Chaque jour, de nouveaux chiffres et informations viennent confirmer le déclin d’une Europe sombrant dans une quasi-anarchie. Autrefois reconnus pour la relative stabilité du niveau de vie qu’ils assuraient à leurs travailleurs, les pays européens sont poussés les uns après les autres dans la crise et l’austérité, avec pour conséquence des explosions de contestation populaire à travers le continent. Des rapports provenant de plusieurs institutions financières de premier plan révèlent que la vague de contagion s’étend rapidement au-delà de l’Atlantique et que le Canada, déjà dans une situation instable, pourrait être emporté.
Le mois dernier, le New York Times publiait un article perturbant sur les effets vécus au jour le jour de la crise économique en Europe. Dans cet article, l’auteur rapporte avoir vu de jeunes espagnols fouiller les poubelles afin de se nourrir, victimes des 54% de taux de chômage qui gangrènent la jeunesse. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. En Grèce, de nombreux travailleurs du secteur public n’ont pas reçu de salaire depuis des mois; les stocks de médicaments sont épuisés dans les hôpitaux ; et les travailleurs immigrés subissent les assauts répétés de bandes fascistes.
Au regard de la situation en Europe, la sévérité de la crise et des conséquences politiques qui en découlent ne laisse aucun doute. Néanmoins, la classe dirigeante canadienne ne cesse d’affirmer avec une certaine satisfaction que le pays échappe au marasme européen. Ces prétentions sont-elles fondées? Ou bien l’économie canadienne possède-t-elle les mêmes faiblesses sous-jacentes qui ont mis le capitalisme européen à genoux?
Premier mythe: l’endettement canadien n’est pas aussi important qu’en Europe
L’un des principaux arguments utilisés par le patronat canadien pour avancer que l’impact de la crise ne sera pas aussi sévère ici qu’en Europe est que le niveau d’endettement est loin d’y être aussi élevé qu’en Europe. Il est certain que le niveau du service de la dette dans des pays tels que la Grèce a atteint un point de rupture ; les estimations montrent que le gouvernement grec devrait allouer l’équivalent des revenus de l’impôt de deux années fiscales simplement pour acquitter le service minimum de sa dette pendant les quatre prochaines années!
En comparaison, la dette fédérale du Canada de même que son déficit ont l’air bien minces. Mais ce qui n’est pas pris en compte est le montant total de la dette détenue par les provinces et les municipalités. Lorsque ces facteurs sont placés au sein de l’équation, les affaires paraissent bien moins roses.
Les deux plus grandes provinces canadiennes – l’Ontario et le Québec – ont traditionnellement été les moteurs financiers du pays, mais dans ces dernières la dette publique commence à s’approcher des sommets européens.
Au Québec, le gouvernement libéral, récemment battu aux élections, avait reconnu que le principal problème auquel la province faisait face était son endettement. Il a mené une guerre contre le mouvement étudiant (et, par extension, au reste de la société québécoise), arguant qu’il était temps d’en finir avec la culture du «tout m’est dû» à laquelle il sentait que la classe ouvrière s’était habituée. L’élite québécoise a clairement affirmé que le ratio dette/PIB de la province, qui approche les 100%, était intenable. Selon elle, il est temps pour le Québec de commencer à rembourser s’il souhaite rester compétitif sur les marchés et attirer investissements et capitaux.
Une situation très similaire se profile en Ontario. Jusqu’à récemment, la province était relativement peu endettée. Cependant, la crise économique a rapidement changé le sort de la province. L’Ontario ne cesse d’accumuler des déficits depuis 2008 alors que l’économie peine à se remettre du krach. Don Drummond, ancien économiste en chef du Toronto-Dominion Bank et l’un des banquiers les plus renommés du Canada, a publié plus tôt dans l’année son tristement célèbre rapport, lequel contient d’amères prédictions au sujet de la première des provinces canadiennes. Selon lui, des taux de croissance de moins de 2% sont à prévoir dans un avenir proche, avec un endettement qui pourrait atteindre 30 milliards de dollar en 2018. Sans une cure d’austérité immédiate, Drummond prédit que le ratio de la dette publique par rapport au PIB de l’Ontario dépassera les 100% en 2018.
