Des milliers d’étudiants postsecondaires ontariens ont débrayé le 20 mars dernier pour protester contre les coupes du premier ministre Doug Ford dans l’aide financière aux études. Le débrayage, initié par la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ), a mobilisé 17 campus, notamment à Toronto, Ottawa, Windsor et London. Des centaines d’étudiants du secondaire ont également pris part à l’action en organisant des manifestations spontanées en soutien aux étudiants universitaires et collégiaux.
La Riposte socialiste étudiante (RSÉ) a participé et aidé à organiser le débrayage et les rassemblements qui ont suivi dans plusieurs universités, y compris l’Université Ryerson, l’Université York, l’Université de Toronto et l’Université OCAD. En seulement quelques heures, les militants de la RSÉ ont parlé à des centaines d’étudiants, et amassé plus de 300 signatures sur notre pétition pour une grève étudiante.
Universités de Toronto, York, et OCAD
À l’Université York, environ 300 étudiants se sont rassemblés pour dénoncer les coupes de Ford en éducation. Plus d’une dizaine de militants de la RSÉ ont participé, faisant de nous le plus grand contingent d’étudiants présent, mis à part le syndicat étudiant lui-même. Dans les jours précédant le débrayage, la RSÉ a joué un rôle dirigeant dans les mobilisations des étudiants de York, un fait qu’ont souligné les dirigeants du syndicat étudiant. Kiam, un militant de la RSÉ, a pris la parole pendant le rassemblement pour expliquer qu’il est nécessaire d’intensifier le mouvement, ce qui lui a valu des applaudissements répétés. Des étudiants nous ont plus tard dit que c’était le discours le plus passionné qu’ils avaient entendu de la journée. À la fin du rassemblement, près de 150 étudiants avaient signé la pétition pour une grève étudiante. De nombreux étudiants ont aussi manifesté leur intérêt à rejoindre le club de la RSÉ sur le campus, qui est déjà un des plus grands clubs à l’Université York.
À l’Université de Toronto, environ six militants de la RSÉ ont participé au rassemblement et à la marche de 250 personnes. Malgré notre plus petite présence, la RSÉ est tout de même parvenue à discuter avec des dizaines d’étudiants et à amasser deux pages de signatures. Pour de nombreux étudiants, c’était la première fois qu’ils nous rencontraient, et nos discussions les ont encouragés à s’impliquer davantage avec la RSÉ.
À OCAD, une université de seulement 4 300 étudiants, 250 d’entre eux ont participé à l’occupation d’un édifice administratif sur le campus. Les étudiants se sont d’abord vus refuser l’entrée par la sécurité, sous prétexte que le nombre d’étudiants excédait la capacité de l’édifice. Après quelques minutes à lancer des slogans et des chants, les étudiants ont pu d’entrer et ont occupé l’étage supérieur.
La RSÉ a seulement commencé ses activités à OCAD au cours des dernières semaines. Malgré cela, nous avons joué un grand rôle pour organiser le débrayage, en collaboration avec le syndicat étudiant. Le jour du débrayage, notre seul militant sur place a été submergé d’étudiants désireux de rejoindre la RSÉ, et nous avons été à court de feuilles de pétition et de copies de notre journal Fightback en quelques heures. Au total, nous avons vendu 15 journaux et amassé presque 60 signatures. Notre militant Liam McCarthy s’est adressé aux étudiants durant le débrayage en abordant les problèmes du capitalisme et le besoin d’une action militante. Son discours a été très bien reçu. La RSÉ espère former un club officiel à OCAD dans les prochaines semaines. Notre rôle dans le débrayage de mercredi dernier a été un bon début.
Université Ryerson
Cela dit, notre intervention à l’Université Ryerson a été notre plus grande réussite de cette journée. Selon la FCÉÉ, presque 1000 étudiants ont participé au rassemblement de Ryerson, dépassant même les attentes les plus optimistes. Par le passé, certains activistes ont qualifié Ryerson de « campus de droite », lui préférant des universités supposément plus à gauche, comme York.
