Les 1000 travailleurs du Casino de Montréal sont entrés hier en grève de cinq jours, coïncidant avec le début des festivités du Grand Prix. Les 700 travailleurs des casinos de Charlevoix, Mont-Tremblant et Gatineau sont en grève également. Ces 1700 travailleurs réclament une indexation de leurs salaires au coût de la vie ainsi qu’une augmentation supplémentaire de 1$ l’heure. L’indexation est une bonne et nécessaire revendication. Face à l’inflation galopante, tous les travailleurs devraient demander l’indexation. Une victoire des travailleurs des casinos serait une victoire pour tous!
C’est toujours la maison qui gagne
Loto-Québec est une entreprise très profitable, et affiche déjà un profit de 1,2 milliards sur les neuf derniers mois. Il s’agit d’une hausse de 32,6% par rapport à l’année précédente, en bonne partie dûe à plus de 60% de croissance dans les casinos. Mais la société d’État refuse que ces sommes viennent aider les travailleurs qui font fonctionner la machine.
La vague d’inflation que nous vivons présentement se combine à des décennies de salaires stagnants. Selon le porte-parole du syndicat, Ricardo Scopelleti, les salaires ne sont pas compétitifs et le personnel a tendance à quitter rapidement pour d’autres industries. C’est pourquoi les demandes mises de l’avant sont un ajustement des salaires au coût de la vie (indexation) et un additionnel 1$ l’heure.
Loto-Québec refuse de concéder quoi que ce soit. Selon le syndicat, Loto-Québec propose même que les bonis et les primes soient financés à même une réduction de salaire pour les nouveaux travailleurs embauchés! Même s’ils représentent une société d’État, les patrons se comportent comme ceux du secteur privé et n’offrent rien de plus que le minimum possible, et poussent les travailleurs à la grève. Par exemple, le président et chef de la direction de Loto-Québec, Jean-François Bergeron (un ancien haut gestionnaire au privé) a vu son salaire bondir de 46% et atteindre 586 421$ cette année! Cela montre bien les limites des sociétés d’État sous le capitalisme : noyées dans une mer de production pour le profit, elles sont gérées par des capitalistes, selon les méthodes capitalistes.
Lutter pour gagner
La grève ponctuelle est un bon début, particulièrement dans ce cas-ci, comme les travailleurs ont compris qu’il faut viser le moment où les profits rentrent. Le Grand Prix est un des moments les plus importants de l’année pour le tourisme à Montréal. Une étude réalisée par le Grand Prix du Canada et Tourisme Montréal estime que plus de 130 000 touristes se déplacent pour l’événement, et que l’événement génère des retombées de 63.2 millions de dollars pour l’économie locale. Tout au long de la fin de semaine, les restaurants, les bars et particulièrement le casino verront un achalandage particulièrement élevé. On peut s’attendre à ce que les patrons et les médias s’empressent de blâmer les travailleurs pour les perturbations. Pourtant, leurs demandes sont tout à fait raisonnables, ce sont les patrons obstinés qui ne le sont pas.
Cependant, Loto-Québec laisse entendre que les activités du casino se dérouleront normalement même avec la grève, et que sous une forme ou une autre, des cadres ou autres employés seront appelés à accomplir les tâches des employés en grève – bien sûr, à une efficacité réduite. Hier, trois des quatre casinos étaient en mesure de fonctionner, quoiqu’avec des services limités. Pour avoir le maximum d’impact, les travailleurs devraient appliquer un principe du mouvement ouvrier qu’il faut raviver dans notre mouvement, et en appeler aux autres travailleurs du casino à le respecter : piquet de grève, on ne passe pas!
Les patrons montrent qu’ils se moquent des travailleurs, et il est fort possible que les cinq jours de grève soient insuffisants pour gagner. Aucun patron nulle part n’est chaud à l’idée de concéder l’indexation des salaires. Une grève illimitée des 1700 travailleurs devrait donc être discutée et préparée. Tous les profits des patrons dépendent des travailleurs, et le refus de travailler de manière illimitée est l’arme la plus puissante de la classe ouvrière. C’est ce qu’il faut pour les faire plier!
Après des années d’inflation record et la récession qui menace l’économie canadienne, les travailleurs ont bien raison d’exiger l’indexation des salaires. C’est une demande qui considère l’avenir à long terme, et comme tous les travailleurs font face à la même érosion du niveau de vie, de plus en plus de travailleurs suivront leur exemple. Si les travailleurs des casinos obtiennent l’indexation, ce sera un exemple positif qui encouragera d’autres secteurs du mouvement syndical à lutter jusqu’au bout pour l’obtenir également – à commencer par le Front commun du secteur public, qui entrera en lutte cet automne.
Solidarité avec les travailleurs des casinos!
Piquets de grève, on ne passe pas!
Faisons payer les patrons pour l’inflation!