Ce palier de 100% est un seuil important pour les banquiers et les financiers qui s’inquiètent de la capacité des provinces à rembourser leurs dettes. On a beaucoup fait état de l’endettement de la zone euro, mais la dette du Québec dépasse déjà celle du Royaume-Uni ou de la France. En fait, la charge de la dette est plus élevée en Ontario qu’en Espagne! (Les statistiques sont basées sur des chiffres publiés dans le Guardian.) L’Ontario a déjà vu sa note dégradée par Moody’s, l’une des trois principales agences de notation internationales. Une autre, Standard & Poors, a menacé la province de faire de même. Cela signifie que les investisseurs demandent des intérêts plus élevés sur les prêts au gouvernement ontarien.
Mais aussi préoccupante que soit la dette publique canadienne, c’est l’endettement des consommateurs qui constitue la plus grande inquiétude. Au moment où cet article est rédigé, un certain nombre d’institutions financières majeures ont publié des rapports inquiétants sur l’insoutenabilité de la dette privée au Canada. Celle-ci atteint désormais 163.4% du revenu annuel – à peu près le même niveau que celui des ménages américains avant la crise financière de 2008. Pour mettre ce chiffre en perspective, un article de CBC estime que la dette privée était d’environ 75% du revenu annuel au début des années 1990.
De plus, l’endettement canadien est bien plus complexe puisque les canadiens se reposent sur la valeur de leurs biens immobiliers afin de financer leurs emprunts – bien plus que ne le faisaient les américains avant l’effondrement du marché immobilier aux États-Unis.
Il apparaît de plus en plus évident que le marché immobilier canadien est en train de ralentir et cela pourrait potentiellement avoir des conséquences dévastatrices sur la vie des travailleurs ordinaires. Une récente analyse de la Banque TD montre que l’immobilier au Canada est surévalué d’environ 10% sur la plupart des marchés; dans des endroits tels que Toronto ou Vancouver, le prix du logement pourrait être corrigé de 25%. Déjà, l’Association canadienne de l’immeuble (ACI) atteste d’une baisse d’environ 15.1% des ventes de logements entre septembre 2011 et septembre 2012. Cette chute pourrait dévaster des centaines de milliers de familles qui ont dépendu du boom immobilier pour financer leurs vies.
Un récent article de CBC citant Capital Economics, une société de consultation financière, avertit : «En gros, cela confirme notre vision que le boom immobilier au Canada est insoutenable et que son éventuelle rectification, qui selon nous est déjà en cours, aura probablement des impacts matériels négatifs sur la croissance de l’ensemble de l’économie nationale.»
Le Fonds monétaire international (FMI) a même rejoint la bataille en prévenant le gouvernement fédéral que davantage de mesures devaient être prises afin de «protéger» les canadiens contre ce niveau de dette intenable. En juin dernier les conservateurs ont adopté de nouvelles mesures liées aux prêts hypothécaires qui limitent à 25 ans, au lieu de 30 ans auparavant, la durée des prêts. En théorie cela signifierait que les canadiens devraient désormais avoir plus d’argent s’ils souhaitent acheter un logement, et seraient sujet à moins d’endettement dans le futur. De plus, cela empêcherait également certaines personnes aux finances fragiles de contracter des dettes trop lourdes.
Bien que les changements hypothécaires ont eu pour effet de faire baisser les ventes de logements, les prix dans la plupart des marchés n’ont pas encore descendu. Mais il est inévitable que des ajustements aient lieu. Le nombre de logements construits est étourdissant ; le consensus parmi les principaux banquiers est qu’une bulle immobilière classique s’est créée et s’apprête à exploser. À Toronto on compte plus de 120 gratte-ciels en construction ou prévus dans les deux prochaines années. La vaste majorité étant des tours d’habitation, cela signifie un afflux de plus de 300 000 nouvelles unités d’habitation sur le marché dans les années à venir (les statistiques d’origine ont été publiées dans le Toronto Star). La ville avec le nombre de gratte-ciels en construction le plus élevé après Toronto est Mexico – à peine 30!
