Ce texte est une version raccourcie et traduite d’un article publié le 19 mai sur le site Web In Defense of Marxism.
Depuis quelques semaines, des manifestations spontanées surgissent en Iran. L’inflation, atteignant 300% pour certaines denrées de base, associée à la fin des subventions alimentaires, cause beaucoup de remous. Ces manifestations se sont même transformées en soulèvements, touchant une centaine de villes à travers le pays.
Les masses, plutôt jeunes, persistent dans les rues malgré la répression violente du régime. La province du Khouzistan, où le mouvement a commencé, vit pratiquement sous la loi martiale, avec des troupes patrouillant constamment dans les rues. L’État a coupé l’Internet à plusieurs moments. La police a même attaqué les cortèges funèbres des manifestants tués par les forces de l’ordre. Cela n’a eu comme effet que de radicaliser encore plus les manifestants, qui utilisent des slogans anti-régime tel que « Mort au dictateur! » ou « Mort à Khamenei, mort à Raisi! »
De façon significative, ces soulèvements coïncident avec une vague de grèves extrêmement combatives. Le Comité de coordination des enseignants, le plus gros syndicat indépendant, a appelé à des manifestations nationales avec pour but de libérer ses dirigeants syndicaux et obtenir ses revendications. Les travailleurs du secteur pétrolier, eux, appellent à unifier les différentes luttes des travailleurs exploités et opprimés.
La grande majorité des Iraniens vivent dans la pauvreté, et ce fait est même reconnu par le régime au pouvoir. L’inflation est à plus de 100%, alors que l’augmentation du salaire minimum atteint à peine 10%. Le pays étant isolé du marché mondial en raison des sanctions américaines, la classe capitaliste iranienne a recours à une exploitation des plus brutales pour obtenir ses profits.
La République islamique est incapable de fournir une solution à la crise, la preuve étant que depuis 2018, trois soulèvements ont eu lieu. Les subventions alimentaires étaient le seul levier capable de moindrement stabiliser la situation, mais le gouvernement ne peut plus en offrir. L’impression massive d’argent, combinée à l’épuisement des réserves de devises étrangères et à l’isolement du pays sur le marché mondial, le pousse vers la banqueroute. La situation est insoutenable et le régime ne sait plus quoi faire.
Depuis le soulèvement de Dey 1396 (décembre 2017 à janvier 2018), la lutte des classes s’est grandement intensifiée en Iran, avec notamment la participation des jeunes et des couches les plus opprimées. L’an dernier, les employés du secteur pétrolier ont organisé une grève générale à la grandeur du pays, les enseignants ont tenu des manifestations plus qu’hebdomadaires et des mouvements de fermiers ont eu lieu à Isfahan ainsi qu’au Khouzistan, où il a culminé en soulèvement.
Les évènements récents ont démontré la vraie nature du régime et de l’État iraniens. Les principalistes d’Ebrahim Raïssi, soit la faction ultra conservatrice de la République islamique, se sont présentés démagogiquement comme étant pro travailleurs lors de la campagne électorale de 2021, pour essayer de canaliser la colère contre les politiques d’austérité du président « réformiste » Rouhani. Malgré cela, Raïssi a été élu avec un taux de participation très faible, et ses politiques une fois au pouvoir ont rapidement dissipé toutes les illusions à son égard. La réalité est que ni les réformistes, ni les principalistes ne peuvent offrir de solution à la classe ouvrière iranienne. Le régime le sait, ayant même augmenté le budget de la police et des forces armées en prévision des confrontations à venir!
Les travailleurs iraniens ont fait de grands progrès dans la construction d’organisations nationales indépendantes. Ils doivent se préparer à entrer en grève générale illimitée pour renverser la République islamique au pouvoir, et accomplir ce que les soulèvements précédents n’ont pas pu faire. Une fois le mouvement développé à son apogée, plus rien ne pourra arrêter l’immense force de la classe ouvrière iranienne!