Le mouvement étudiant au Canada et au Québec est marqué par un important développement préparé depuis plus de six ans. Depuis 2011, les révolutionnaires de La Riposte socialiste/Fightback ont effectué un travail systématique d’organisation sur les campus universitaires et collégiaux à travers le pays. Notre présence active sur une quinzaine de campus est le fruit de ces efforts, et nous ne comptons pas nous arrêter là.
Ces avancées sont la fondation sur laquelle sera bâti un mouvement national pour une révolution socialiste au Canada et au Québec. Il convient de prendre acte des défis auxquels nous avons dû faire face, afin de nous rendre au point où le lancement d’une organisation étudiante nationale, sur des bases solides, soit possible.
La lutte pour défendre et promouvoir les idées de la lutte des classes, de la révolution socialiste et la théorie marxiste en général, n’a pas été facile. Le mouvement étudiant à l’extérieur du Québec est passé par une période calme au cours des 20 dernières années. De plus, l’intensité de la lutte de la classe ouvrière a été elle aussi très faible, à l’exception du Québec. Cela a eu un impact sur les idées véhiculées dans les campus.
Nous devions souvent faire face aux idées des universitaires qui expliquent que la classe ouvrière n’existe plus et que le marxisme est dépassé. De nombreux militant-es du mouvement étudiant acceptaient ces idées. Le militantisme était devenu plus libéral et réformiste. Plutôt que la lutte des classes unie, l’accent était mis sur les politiques identitaires et sur l’accroissement de la représentation des groupes opprimés dans la politique et dans les professions diverses. Au Québec, les idées du syndicalisme, de l’anarchisme, du nationalisme de gauche et du marxisme académique étaient fortes, incluant au sein du leadership des mouvements étudiants de masse. Il y avait une hostilité générale aux idées d’une organisation révolutionnaire et de la nécessité de renverser le capitalisme en se basant sur la lutte de la classe ouvrière.
Les maigres forces du marxisme ont dû trimer dur pour défendre leurs idées. Ce fut un jeu de patience face à l’hostilité de l’administration des campus en plus de celle des « gauchistes ». Au cours des deux dernières décennies, les idées du marxisme n’avaient un écho qu’auprès d’une toute petite minorité d’étudiant-es. Cette situation est en train de changer avec l’approfondissement de la crise mondiale du capitalisme.
Le développement de la lutte des classes à l’échelle mondiale, incluant au Canada, est en train de revitaliser le mouvement marxiste et pousse les étudiant-es radicalisés vers la lutte des classes. Au Québec, les mouvements de masse entre 2012 et 2015 (et même avant cette période) ont eu un impact profond sur la conscience de la jeunesse, et plusieurs leçons ont été tirées des victoires et des défaites lors de ces luttes.
La situation devient de plus en plus favorable à la propagation des idées et à la croissance de l’organisation révolutionnaires. Nous avons pu le constater en février dernier alors que La Riposte socialiste tenait son École marxiste d’hiver annuelle. Celle-ci a attiré 200 révolutionnaires, dont la vaste majorité était des étudiant-es. Il s’agissait du plus grand rassemblement de marxistes des dernières années au Canada.
Lors de cette École, une séance portait sur la nécessité de construire une organisation nationale d’étudiant-es marxistes qui pourrait unir sous une même bannière nos clubs. Un plan de lancement de La Riposte socialiste étudiante (Socialist Fightback Students en anglais) fut proposé. Ce lancement allait permettre d’appeler davantage d’étudiant-es de différents campus à s’organiser sous une bannière unique. Lorsque l’appel fut lancé, un clair vote à main levée témoigna de l’enthousiasme face à cette proposition.
Nous voulons maintenant passer de la parole aux actes. La Riposte socialiste étudiante (RSÉ) est officiellement lancée ce 1er mai 2017. Cette date est très opportune, et ce, pour deux raisons. Le 1er mai est bien sûr la journée internationale des travailleurs et travailleuses, une journée marquée par des manifestations de masse tout autour du monde afin de faire avancer la lutte des travailleur-euses et de faire valoir l’unité internationale de la classe ouvrière.
