Le président du syndicat United Auto Workers (UAW), Shawn Fain, s’est adressé au Comité national démocrate (DNC) à Chicago pour soutenir Kamala Harris et Tim Walz. Il a proclamé que ce duo était résolument du côté de la classe ouvrière : « Kamala Harris est l’une des nôtres. C’est une combattante de la classe ouvrière. »
Ce n’est pas vrai. Harris n’est pas de notre bord. Elle n’est pas « une combattante de la classe ouvrière », pas plus que son colistier Walz.
Avec des « amis » comme ça…
En fait, il suffit de regarder l’histoire du Parti démocrate pour constater à quel point il est loin d’être l’ami des travailleurs.
Il y a tout juste deux ans, le gouvernement de Biden-Harris a voté une loi de retour au travail pour casser la grève des cheminots.
Les démocrates ont eu 50 ans pour inscrire le droit à l’avortement dans la constitution, et leur incapacité à le faire a conduit à l’abrogation de ce droit fondamental par la Cour suprême au cours du mandat de Biden.
Shawn Fain a dénoncé le massacre à Gaza et demandé un cessez-le-feu. La section locale 4811 de l’UAW en Californie, avec l’appui de Fain, a même appelé à une grève politique pour exiger la fin du financement de l’impérialisme israélien par l’Université de Californie. Le régime Biden-Harris pourrait mettre fin à ce massacre instantanément en arrêtant de fournir des armes et des munitions à Netanyahou. Mais ils ne le feront pas, parce que Harris soutient cette guerre génocidaire.
Et n’oublions pas que c’est le gouverneur Walz – avec les encouragements de Trump qui était président à l’époque – qui a fait appel à la Garde nationale du Minnesota pour réprimer la plus grande mobilisation de masse de la classe ouvrière dans l’histoire des États-Unis, le soulèvement pour George Floyd en 2020.
Quel genre de « combattant de la classe ouvrière » agirait ainsi?
Sentiment de frustration et de trahison
La montée du trumpisme représente un avertissement pour les dirigeants du mouvement ouvrier. Le déclin constant du capitalisme et la détérioration du niveau de vie de la classe ouvrière qu’il entraîne ont produit une génération radicalisée qui ne croit plus aux mensonges des capitalistes et de leurs représentants du Parti démocrate.
Trump est un démagogue capitaliste, mais il a cyniquement exploité le sentiment de frustration et de trahison ressenti par les travailleurs plus âgés pour se faire des adeptes. Les démocrates ont eu beau scander « Trump est un briseur de grève! » lors de leur congrès, de tels gestes vides et hypocrites ne suffiront pas à convaincre les millions de travailleurs dégoûtés par les promesses libérales brisées.
Comme l’a fait remarquer Jedediah Britton-Purdya, professeur à la Duke Law School, dans un article d’opinion publié le 12 septembre dans le New York Times :
« Lorsque près de 70% du pays se sent trahis par l’économie, le parti qui fait écho à cette frustration dispose d’un avantage intrinsèque. Par rapport aux républicains de Trump, les démocrates restent le parti de la protection du système et de son bon fonctionnement. Ils sont le parti conservateur avec un “c” minuscule, le parti des États côtiers et des autres centres économiques libéraux mais confortables. De nombreux chefs d’entreprise et titans de Wall Street se sont ralliés à [Harris], en partie parce que certains craignent sincèrement les instincts autoritaires et les tactiques anticonstitutionnelles de Trump, mais aussi parce qu’ils la considèrent comme la candidate de la stabilité, la cheffe d’un parti qui ne fera pas de vagues. »
Le Parti démocrate capitaliste n’a rien à offrir à tous ceux qui se sentent trahis et frustrés. Continuer à ranger les syndicats derrière cette cause perdue ne fera que discréditer ses dirigeants. Ils seront balayés par l’émergence d’un mouvement ouvrier radicalisé à l’image de celui des années 1930 dans un avenir pas si lointain.