Le 28 juin 2024, les techniciens d’entretien d’aéronefs sont entrés dans l’histoire. Bien qu’ils soient le groupe d’employés le plus récent à se syndiquer, ils sont devenus les premiers travailleurs à entrer en grève dans les 28 ans d’histoire de WestJet.
La grève n’a duré que deux jours, mais elle a débouché sur un deuxième accord de principe prévoyant une augmentation salariale de 26,25 % sur cinq ans, la première augmentation de 15,5 % prenant effet immédiatement. Cela représente une moyenne de 5,25 % par an!
La grève a été déclenchée après que le gouvernement fédéral, dans une démarche sans précédent, a demandé au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) d’imposer un arbitrage obligatoire pour contrecarrer les plans de grève. Mais à proprement parler, la décision ne privait pas les techniciens de leur droit de grève, et c’est précisément ce qu’ils ont fait.
La bataille entre WestJet et l’AMFA, le syndicat représentant les techniciens d’entretien de WestJet, a été une véritable saga. Dès le début, WestJet a eu recours à des tactiques antisyndicales.
La compagnie a tout essayé. Elle a tenté de perturber le processus même de syndicalisation en contestant la taille de l’unité de négociation, dans l’espoir de diviser les travailleurs et de réduire leur pouvoir de négociation collective; elle a refusé d’accorder aux représentants syndicaux des avantages qui étaient auparavant accordés à une association interne d’employés, même lorsqu’ils exerçaient des responsabilités identiques; pendant les négociations, le PDG a proféré des menaces voilées d’externaliser tous les emplois des techniciens; la compagnie a effectivement externalisé le travail traditionnel des techniciens; elle a fait des offres insultantes d’augmentations salariales inférieures à l’inflation (initialement de 9,5 % sur 5 ans); elle a débuté le conflit en donnant un préavis de lock-out; elle a refusé de négocier; elle a demandé l’intervention antidémocratique du CCRI et du gouvernement fédéral; elle a demandé au gouvernement d’« annuler » le préavis de grève des techniciens de manière « urgente » et sans audience préalable et elle a proféré des menaces de représailles à l’encontre des techniciens participant à une grève légale!
En outre, WestJet est accusée de diverses violations du Code canadien du travail et de négociation de mauvaise foi.
Si vous n’étiez pas au courant de tout cela, vous ne devriez pas être surpris. Les grands médias n’ont pas rapporté honnêtement le conflit. Ils ont donné la parole à des « experts » à la botte des entreprises, qui ont tenté de monter les voyageurs contre les travailleurs. Ils ont dépeint ceux-ci comme cupides, tout en se taisant sur la rémunération exorbitante des cadres. Ils n’ont pas non plus rapporté la litanie de tactiques antisyndicales menées par WestJet contre l’AMFA. Et ils n’ont pas parlé de l’impact négatif sur la sécurité des pénuries de techniciens – des pénuries causées par les salaires et les conditions de travail inférieurs aux normes, eux-mêmes causés par la cupidité des capitalistes et la logique du profit.
Ce que les patrons et la droite ne pouvaient pas accepter, c’est que pour une fois, un syndicat n’a pas respecté les procédures qui favorisent toujours les patrons. L’arbitrage obligatoire est un piège, où un arbitre soi-disant « neutre » décide – au lieu de permettre aux travailleurs d’exercer leur droit démocratique de faire grève et de forcer le patron à faire des concessions. Les travailleurs n’ont pas attendu le début de cette procédure et ils ont immédiatement obtenu des résultats.
Cela montre qu’il est grand temps pour le mouvement syndical de rompre avec les traditions des « relations de travail » qui ont conduit à tant de défaites. Les patrons n’hésitent pas à utiliser toutes sortes de sales tactiques pour écraser les travailleurs. C’est la réalité du capitalisme. Ils ne sont pas de « bonne foi ». Nous devons également utiliser tous les moyens à notre disposition pour gagner.