Les faits parlent d’eux-mêmes. Le jour du débrayage, les organisateurs de Ryerson sont parvenus à mobiliser plus d’étudiants que sur tout autre campus. Leur rassemblement a été le plus grand dans la province. Cette forte participation a surpris presque tout le monde, sauf la RSÉ, qui a patiemment construit une base d’une certaine envergure sur le campus dans les dernières années. À cet effet, la RSÉ a aussi joué un rôle dirigeant dans l’organisation du débrayage et du rassemblement qui a suivi. Dans les semaines qui ont précédé l’intervention, les militants de la la RSÉ ont parlé à des centaines d’étudiants en tenant des kiosques et en faisant des tournées des classes, ce qui a contribué à la grande participation.
Julien Arseneau, militant de la RSÉ à Montréal, a été le premier de nos deux intervenants à prendre la parole au rassemblement. Julien a parlé de l’expérience de la grève étudiante de 2012 au Québec et des leçons qu’on peut en tirer pour le mouvement en Ontario. En particulier, Julien a démonté l’idée selon laquelle l’Ontario est « trop différent » du Québec pour qu’une grève étudiante y réussisse. Il a expliqué que les mouvements sont poussés par des forces vives, non par des particularités nationales.
Notre deuxième intervenant était l’organisateur de la RSÉ, Marco La Grotta. Il a souligné l’impact des coupes en éducation sur les étudiants issus de la classe ouvrière, et a appelé à un mouvement uni des étudiants et des travailleurs pour faire tomber le régime de Ford. Marco s’en est aussi pris à Doug Ford pour avoir accusé les syndicats étudiants de se livrer à des « sottises marxistes débiles ». Ce qui est vraiment débile, a-t-il affirmé, c’est un monde où des étudiants souffrent de pauvreté pendant que les millionnaires boivent du champagne dans leurs gros penthouses – le monde que Ford défend. Marco a conclu en dénonçant le capitalisme, et en a appelé à une lutte combative contre le gouvernement.
Au total, une vingtaine de militants de la RSÉ ont participé à l’intervention à Ryerson, et ont vendu près de 50 journaux et amassé plus de 100 signatures. Après le rassemblement, un attroupement d’étudiants souhaitant s’impliquer avec la RSÉ s’est formé autour de notre table. C’est d’ailleurs un élément récurrent que nous avons pu observer à chacune de nos interventions ce jour-là.
L’avenir est à nos portes
Les événements du 20 mars ont marqué un tournant dans la lutte contre le gouvernement conservateur. Mais Ford n’est pas encore apeuré. Dès maintenant, le mouvement étudiant doit intensifier ses moyens de pression, y compris par des grèves d’une journée, des manifestations de masse réunissant plusieurs campus, et éventuellement une grève illimitée. Ford n’entendra pas raison. Le seul langage qu’il comprend est celui de la force, et il est plus que temps que nous apprenions à parler son langage. La RSÉ va continuer de travailler dans cette direction à une échelle locale, tout en continuant de construire l’aile marxiste du mouvement étudiant.
Plus que jamais, les étudiants se tournent vers des idées radicales pour s’attaquer aux maux de notre système. Le 15 mars dernier, plus de 100 000 élèves du secondaire à travers le Canada ont fait grève pour demander des actions quant aux changements climatiques. Puis, le 20 mars dernier, nombre d’entre eux ont à nouveau débrayé, cette fois-ci pour protester contre les coupes en éducation. Les étudiants du secondaire mènent la charge, mais les étudiants universitaires et collégiaux ne sont pas loin derrière, et la classe ouvrière dans son ensemble est quelques pas en arrière. Tôt ou tard, ces étudiants et travailleurs vont faire une entrée fracassante sur la scène de l’histoire. La RSÉ est impatiente de se tenir à leur côté, et de les armer des idées socialistes qu’ils ont besoin pour vaincre.