La question des changements climatiques et de l’environnement sont une des grandes préoccupations de la jeunesse d’aujourd’hui. Il devient de plus en plus évident qu’une exploitation insoutenable de l’environnement ne puisse continuer aussi intensément. Une des mesures qui est gagnante chez les patrons et la classe dirigeante, et qui est supposée relâcher la pression faite sur l’environnement est la taxe sur le carbone, comme celle implantée en Colombie-Britannique en 2008. Cinq ans plus tard, pouvons-nous dire que la taxe sur le carbone aide véritablement à protéger l’environne ment, ou n’est-elle simplement qu’un outil de plus parmi l’arsenal des patrons pour transférer plus d’argent dans les comptes bancaires des sociétés ?
Il est douteux que Bay Street et leurs alliés soient si enthousiastes à propos de la taxe sur le carbone. À la récente conférence des Premiers Ministres canadiens, la Première Ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, affirma que la taxe sur le carbone était déjà une politique efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans la province. Un nouveau rapport de l’Université d’Ottawa fit l’éloge de la taxe, pendant que le magazine The Economist étiqueta la Colombie-Britannique comme « la terre de l’écologie et de l’argent », faisant référence à la taxe comme un exemple d’ « intérêts verts » conciliés aux affaires. Même plusieurs groupes environnementaux félicitèrent le gouvernement de Colombie-Britannique, prenant supposément la question environnementale au sérieux.
En revanche, le coût de la taxe sur le carbone a été supporté par un seul groupe de personnes – les travailleurs et travailleuses – pendant que les grandes compagnies en Colombie-Britannique en ont bénéficié à travers de nombreuses indemnités d’impôts et de subventions données par le gouvernement provincial. Bien qu’il y ait eu quelques résultats positifs dans la réduction des émissions de carbone, les réductions sont toujours loin derrière ce que les scientifiques pensent nécessaires pour arrêter les pires effets des changements climatiques.
Qu’est-ce que la taxe sur le carbone de la Colombie-Britannique ?
En 2008, le Premier Ministre de la Colombie-Britannique à l’époque, Gordon Campbell, mit de l’avant le Plan d’action climatique, supposément afin de réduire les émissions de carbone et pour faire de la province un leader dans le développement alternatif au carbone. C’est le même Gordon Campbell qui, en 2002, avait exprimé sa « grave inquiétude » concernant le protocole de Kyoto, qui déréglementa des parties de l’industrie forestière, ignora l’opinion des scientifiques des pêcheries et rouvrit l’aquaculture de la morue en Atlantique et qui maintenant, dans son emploi confortable de Haut commissionnaire canadien au Royaume-Uni, fait du lobby comme représentant des sables bitumineux en Europe. Le curriculum vitae de Campbell ne suggère pas qu’il ait déjà été un ami de l’environnement.
Campbell était d’ailleurs un des plus gros ennemis du mouvement travailliste en Colombie-Britannique. Immédiatement après leur élection, les libéraux britanno-colombiens procédèrent aux plus vicieuses attaques contre les travailleurs du secteur public dans l’histoire de la province, incluant le saccage de rien de moins qu’un tiers des services sociaux d’un seul coup. Le gouvernement Campbell détruisit les dépenses sociales et procéda à une privatisation des services et des secteurs-clés de l’économie. Gordon Campbell et les libéraux étaient le gouvernement de rêve de la classe dirigeante britanno-colombienne.
Le Plan d’action climatique, dont les deux enjeux les plus importants étaient l’introduction d’une taxe sur le carbone et la création d’un « marché du carbone », était une bonne manière pour les libéraux de Campbell de se présenter comme progressistes pour en fin de compte promouvoir les grandes entreprises en Colombie-Britannique. La taxe sur le carbone, en particulier, ne fait rien, à part faciliter le transfère d’argent dans les poches des travailleurs vers les comptes des élites bancaires.
Même au point de vue de l’économie bourgeoise, la taxe sur le carbone est considérée comme une taxe régressive sur la consommation ; puisque c’est une taxe à taux unique, les gens qui ont de moindres revenus paient beaucoup plus que ceux avec de plus grands revenus (particulièrement les entreprises). La taxe sur le carbone opère en imposant un prix pour les entreprises pour tout le carbone qui est produit dans la province. Le problème de cette méthode, sous le capitalisme, est que les entreprises opèrent seulement sous la base de réaliser le plus gros profit possible. De ce fait, toute augmentation des coûts sera épongée par les consommateurs. Ce qui suit est un exemple concret des effets de la taxe sur le carbone sur les travailleurs ordinaires : le prix du carbone en Colombie-Britannique est fixé à 25 dollars la tonne. L’industrie pétrolière refile la facture en surchargeant 7 sous le litre sur l’essence vendu en Colombie-Britannique.
