nos traditions combatives, tout en ajoutant que nous devons lutter pour une société socialiste où ce sont les travailleurs qui prennent les décisions, et non les patrons.

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La marche s’est ensuite dirigée vers l’est sur René-Lévesque, pour se terminer au Parterre du quartier des spectacles. Le cortège a marché pendant environ une heure sous des slogans combatifs. « Travailleurs, unis, jamais ne seront vaincus », « Immigrantes, travailleuses, même combat », « Contre la CAQ et le patronat, syndicalisme de combat » et « Qui sème la misère récolte la colère », ne sont que quelques-uns des chants qui ont animé la foule.

La manifestation s’est déroulée dans le calme sous une présence policière complètement démesurée, et un manifestant a même été arrêté peu après la fin des discours de clôture par quelques dizaines de policiers. À l’heure où un mouvement de masse contre la brutalité policière fait rage depuis des mois et met de l’avant le slogan « Définançons la police » ou encore « Abolissons la police », cette présence policière inutile visant simplement à nous intimider ne fait que démontrer qu’il est temps d’en finir une fois pour toutes avec cette institution d’oppression des travailleurs et des jeunes. 

Arrivés au parterre, d’autres discours sont venus clore l’événement. Wilner Cayo de Debout pour la dignité, Coline Gaucher des IWW Montréal, Nancy Beauchamp du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et Frantz André de Solidarité Québec-Haïti ont adressé quelques mots aux manifestants. Puis, le mot de la fin est venu de Geneviève Raymond du STTIC-CSN, qui a remercié les organisations participantes, soulignant son espoir que d’autres mouvements du genre naissent. Elle a terminé en donnant rendez-vous aux manifestants pour la fête du Travail de 2021.

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Effectivement, c’est un rendez-vous pour l’an prochain!

Nous entrons dans la pire crise économique de l’histoire du capitalisme. Dans la période à venir, le système capitaliste deviendra de plus en plus discrédité aux yeux des travailleurs et des jeunes. Une manifestation syndicale qui parle ouvertement de la nécessité de combattre le capitalisme pourrait très bien devenir un point de référence. C’est ce que nous espérons que la fête du Travail va devenir dans les prochaines années.

Au Québec, nous entrons dans cette crise sans précédent alors que le gouvernement le plus à droite de l’histoire récente de la province est aux commandes. Il est certain que François Legault et la CAQ tenteront de faire payer les travailleurs pour la crise des finances publiques. 

De nombreux syndicats ont endossé la manifestation de la fête du Travail de cette année. Cela représente un engagement à faire revivre nos traditions de lutte, et à ne pas laisser la CAQ et les patrons gruger nos acquis et détruire nos syndicats. Très bientôt, nous allons devoir transposer les slogans et l’esprit de la manifestation en action. La question sera posée concrètement : est-ce que le mouvement syndical est prêt à la lutte? Est-ce que la direction syndicale va préparer le mouvement à défier les lois antisyndicales qui viendront?

La Riposte syndicale compte travailler sans relâche pour que le mouvement ouvrier soit prêt pour ce qui s’en vient. Nous ferons la promotion d’un syndicalisme de combat, d’une lutte de classe contre toutes les formes d’oppression, et d’une perspective socialiste dans le mouvement ouvrier. Nous vous invitons à nous rejoindre pour y arriver!

Organisations ayant endossé la manifestation : 

STTIC – CSN
La Riposte syndicale
Iww Montréal
CUPW STTP
MAC Montreal
Hoodstock
TRAC
Sétue Uqam
Travailleuses et travailleurs progressistes de l’éducation
Conseil central Montréal métropolitain CSN
Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
IWC-CTI
Au bas de l’échelle
Le Comité Chômage de l’Est de Montréal
IATSE local 262
SCFP, section locale 2850 – Syndicat du personnel administratif, technique et professionnel du transport en commun
Syndicat des Employé-es d’Aux Vivres Cuisine – CSN
AGSEM – Association of Graduate Students Employed at McGill
Coalition Solidarité Santé
Syndicat des étudiant·e·s salarié·e·s de l’Université de Montréal (SÉSUM)
Solidarité Québec-Haïti