Le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) demande un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre. Cela ne fait que confirmer ce que tout le monde sait depuis longtemps : ces monstres devraient être enfermés dans un cachot, et les clés oubliées. Mais ils ne représentent que la pointe de l’iceberg d’un système entièrement criminel.

Surprise

Le procureur Karim Khan accuse les dirigeants israéliens de crimes comme « le fait d’affamer délibérément des civils », « homicide intentionnel » et « extermination et/ou meurtre ». Bien que ces accusations représentent des faits clairs et évidents pour la plupart des gens, elles ont provoqué la fureur de presque tous les principaux représentants de l’impérialisme occidental.

Presque tous les alliés d’Israël se sont immédiatement portés à la défense de Netanyahou. Comme des mandats d’arrêt ont aussi été simultanément demandés contre les leaders du Hamas, les alliés d’Israël se sont précipités pour condamner « l’équivalence » faite entre des politiciens élus « d’un pays démocratique comme Israël et les leaders du groupe terroriste meurtrier Hamas », dans les mots de Justin Trudeau. 

Biden et tout l’establishment politique américain ont même commencé à travailler sur l’adoption d’une loi bipartisane pour appliquer des sanctions contre la CPI. 

La CPI, fondée en 2002, a historiquement toujours visé des ennemis de l’impérialisme occidental ou des dirigeants de pays pauvres, en grande majorité africains. La procédure intentée contre Netanyahou et Gallant est une première dans l’histoire  – la première fois que la CPI s’en prend à un allié occidental. 

L’impuissance de la CPI

Même si les juges de la CPI accordent le mandat d’arrêt, celle-ci n’a pas de moyen de faire appliquer ses décisions par elle-même. Elle a besoin que les 124 membres signataires du Statut de Rome appliquent ses mandats d’arrestation. 

Or, ceux-ci ne vont appliquer ces mandats que dans les cas où cela n’est pas trop dommageable pour leur diplomatie. En réalité, certains leaders sont intouchables – s’ils sont protégés par des alliés plus puissants. Et aucun allié n’est aussi puissant que les États-Unis. 

Les États-Unis ont même une loi (communément appelée la « Loi sur l’invasion de la Haye ») par lequel le Congrès américain permettrait l’invasion des Pays-Bas, où est située la CPI, si elle arrêtait un représentant américain.

La Grande-Bretagne a d’ailleurs affirmé qu’elle n’appliquerait pas un éventuel mandat d’arrêt contre Netanyahou.

Trudeau, éternellement à la botte des États-Unis, a fait bien attention de ne pas s’engager à appliquer le Statut de Rome, même si le Canada l’a signé. Même s’il a affirmé qu’il est « important » que « tout le monde » obéisse au droit international « en toute situation », il a aussi affirmé que la demande de mandat d’arrestation « n’aidait pas ».

On ne peut pas réellement s’attendre à ce que Netanyahou soit amené devant la CPI pour être jugé.

Tout le système est coupable!

L’hypocrisie révélée par cette situation est patente. Les dirigeants occidentaux passent leur temps à se présenter comme les garants de « l’ordre international basé sur les règles ». Ils ont applaudi quand la CPI a lancé un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine l’an dernier. Mais maintenant que c’est un de leurs alliés qui est visé, ils tergiversent.

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Ces gens ont passé des mois à soutenir Israël et son droit à commettre des crimes de guerre sous couvert de se « défendre ». Ils apparaissent sur des milliers de photos en train de serrer les mains de Netanyahou et Gallant. Ils ne sont pas exactement contents à l’idée que l’histoire se souvienne d’eux comme des amis de criminels de guerre.

Plus encore, un dangereux précédent pourrait être établi par la CPI. Si elle cessait de s’en prendre uniquement à des dictateurs africains, mais qu’elle se mettait à poursuivre aussi des dirigeants occidentaux, nos propres impérialistes d’ici sentiraient le feu à leurs fesses. Le sénateur républicain Lindsey Graham a exprimé cette préoccupation lorsqu’il s’est prononcé en faveur de sanctions contre la CPI. « S’ils font cela à Israël, nous serons les prochains », a-t-il déclaré.

La poursuite de la CPI pose la question : pourquoi s’arrêter là? Les impérialistes américains, canadiens, français, britanniques, etc. ont eux aussi commis toutes sortes de crimes. 

Pensons au massacre de centaines de milliers de Yémenites par les Saoudiens avec le soutien du gouvernement Trudeau et avec des armes canadiennes; pensons à la torture commise dans les prisons américaines à Abu Ghraib et à Guantanamo; pensons aux violences sexuelles par les Casques Bleus canadiens en Haïti; pensons au bombardement de la Lybie par des avions américains et canadiens. Nos propres criminels de guerre, les Biden, les Bush, les Blair, les Clinton, les Harper, les Trudeau, qui ont mis le Moyen-Orient à feu et à sang, qui ont tué plus d’un million d’Irakiens, d’Afghans, de Lybiens, de Syriens – tous restent en liberté.

Netanyahou n’est qu’un criminel de guerre parmi tous les criminels de guerre qui nous dirigent. L’État capitaliste est une vaste machine d’oppression et d’exploitation des travailleurs, qui pille et tue pour le compte des banques et des grandes entreprises partout à travers le monde. La violence la plus abjecte est au cœur du fonctionnement du système capitaliste même. 

Mais ce n’est pas les institutions internationales comme la CPI, l’ONU ou la Cour internationale de justice qui pourront stopper la folie meurtrière de nos dirigeants. Celles-ci ne sont au mieux que des moulins à parole, et au pire sont des outils d’oppression au service des bandits impérialistes eux-mêmes. 

Le seul moyen de jeter tous ces meurtriers au cachot est de le faire nous-mêmes. Les travailleurs et les opprimés, du Canada au Moyen-Orient en passant par les États-Unis, devons nous soulever contre tous ces criminels de guerre et renverser tout leur système.