Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devantl’ambassade du Brésil, malgré le couvre-feu imposé par le régime deMicheletti. Le retour de Zelaya, qui a galvanisé les forces dumouvement de résistance, est une atteinte directe à l’autorité deputschistes. Ils ne pouvaient pas ne pas réagir. A six heures du matin,profitant du fait que la plupart des manifestants étaient rentrés chezeux, dans la nuit, la police et l’armée ont attaqué les 5000manifestants qui étaient restés devant l’ambassade. La répression futbrutale et le combat inégal : les manifestants ont été chassés deslieux.
Plus de 200 personnes ont été arrêtés et amenés dans le stadium deChochi Sosa. Des sources font état de 80 personnes transportées àl’hôpital et de deux morts – bien que ces informations n’aient pas puêtre confirmées. Du fait de la répression, du blocus médiatique et ducouvre-feu, il est difficile d’obtenir des informations fiables.
Toute la journée de mardi, la situation est restée extrêmementtendue, à l’extérieur de l’ambassade. La police et l’armée ont occupétous les bâtiments environnant l’ambassade, ce qui a donné jour à unerumeur selon laquelle le régime se préparait à donner l’assaut contrele bâtiment diplomatique, à tuer le président Zelaya et à maquiller cetassassinat en suicide. Le régime de Michelleti est parfaitement capabled’une telle action. Mais il doit probablement en redouter lesconséquences internationales.
La répression brutale n’a pas brisé la volonté de résistance dupeuple hondurien. Suivant les mots d’ordre du Front National deRésistance, il y a eu des manifestations de masse et des barricadesdans tous les quartiers ouvriers de la capitale, Tegucigalpa, ainsi quedans de nombreuses autres villes du pays, y compris de petitescommunautés rurales.
Le Front National de Résistance fait état de manifestations dans lesquartiers ouvriers suivants de la capitale : Colonia La Canada, 21 defebrero, Nueva Era, Victor F. Ardon, El Reparto, Centro America Oeste,Villa Olimpica, Colonia El Pedregal, El Hatillo, Cerro Grande, BarrioGuadalupe, Barrio El Bosque, Colonia Bella Vista, Barrio El Chile, ElPicachito, La Cantera, Colonia Japon, El Mirador, La Finca, Alto delBosque et Barrio Buenos Aires. Dans de nombreux cas, des barricades ontété érigées pour empêcher la police et l’armée d’entrer. D’après RadioGlobo, un commissariat de police a été occupé par les manifestants, àSan Francisco.
Les mêmes scènes se répètent dans tout le pays. Des manifestationset des affrontements avec la police et l’armée auraient eu lieu àGuadalupe, Tocoa, Colon, Trujillo, Tela, Triunfo de la Cruz, San JuanTela, Cortez, San Pedro Sula, Progreso, Choloma, Santa Bárbara, Copan,Lempira, Intibuca, La Esperanza, La Paz, Marcala, Comayagua,Siguatepeque, El Zamorano, Paraiso, Comayaguela, Choluteca et ZacateGrande – entre autres. Un membre de la direction de la résistance parled’une « insurrection » des quartiers ouvriers et pauvres de lacapitale. Cette résistance massive se développe malgré un blocusmédiatique quasi-complet.
Dans le même temps, le régime de Micheletti a tenté de montrer saforce en tenant une conférence de presse aux côtés des principauxreprésentants de la plus grande organisation patronale du pays, laCOHEP, qui s’est engagée à le soutenir pleinement. Ceci dit, l’unité durégime dépendra de sa peur du mouvement des masses. D’importantessections de la classe dirigeante commencent déjà à considérer lapossibilité de chercher un accord avec Zelaya, dans le but d’éviter lerenversement complet du régime. Quant à Micheletti, les conditionsqu’il propose – Zelaya ne serait pas président ; il devrait accepter lalégitimité des élections du 29 novembre organisées par lesputschistes ; il devrait accepter d’être jugé par un tribunal – sontclairement inacceptables. Elles sont une provocation pure et simple.
Une énorme pression s’exerce sur les putschistes et les capitalisteshonduriens. Plusieurs millions de dollars ont été perdus dans cettecrise révolutionnaire, et certains capitalistes doivent se demandercombien de temps ils peuvent tenir. Surtout, ils s’inquiètent desconséquences révolutionnaires d’une attitude trop bornée, de la part deMicheletti.
Les heures et les jours à venir seront décisifs. Les structures duFront de Résistance ont prouvé leur capacité à maintenir lamobilisation, et dans certains cas à chasser les forces de répressionhors des quartiers. Aujourd’hui, il y aura une bataille pour lecontrôle des principales rues de la capitale. Les comités d’action duFront doivent étendre leurs tâches et prendre le contrôle de la viequotidienne, dans ces zones. L’armée a pris le contrôle de l’EntrepriseNationale d’Energie, coupant l’électricité et l’eau dans plusieursquartiers. Les militants syndicaux de ces entreprises et les comités derésistance doivent agir de concert pour rétablir l’approvisionnement eneau et électricité.
Il est très probable que la manifestation d’aujourd’hui serasévèrement réprimée par la police et l’armée. Ses organisateurs doiventconstituer organes pour la défendre – et, si possible, contre-attaquer.Un appel doit être lancé à la base de l’armée, dans le sens de ce qu’adit Zelaya, ces derniers jours : « ne tirez pas sur le peuple ;retournez vos fusils contre vos officiers ». Les soldats ordinaires del’armée hondurienne sont les enfants de la classe ouvrière et despauvres du pays. Leurs familles et amis doivent mener une campagnesystématique pour les convaincre de rallier le peuple. Cependant, endernière analyse, ce qui brisera l’armée et le régime sera laréalisation que les travailleurs, les paysans et les pauvres sont lesvéritables maîtres de la situation – sur la base de manifestations etd’une grève générale insurrectionnelle.
Vive la lutte du peuple hondurien !A bas la dictature de Micheletti ! A bas l’oligarchie !Manifestations de masse, grève générale et insurrection nationale !