Aucun banquier ou économiste ne remet en question l’énorme bulle immobilière qui s’est formée au Canada. Et ces messieurs ont de très bonnes raisons de s’inquiéter. L’Espagne, un des pays de l’Union Européenne dont la situation est la plus désespérée, a connu un boom immobilier similaire jusqu’au krach de 2008. À un certain moment, l’Espagne comptait à elle-seule 40% des nouvelles constructions dans l’UE alors qu’elle ne représente que 9% de la population européenne. La bulle immobilière a joué un rôle majeur dans l’effondrement sans fin de l’économie espagnole.
Les marxistes sont-ils simplement alarmistes en agitant l’épouvantail d’une catastrophe à l’espagnole au Canada? Neil MacDonald, de CBC, s’est entretenu avec Don Drummond au sujet de ce qu’un marché immobilier en surchauffe, combiné à des niveaux de dette privée hallucinants, pourrait avoir comme répercussions pour les canadiens ordinaires :
«Comme l’a montré la Banque du Canada, la dette publique est disproportionnellement concentrée au sein des foyers les plus vulnérables, définis comme ceux qui dépensent 40% ou plus de leur revenu dans le paiement des intérêts. Cela signifie que les ménages sont extrêmement sensibles à n’importe quel choc – que cela soit une hausse des taux d’intérêt, une chute du prix des logements, ou pire que tout, la perte de leur travail.
«L’analyse de la banque centrale suggère que si les taux d’intérêt augmentent à 4,25 d’ici la première moitié de 2015 [un taux probable défini par la Banque du Canada], au moins un cinquième de toute la dette canadienne sera détenu par les ménages les moins à même de la rembourser.
« »C’est assez effrayant, » a déclaré Don Drummond, un ancien mandarin du fédéral qui a également travaillé plusieurs années en tant qu’économiste en chef pour la Banque TD.» (CBC News, 20 septembre 2012)
Second Mythe : l’investissement des entreprises canadiennes fera baisser le chômage
Un deuxième mythe d’importance entretenu par la classe dominante canadienne est que le Canada ne connait pas une crise de l’emploi comme en Europe ou aux États-Unis.
Certes, le chômage dans notre pays est loin d’être aussi sévère qu’en Grèce, en Espagne ou en Italie. Le taux de chômage au Canada a oscillé depuis le début de la première crise entre 7 et 8 %. Par ailleurs, ce taux tel qu’il nous est livré, ne reflète pas nécessairement les conditions réelles de la classe ouvrière. Statistiques Canada, par exemple, a mentionné à plusieurs reprises le nombre de travailleurs qui ont été reclassés comme «travailleurs-autonomes» depuis le début de la crise économique et qui ne sont plus comptabilisés par le gouvernement comme étant au chômage. Beaucoup ont été contraints à l’auto-emploi parce qu’ils ne trouvaient pas d’emploi dans leur domaine et ont été contraints d’offrir eux-mêmes leurs services afin de trouver des sous – une situation très précaire qui touche la plupart des travailleurs indépendants.
Le taux de chômage ne reflète pas non plus les travailleurs qui ont complètement quitté le marché du travail et sont en permanence tributaires de l’aide sociale, une condition très courante dans des régions désindustrialisées du pays comme les Maritimes. De même, ce taux ne prend pas en compte le nombre de travailleurs qui ont été forcés de trouver de nouveaux emplois à des taux de rémunération beaucoup plus faibles. Cette situation est particulièrement préoccupante dans le centre manufacturier de l’Ontario et du Québec, où, entreprise après entreprise, la production s’arrête et les emplois disparaissent, au profit d’emplois précaires qui bien souvent ne sont pas syndiqués.
L’investissement est aussi problématique. Malgré des taux d’intérêt historiquement bas, des prêts et des subventions massives à tous les niveaux de gouvernement, le niveau de l’investissement des entreprises au Canada demeure lui aussi historiquement très bas et se rapproche d’un niveau critique aux yeux du banquier canadien de haut niveau.
Dans sa vive réprimande adressée à la classe capitaliste canadienne, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a plaidé auprès des patrons pour l’ouverture de leurs coffres et afin qu’ils commencent à réinvestir dans l’économie du Canada. Les entreprises canadiennes sont assises sur plus de 560 milliards de dollars en réserves de trésorerie, que Carney étiquette comme « argent mort ». Carney a admonesté les soi-disant capitaines d’industrie du Canada en disant : «Leur tâche consiste à investir de l’argent pour fonctionner, et si ils ne savent pas ce qu’il faut faire avec, ils devraient le donner à leurs actionnaires» (Globe and Mail, 27 septembre 2012).
