Si le mouvement actuel se généralise, et surtout si les travailleurs l’appuient par un puissant mouvement de grève,ce gouvernement d’assassins finira par tomber. Mais Ben Ali n’est pasle seul problème à régler. Le régime en place est inextricablement liéaux capitalistes en Tunisie, en France et ailleurs, pour qui la Tunisieest une source d’immenses richesses. Incapables de développerl’économie, ce sont des parasites qui profitent directement des salairesde misère et des conditions de travail indignes. A l’exception de laclasse dirigeante, les Tunisiens ont été transformés en un peupled’esclaves au service de l’industrie touristique et de lasous-traitance. La corruption gangrène les échelons supérieurs del’administration. Le chômage de masse sert les intérêts des capitalistesen intimidant les travailleurs qui ont la « chance » d’avoir un emploi.
Ben Ali couronne tout ce système. Il le protège et le pérennise. Avecses policiers, ses mouchards, ses prisons, sa presse muselée et sesmédias aux ordres, il voulait interdire toute contestation et toutepossibilité de révolte. Mais l’aggravation des conditions de vie de cesdernières années a fini par provoquer une explosion. Les suicides dejeunes, poussés au désespoir par la misère et l’injustice, en ont fournil’étincelle. Ben Ali traite les jeunes manifestants de « terroristes »et évoque l’implication d’Al Qaida. C’est tout simplement ridicule. Larévolte actuelle plonge ses racines dans le sort que subissent lestravailleurs et la jeunesse tunisienne, depuis des décennies.
La réaction du gouvernement français ne devrait surprendre personne.Face à la mobilisation populaire des Tunisiens, Michelle Alliot-Marien’a pas hésité à proposer d’aider la dictature à « rétablir l’ordre » auplus vite ! Le capitalisme français a des intérêts considérables – ettrès profitables – en Tunisie, et ne voudrait pour rien au monde que cesoulèvement vienne troubler ses affaires.
Le gouvernement Sarkozy et les capitalistes français sont en train dedétruire l’économie nationale. Les services publics sont saccagés, lechômage et l’emploi précaire se généralisent et s’aggravent. Laproduction chute, tout comme les exportations et les importations, quiont enregistré une baisse de 17 %, en 2010. Cette situation n’existe pasqu’en France. Le capitalisme a plongé toute l’Europe dans une criseéconomique extrêmement grave, qui a eu des répercussions désastreusesdans tous les pays du Maghreb. Le capitalisme a ruiné les Etats. A forcede verser des milliards pour « stimuler » la rentabilité et remettre àflot les banques que des opérations spéculatives menaçaient de couler,les Etats ont, à leur tour, accumulé des dettes colossales. Enconséquence, l’Europe et la France ne pourront pas connaître une repriseéconomique significative dans les années à venir. Cette situationaggravera la misère des jeunes et des travailleurs de Tunisie, du Marocet d’Algérie.
Il est impossible de savoir à l’avance si la révolte actuelle setransformera en une révolution, à court terme. Cette possibilité estinhérente à la situation. Mais le facteur décisif est celui de l’entréeen action des travailleurs tunisiens – qui, à la différence desjeunes chômeurs, ont le pouvoir de paralyser toute l’économie et toutel’administration du pays. Sous la pression du mouvement, la directionnationale de l’UGTT a appelé à deux heures de grève générale pourdemain, vendredi 14 janvier. Une solide grève générale laisseraitsuspendus en l’air, non seulement Ben Ali, mais aussi tous les grandscapitalistes exploiteurs qui soutiennent son régime. L’armée et lapolice ne suffiraient plus pour protéger le régime.
Beaucoup de soldats sont issus du peuple et sont solidaires desmanifestants. Mais ils se demandent combien de temps ce mouvement vadurer et à quoi il va aboutir. S’ils défiaient les chefs militaires etsi le mouvement s’essoufflait, ils en payeraient les conséquences, euxet leurs familles. La vengeance du régime serait terrible. Mais si lemouvement prend véritablement une ampleur de masse, notamment par lebiais d’une grève générale, une fraction importante des forces arméespourrait se rallier à la cause du peuple. C’est alors que s’ouvriraitune période de révolution et la possibilité d’en finir avec lecapitalisme en Tunisie – et, par contagion, dans l’ensemble du Maghreb.En France et à travers l’Europe, une telle évolution donnerait unepuissante impulsion à la lutte des travailleurs contre le capitalisme.
SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE TUNISIEN !