Ce lancement coïncide aussi avec un centenaire important, soit celui de la révolution russe de 1917, où la classe ouvrière a été capable, pour une première fois dans l’histoire, de prendre le pouvoir et de le garder; de renverser les capitalistes, les propriétaires terriens et l’État tsariste. La classe dominante mondiale n’a jamais pardonné aux travailleur-euses russes et au Parti bolchévique leur révolution et déverse constamment ses calomnies sur elle malgré la chute de l’Union soviétique, il y a 25 ans. La haine portée envers la révolution russe n’est pas simplement due au fait que les travailleur-euses et les masses laborieuses ont osé lutter – ce qui arrive bien souvent dans l’histoire – mais qu’ilsparce qu’ils ont gagné.
L’occasion est donc propice au lancement de cette nouvelle organisation étudiante. La Riposte socialiste étudiante se base sur les principes du 1er Mai, soit que l’internationalisme et la lutte de la classe ouvrière seuls peuvent mener au renversement du capitalisme et à la construction d’une société socialiste. Le point de référence le plus important pour le mouvement révolutionnaire aujourd’hui est la révolution d’Octobre de 1917, précisément car elle fut en mesure de l’emporter sur la contre-révolution. Cent ans plus tard, les idées, les méthodes et les traditions du Parti bolchévique de Russie représentent toujours une solide fondation, sur laquelle nous devons bâtir notre organisation.
Quels sont nos principes?
Les principes de La Riposte socialiste étudiante représentent une avancée significative par rapport aux idées qui caractérisent le militantisme au sein du mouvement étudiant au Québec et au Canada.
D’abord, nous ne croyons pas que des solutions à la guerre, au racisme, au sexisme, à la pauvreté et à la destruction de l’environnement puissent être trouvées sous le capitalisme. Selon nous, il est utopique de penser qu’un système économique basé sur la propriété privée, le marché libre et l’État-nation puisse résoudre ces problèmes. Nous croyons que la seule solution authentique à ces maux est le renversement du capitalisme et l’établissement d’une société socialiste. Cela ne veut pas dire que la RSÉ ignore la lutte pour les réformes. Au contraire, les marxistes sont les plus fervents défenseurs de toutes les réformes qui améliorent la qualité de vie de la classe ouvrière et des opprimé-es. Nous voulons relier les différentes luttes à la nécessité du renversement révolutionnaire du capitalisme. À notre avis, c’est précisément à travers la lutte pour les réformes que les travailleur-euses et les pauvres peuvent développer leur conscience de classe et renforcer leurs organisations, ce qui facilite le développement du mouvement révolutionnaire.
Deuxièmement, la RSÉ repose sur les principes de l’internationalisme et de l’unité de la classe ouvrière et des opprimé-es. La seule façon de lutter contre la classe dominante, contre l’exploitation et les différentes formes d’oppression (raciale, nationale, sexuelle, de genre, etc.) est de s’unir dans une lutte commune. Toutefois, la classe dirigeante désigne constamment différents boucs émissaires afin de diviser pour mieux régner, alors que les idées qui prévalent au sein de la « gauche universitaire » tendent à provenir d’une idéologie réformiste et poststructuraliste qui divise les gens en groupes séparés et fondés sur leur identité.
Les marxistes comprennent que différentes expériences vécues par différents individus façonnent les consciences et que chaque personne suit son propre chemin vers la lutte révolutionnaire, mais il est vital que les personnes de diverses origines ou identités s’unissent dans une lutte commune si nous voulons réellement gagner. Dans cette optique, la RSÉ joint ses forces à celles d’autres organisations marxistes révolutionnaires autour du monde afin de coordonner des campagnes et de partager nos expériences.
Il est également important pour nous de surmonter la division nationale entre anglophones et francophones. Les étudiant-es, les travailleur-euses et les mouvements révolutionnaires ont historiquement été incapables de surmonter cette division, et la classe dominante anglophone (tout comme la classe dominante francophone du Québec) tente de maintenir cette division afin d’affaiblir notre lutte. Que nous lancions la RSÉ à un moment où nous avons une base solide tant au Canada francophone qu’anglophone est un fait dont nous ne pouvons sous-estimer l’importance.
C’est en se fondant sur les principes authentiques de l’internationalisme que nous pourrons surmonter les divisions artificielles et forger une lutte unie contre le capitalisme. Cela signifie que nous devons lutter en commun contre l’oppression nationale, le chauvinisme et le racisme auquel font face les Québécois-es. Cela signifie également que nous devons lutter contre l’oppression des immigrant-es, des peuples autochtones, de la population noire et des autres minorités raciales et religieuses.