Aucun raisonnement moral ou éthique ne poussera la bourgeoisie canadienne à investir dans l’économie si elle n’a que peu ou pas confiance dans sa capacité à faire des profits pour ses investisseurs. Comme mentionné précédemment, le propre rapport de Don Drummond au gouvernement de l’Ontario ne prévoyait la faisabilité que d’une croissance économique anémique.
La Banque du Canada a mené sa propre étude sur les intentions d’investissement et a constaté un pessimisme croissant chez les entreprises canadiennes. L’enquête d’octobre a révélé que seulement 37 % de ces dernières planifiaient d’accroître leurs investissements dans les 12 mois suivants, soit une baisse de 43 % par rapport à l’enquête de juillet 2012. Par ailleurs, le nombre d’entreprises qui prévoient de diminuer leurs investissements a atteint 29 %, en hausse par rapport aux 19% de juillet. L’écart entre les entreprises qui augmentent l’investissement et celles qui le diminuent s’est réduit à son plus bas niveau depuis 2009 – à l’apogée de la «Grande Récession».
Les capitaines de l’industrie ne peuvent pas montrer la voie au reste du Canada parce qu’ils n’ont pas foi ni confiance en leur propre système. Pourquoi investiraient-ils dans un projet qui ne rapporte pas?
Alors, si les capitalistes ne croient pas au système capitaliste, pourquoi le devrions-nous?
Troisième Mythe : le Canada est une société paisible et démocratique
En 2011, La Riposte a publié ses perspectives pour le Canada sous le titre : «La révolution chez nous, est-ce possible?». Beaucoup se moquaient de l’idée de révolution dans le vieux Canada endormi. Dix-huit mois plus tard, nous pensons que cette idée est beaucoup plus difficile à écarter d’un revers de la main.
Les vieux mythes au sujet du Canada se sont rapidement révélés désuets. L’idée que le Canada ne pouvait pas être le foyer d’un mouvement de masse radical qui contesterait l’ordre établi a été jetée aux poubelles par le magnifique mouvement étudiant québécois qui, à son apogée, a attiré pas moins de 400 000 citoyens dans les rues de Montréal, dans un épique défi lancé au gouvernement provincial libéral de l’époque. Plus important encore, le mouvement étudiant a remporté une victoire durement méritée en forçant le Parti Québécois nouvellement élu au gouvernement à annuler l’augmentation des frais de scolarité prévue (au moins temporairement), en obtenant l’abrogation de l’anti-démocratique loi 12, et en défaisant le gouvernement libéral à l’élection provinciale de septembre, chassant l’ex-premier ministre Jean Charest de la vie politique.
Le fait que l’ancien gouvernement Charest ait été mis au pied du mur dans sa lutte avec les étudiants montre la férocité grandissante de la lutte des classes au Canada. La crise est bien réelle et malgré les prétentions sur la vigueur de l’économie canadienne, la classe dirigeante est consciente des risques financiers actuels et de la nécessité de présenter l’austérité comme unique moyen de restaurer l’équilibre financier. À tout prix, si nécessaire.
Partout au Canada, les patrons ont clairement indiqué que rien ne pouvait faire obstacle à leur «lutte» contre la crise financière. Aujourd’hui, même les vieilles «fioritures» démocratiques peuvent être placées sur le billot si elles ralentissent la sale besogne des capitalistes. Bien que la situation n’ait pas encore amené les mesures adoptées en Europe, le paysage politique au Canada a commencé à changer et il est essentiel que le mouvement ouvrier se réoriente afin de lutter contre la poussée des patrons en ce sens.