Ces surcharges, du moins dans l’esprit des patrons, devraient commencer à créer un « tournant vert » dans l’économie. Parce qu’il y a de véritables coûts associés aux industries dont l’utilisation de carbone est très élevée, les industries et les gens devraient commencer à prendre des décisions « vertes » dans le but d’épargner de l’argent. Cette théorie du « tournant vert » ne s’est pas bien transposée dans le monde, encore une fois à cause des limites inhérentes du système capitaliste. Plusieurs entreprises ont trouvé de petits avantages à revoir leurs méthodes de production après avoir bénéficié des réductions d’impôts et de subventions du gouvernement britanno-colombien, en compensation de l’augmentation des coûts de production. Plusieurs travailleurs voudraient indéniablement faire des changements dans leur mode de vie, cependant, ils ne peuvent pratiquement pas le faire. Les gens ordinaires n’ont pas d’argent en plus qui attend simplement d’être investi dans une nouvelle alternative verte. Au lieu de cela, ils sont taxés en consommant les biens qui sont nécessaires à la vie, que ce soit du chauffage de leur maison jusqu’au transport pour se rendre au travail. Par exemple, plusieurs travailleurs et étudiants souhaiteraient moins utiliser leur voiture, mais ne peuvent le faire, en raison du peu d’investissements dans les transports publics. D’autres souhaiteraient investir dans des technologies vertes pour la maison, mais en sont incapables, puisque le coût est encore trop élevé. Pendant ce temps, bien que le vrai salaire continue de stagner, le portefeuille des travailleurs continue de s’appauvrir, comme ils font face à des coups plus élevés pour les nécessités de bases de la vie.
Le soi-disant « tournant vert » n’est pas arrivé non plus pour les entreprises. Comme l’économie globale continue de résister, le gouvernement libéral de Colombie-Britannique craint que la taxe sur le carbone repousse les investisseurs et rende non compétitive l’économie de la province. Pour prévenir cela, le gouvernement provincial a injecté des centaines de millions de dollars, si ce n’est pas davantage, pour les entreprises, sous la forme d’exemptions d’impôts et de subventions gouvernementales – essentiellement pour renverser les effets de la taxe sur le carbone et pour donner aux entreprises des raisons pour s’orienter vers une production plus verte. Voici donc la logique pervertie des solutions environnementales sous une base marchande – en fin de compte, toute discussion pour défendre l’environnement prend fin, si le profit est mis à risque.
Pour atteindre les objectifs en matière de réduction du carbone en Colombie-Britannique, le Centre canadien pour des politiques alternatives estime que la taxe sur le carbone devra être augmentée à 200 dollars par tonne, d’ici 2020. Tout cela pour finalement pousser les entreprises à adopter une production verte, ce qui signifie une augmentation de 8 fois celle qui est imposée en Colombie-Britannique à l’heure actuelle. Même si le gouvernement provincial ne renflouait pas les coffres des entreprises, ce genre de coûts serait inévitablement épongé par les travailleurs.
Une véritable solution à la crise environnementale
Malgré la plupart des interprétations positives des plus grandes entreprises de presse capitalistes, les politiques du gouvernement libéral de la Colombie-Britannique n’ont pas réussi à rapprocher la province de ses objectifs en terme d’émissions de carbone. Sous le Plan d’action climatique de la Colombie-Britannique, l’environnement est devenu secondaire aux véritables objectifs du gouvernement – enrichir encore plus les comptes bancaires des grandes entreprises de la province. Et même si le capitalisme pouvait régler la crise environnementale, ce serait seulement à condition que les profits ne soient pas menacés. Cela veut dire que tous les coûts négatifs seraient épongés ultimement par les travailleurs et la jeunesse.
N’importe quelle tentative sérieuse de défense de l’environnement devra nécessairement commencer avec le retrait du profit. Le début devra être la nationalisation des grandes industries de la Colombie-Britannique ainsi que de celles à travers le pays, en les plaçant sous le contrôle des travailleurs, avec un plan de production démocratique. L’économie doit se baser sur les besoins actuels de la société, au lieu de l’être sur les rapports d’investissements trimestriels. De plus, quels intérêts les travailleurs et les jeunes auraient-ils à détruire leur propre environnement ou celle des générations futures? En utilisant la richesse générale disponible dans la société d’aujourd’hui, des investissements majeurs dans les infrastructures pourraient prendre place, créant des biens de qualité et un système de transport public gratuit. Des sources d’énergies durables pourraient être découvertes et mises à la disponibilité de tous, au lieu d’être limitées en raison du prix.
Protéger l’environnement ne devrait pas être une autre façon de faire de l’argent sur le dos des travailleurs en la donnant à Bay Street. Il est temps de montrer ce que la taxe sur le carbone est réellement – un vol d’argent par les riches déguisé en un « tournant vert ». Commençons la lutte pour le socialisme pendant qu’il est encore temps de protéger l’environnement. Ne laissons pas le capitalisme vendre la planète!