Troisièmement, nous nous engageons à nous consacrer tant à la théorie qu’à l’activité pratique. Une bonne relation entre les deux est vitale pour mener efficacement la lutte. Sans théorie, les militant-es luttent avec les yeux bandés, incapables de comprendre la nature ou l’origine des problèmes qu’ils tentent de résoudre, et donc d’arriver à des solutions. À l’inverse, sans l’activité pratique, la théorie est insignifiante, abstraite, incorrecte et franchement inutile. La théorie doit être affinée à travers son application au monde réel, et sa justesse est confirmée par sa capacité à prédire et à agir sur les phénomènes sociaux. Nous nous distinguons donc des universitaires, desquels une étude unilatérale de la théorie est typique, de même que des militants-es du mouvement étudiant, qui ont communément recours à la simple activité pratique unilatérale.
Enfin, la RSÉ est basée sur l’idée que la classe ouvrière est la force fondamentale qui peut transformer la société. Seule la classe ouvrière possède le pouvoir collectif, par sa position dans la production, de paralyser le capitalisme et de renverser la classe capitaliste. Les conditions de vie de la classe ouvrière poussent sa conscience vers les idées de la lutte des classes, du socialisme et de l’internationalisme. Les étudiant-es isolés n’ont pas le pouvoir de renverser le capitalisme, car ils sont séparés de la production sociale. Cela tend à les mener vers une conscience et des méthodes de lutte individualistes.
La RSÉ s’engage donc à mobiliser les étudiant-es pour qu’ils appuient les luttes de la classe ouvrière, sur les campus comme en dehors. Cela signifie se rendre sur les piquets de grève, sur les lieux de travail et dans les quartiers où des luttes se développent. Nous devons étendre le radicalisme de la jeunesse à la classe ouvrière plus large. L’une des leçons principales de la grève étudiante de 2012 au Québec est qu’il était nécessaire d’étendre le mouvement à la classe ouvrière, s’il voulait se rendre au point où il pourrait renverser la classe dominante. Nous ne devons pas oublier qu’une grève de 5 000 cheminots coûterait à la classe dominante plus en une seule semaine qu’une grève de 200 000 étudiant-es lui en coûterait en quelques mois.
Notre plan pour l’avenir
La Riposte socialiste étudiante deviendra la bannière pour un réseau d’étudiant-es socialistes à travers le pays. À une époque d’intérêt grandissant pour les idées radicales, le besoin d’un véhicule populaire pour l’activité révolutionnaire se fait sentir. Avec le lancement d’une bannière nationale, il devrait être plus facile de surmonter l’isolement ressenti par certains jeunes et de les assister pour développer plus rapidement une organisation locale.
La RSÉ va également assister les jeunes intéressés par le socialisme en les mettant en relation avec des groupes mieux établis, particulièrement à Toronto et à Montréal où nous sommes organisés depuis longtemps déjà. Nous avons plus de 10 clubs étudiants dans ces deux villes réunies. De plus, nous avons des clubs actifs à Hamilton, Waterloo, Oshawa, Edmonton et Victoria. Les membres de ces clubs vont aider les nouveaux membres de la RSÉ à s’organiser.
Nous en appelons à tous les étudiant-es ou groupes d’étudiant-es qui s’intéressent au socialisme, mais qui vont à un cégep, une université ou une école secondaire où nous n’avons pas de clubs, à communiquer avec nous directement. La RSÉ fera tout en son pouvoir pour vous assister, vous fournir des conseils et des ressources pour démarrer un club local. Nous sommes présentement en train de préparer une trousse de départ pour les nouveaux clubs afin de les aider dans leurs initiatives.
Nous avons également comme objectif d’organiser davantage d’activités coordonnées. Par exemple, il arrive souvent que nos étudiant-es des différents clubs de Toronto ou de Montréal unissent leurs forces dans des manifestations, des grèves ou d’autres actions de protestation. Souvent, des clubs étudiant-es des villes environnantes envoient aussi une délégation! De plus, nous tiendrons des discussions en vue d’organiser des conférences ou des écoles d’un jour de la RSÉ afin de s’assurer que l’éducation politique soit au centre de nos activités.