Les assauts répétés sur les droits démocratiques au Canada ont connu une ampleur presque sans précédent. D’ailleurs, ils semblent être devenus la règle dans ce climat d’austérité capitaliste. À travers le pays, tout l’appareil gouvernemental œuvre à imposer une législation de retour au travail, essentiellement en confisquant le droit de grève aux travailleurs. Auparavant, les gouvernements tendaient à réserver ce type de législation aux travailleurs du secteur public sensés être «essentiels». Cependant, au cours de la dernière période, tout le monde, des enseignants aux travailleurs des transports en passant par les adjoints à l’enseignement universitaires, en est venu à être considéré comme «essentiel» à divers niveaux du gouvernement. En outre, les gouvernements ont également commencé à intervenir dans les conflits de travail dans le secteur privé, prenant le bord des patrons. Cette méthode a été notamment utilisée par les conservateurs fédéraux pour écarter le droit de grève au détriment des travailleurs d’Air Canada et du Canadien Pacifique.
Le droit à la négociation collective a également été l’objet d’attaques vicieuses, particulièrement en Ontario. Dans le dernier budget provincial, les libéraux de l’Ontario ont exigé un gel des salaires de deux ans pour l’ensemble des travailleurs du secteur public de la province. Frustré par le fait que dans certains cas, les arbitres du travail ont continué à émettre de petites augmentations de salaires, le gouvernement de l’Ontario a même menacé de contourner les conventions collectives pour légiférer directement sur le gel des salaires pour les travailleurs du gouvernement!
Enfin, les différents niveaux de gouvernement ont eu peu de scrupules à piétiner même le plus emblématique des documents canadiens, la Charte canadienne des droits et libertés, afin de s’assurer que leur agenda d’austérité puisse être mis en œuvre. En 2010, nous avons assisté à la brutalité étatique lors du sommet du G20 à Toronto, où plus de 1100 personnes ont été arbitrairement arrêtées et mises en détention. Beaucoup parmi les personnes arrêtées n’avaient rien à voir avec le sommet et ont tout bonnement été prises au mauvais endroit au mauvais moment. Les libéraux de l’Ontario ont introduit une loi secrète (jugée inconstitutionnelle par la suite mais bien après les faits) par laquelle la police pouvait arbitrairement arrêter, interroger, et fouiller dans le centre-ville de Toronto. Les gens qui ont été raflés et arrêtés par la police se sont même vus refusé le droit à un avocat, une nouvelle attaque vicieuse contre les droits démocratiques les plus fondamentaux dont les Canadiens sont sensés pouvoir jouir.
La réponse du gouvernement du Québec à la grève étudiante était tout aussi draconienne. L’impopulaire projet de loi 78 (devenu plus tard loi 12) interdisait les rassemblements de plus de 50 personnes et les manifestations pour lesquelles la police n’avait pas été consultée – une attaque au droit à la liberté de réunion pourtant garanti par la Charte. Par ailleurs, la police a utilisé une violence presque sans précédent dans le but d’étouffer toute protestation grandissante, incluant l’utilisation régulière (presque quotidienne) de gaz poivre, de gaz chimiques et de balles en plastique. Plusieurs étudiants ont même perdu la vue en raison de l’utilisation par la police de ces dernières.
Cette situation dresse certainement un joli portrait du mythe de la «paix, de l’ordre et de la bonne gouvernance» instillé dans les esprits des Canadiens!
En Europe occidentale, des situations prérévolutionnaires sont en train de se cristalliser rapidement. Bien que la décadence capitaliste ne connaisse pas ici les mêmes proportions que là-bas, les changements économiques et sociaux qui s’opèrent tendent à renforcer l’idée que le Canada se dirige vers une situation similaire, et cela signifie la possibilité que des conditions révolutionnaires soient réunies.
Les marxistes ne sont pas les seuls à souligner les similitudes entre l’effondrement du capitalisme européen et les statistiques inquiétantes du Canada. Certains des membres les plus clairvoyants de la bourgeoisie commencent à constater que l’économie canadienne est sur la même voie avec, au bout du chemin, le même type de convulsions sociales qui font actuellement brasser la Grèce, l’Italie, l’Espagne et les autres membres de la zone euro. Mais en dépit de ces perspectives, leur capacité à prévenir ces évènements est très limitée, telle est la logique de leur système.
Il est maintenant nécessaire pour les travailleurs canadiens de tirer les leçons de l’expérience européenne, y compris dans la riposte des travailleurs, parce que ce n’est qu’une question de temps avant que ces luttes deviennent les nôtres.
Cet article est une traduction de l’article paru sur le site anglophone Fightback.