Récemment, l’Armée Nationale Irlandaise de Libération (INLA) a annoncé qu’elle renonçait à la « lutte armée » – c’est-à-dire, en fait, aux méthodes terroristes. C’est un grand pas en avant pour cette organisation et pour le républicanisme de gauche, en Irlande. Dans un discours prononcé à Dublin, Martin McMonagle a déclaré que « l’objectif d’une république socialiste de 32 comtés sera atteint par une lutte politique exclusivement pacifique ». Cette prise de position s’inscrit dans le processus de transformation politique de l’INLA, depuis le cessez-le-feu de 1998. Elle ouvre la voie à une évolution vers l’adoption d’une politique clairement socialiste et révolutionnaire.
Depuis sa formation, dans les années 70, l’INLA a toujours cherché à s’enraciner dans le mouvement ouvrier irlandais, du moins en paroles. Dans la pratique, cependant, le recours à la « lutte armée » a entraîné l’organisation dans une spirale d’assassinats et de violences sectaires. En conséquence, de nombreux militants se demandaient si l’organisation n’avait pas complètement perdu de vue sa raison d’être et ses objectifs socialistes. La déclaration de McMonagle montre que l’INLA veut accomplir l’émancipation de la classe ouvrière en Irlande du Nord, comme en Irlande indépendante, et qu’elle reconnaît que cet objectif ne peut être atteint par le recours à des attentats – lesquels ne peuvent, au contraire, que nuire à sa cause. Une telle déclaration devrait être accueillie positivement par tous ceux qui luttent pour le socialisme.
Cependant, la référence à une « lutte politique exclusivement pacifique » mérite d’être précisée. Elle peut recouvrir différentes significations. La question se pose : comment l’INLA entend-elle développer une base dans le mouvement ouvrier – dans les six comtés d’Irlande du Nord, comme dans les 26 autres ? Si elle devait se traduire par la transformation de l’organisation en une simple machine électorale et parlementaire, la renonciation au terrorisme individuel reviendrait à sortir d’une impasse pour entrer dans une autre. L’expérience d’autres groupements républicains qui ont opté pour une voie purement parlementaire a montré que cela mène à une complète capitulation. L’exemple le plus flagrant de cette dérive est l’évolution du Sinn Fein « provisoire », qui est devenu un parti capitaliste comme les autres.
Ayant renoncé à la « lutte armée », l’INLA et le Parti Socialiste Républicain Irlandais doivent à présent s’efforcer de développer l’influence des idées du républicanisme socialiste chez les travailleurs catholiques comme chez les travailleurs protestants. Seules les idées du socialisme peuvent surmonter les divisions religieuses et sectaires. Des années de terrorisme ont marqué la conscience des travailleurs de l’Irlande, particulièrement dans le Nord. En ces temps de crise économique et sociale, toutes les organisations révolutionnaires doivent patiemment expliquer les idées du socialisme et de l’internationalisme, et s’efforcer d’organiser les travailleurs indépendamment de la communauté religieuse à laquelle ils sont assimilés.
Pendant que les investissements étrangers chutent dans le secteur du bâtiment – secteur qui avait été le moteur de l’économie irlandaise, pendant de longues années – et que le gouvernement applique une politique d’austérité, les organisations comme l’INLA doivent expliquer qu’aujourd’hui, plus que jamais, un ouvrier irlandais a toujours plus de choses en commun avec un autre ouvrier, qu’il soit protestant ou catholique, qu’avec n’importe quel capitaliste.