Enfin, nous avons beaucoup à apprendre des expériences de nos différents clubs. Tirer les leçons d’initiatives et de luttes locales, comparer les tactiques et les idées, partager des ressources, envoyer des militant-es d’un campus à un autre sont d’autres moyens clés pour renforcer nos efforts collectifs. Nous avons l’intention d’utiliser les médias sociaux pour promouvoir les activités et les expériences de nos différents clubs, et le premier pas est de lancer une page Facebook nationale pour la RSÉ.
Des ressources sont disponibles pour distribution publique ou interne et cela permettra à tous les groupes de militant-es de partager l’expérience et les analyses de la RSÉ. Enfin, des déclarations officielles de la RSÉ seront publiées lors d’événements importants pour la lutte étudiante dans son ensemble.
Comme le dit le dicton, le tout est plus grand que la somme de ses parties. La lutte contre le capitalisme ne peut pas être locale. Nous ne pouvons pas renverser ce système sur un seul campus. Les efforts de la jeunesse révolutionnaire doivent être organisés et coordonnés à l’échelle nationale, et le lancement de la RSÉ sera un pas en avant dans cette direction.
Aidez-nous à construire un mouvement politique révolutionnaire!
Les étudiant-es qui se radicalisent doivent être conscients de l’importance de la période historique dans laquelle nous nous trouvons. Depuis 2008, le capitalisme est entré dans une période de crise organique profonde qui sera prolongée. Cela correspondra à un déclin des conditions de vie, à la montée du chômage, à des mesures d’austérité et à l’intensification des guerres régionales, du nationalisme et de la xénophobie. La crise économique s’est répandue à la politique et la société en général. Même si ce processus est moins développé au Canada, la trajectoire est la même.
Cela signifie que les sociétés canadienne et québécoise vont se polariser de plus en plus, de manière similaire au processus dont nous avons été témoins dans des pays comme l’Espagne, la Grèce, le Royaume-Uni, la France et les États-Unis. En conséquence, des mouvements sociaux, industriels et politiques de masse feront irruption. Ce processus a déjà commencé au Québec, et pointe la voie que suivra le reste du pays.
Nous vivons une époque excitante pour les révolutionnaires. Mais cela nous donne aussi un fort sentiment d’urgence face à la tâche que nous nous donnons à accomplir. La lutte va survenir, avec ou sans nous. Cependant, toute l’histoire a montré que sans une organisation révolutionnaire, la lutte contre la classe capitaliste ne peut se conclure par une victoire. La volonté de la classe ouvrière de lutter et de faire des sacrifices pour faire avancer le mouvement est vitale, mais insuffisante en elle-même.
La relation entre la lutte des classes et l’organisation révolutionnaire peut être comparée à la relation entre la vapeur et le piston. La vapeur tend à se dissiper, mais si elle est canalisée à travers un piston, elle peut propulser un train. Les idées, le programme, l’organisation et le leadership révolutionnaires peuvent jouer ce rôle de piston pour le mouvement de masse de la classe ouvrière, et ainsi faire toute la différence entre la révolution et la contre-révolution quand la classe dominante tentera d’écraser le mouvement.
Voilà ce que la Riposte socialiste étudiante veut construire. Nous sommes enthousiastes, nous sommes en pleine croissance, et nous avons les idées et l’organisation pour préparer la défaite du système capitaliste. Mais nous avons besoin de votre implication pour réaliser pleinement ce potentiel. Notre tâche première est de renforcer les clubs existants et d’en construire des nouveaux sur d’autres campus.
La jeunesse se radicalise à un rythme de plus en plus rapide. Elle a désespérément besoin d’un véhicule révolutionnaire à travers lequel elle pourra apprendre et lutter pour l’émancipation de la classe ouvrière et de la jeunesse. Nous en appelons à toutes celles et tous ceux qui se sentent interpellés à s’engager dans la lutte pour enterrer notre société capitaliste pourrissante et donner naissance à une société socialiste!
Pour nous contacter et vous impliquer:
Farshad Azadian, coordonnateur national anglophone
(416) 461-0304
fightback@marxist.ca
Julien Arseneau, coordonnateur national francophone
(514) 973-9614
lariposte@marxiste.qc.ca
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