L’affaire Amira Elghawaby défraie les manchettes sans cesse depuis plus d’une semaine. Les nationalistes identitaires, avec la CAQ, Richard Martineau et Mathieu Bock-Côté en tête, mènent une croisade pour la faire démissionner, elle qui a été nommée nouvelle représentante spéciale du Canada responsable de la lutte contre l’islamophobie. Ils l’accusent d’avoir professé une haine des Québécois par le passé. Mais les nationalistes identitaires ont réussi à entraîner avec eux dans leur lutte le Parti libéral du Québec, les chroniqueurs du journal La Presse, et presque l’ensemble de la classe politique et médiatique québécoise. Québec solidaire, de son côté, tergiverse et plie sous cette pression également.
Il y a quelques semaines, les sit-in d’infirmières en détresse et l’état pitoyable du réseau de santé étaient sur toutes les lèvres. Cette histoire arrive comme la diversion parfaite pour François Legault et la CAQ : rien de mieux qu’une bonne petite guéguerre nationaliste contre le gouvernement fédéral pour faire oublier les problèmes des travailleurs que la CAQ est incapable de régler. Trudeau profite aussi de ce débat qui divise pour se donner des airs faussement progressistes. Cette histoire a des conséquences réactionnaires d’un bout à l’autre.
Pure hypocrisie
Les mêmes nationalistes qui aiment dénoncer les « wokes » et leur « cancel culture » veulent définitivement « canceller » Elghawaby. Le 31 janvier, moins de cinq jours après sa nomination, l’Assemblée nationale avait déjà adopté à l’unanimité (QS s’est abstenu) une motion demandant sa révocation. Le lendemain à Ottawa, le Bloc québécois a aussi exigé son départ.
Il est fascinant de voir la rapidité avec laquelle tout l’establishment politique québécois s’est joint au tapage. Pourtant, personne n’a demandé le départ du ministre caquiste Jean Boulet quand il a prétendu à tort que le variant omicron arrivait par les immigrants traversant le chemin Roxham, ni quand il a colporté le mensonge raciste que 80% des immigrants ne travaillent pas. Aucun média n’a demandé la démission du premier ministre François Legault quand il a associé l’immigration à l’extrémisme et la violence dans la dernière campagne électorale.
Avant cela encore, aucune crise politique n’était survenue lorsqu’en 2016, Jean-François Lisée, alors chef du PQ, avait laissé entendre que les femmes portant la burqa pourraient cacher des bombes. Aucun tollé non plus à l’Assemblée nationale quand, en 2021, Yves-François Blanchet a insinué que le ministre fédéral Omar Alghabra était lié au mouvement islamique politique, en répétant un mensonge raciste tiré du site de fausses nouvelles d’extrême droite Rebel News.
Ces exemples pourraient être multipliés sans fin. Les nationalistes qui crient au scandale depuis une semaine n’ont aucun droit de donner des leçons à quiconque sur les préjugés et la haine. Depuis des années, ils véhiculent sans cesse les pires préjugés sur les immigrants, et les personnes musulmanes en particulier. Et c’est justement cette trame de fond qui est entièrement absente de la critique des propos de Mme Elghawaby.
Pourquoi ce tollé?
Qu’est-ce qu’a dit Amira Elghawaby pour autant choquer? En 2019, dans un texte qu’elle a cosigné dans le Ottawa Citizen portant sur la Loi 21, elle a affirmé : « La majorité des Québécois semblent influencés non pas par la primauté du droit, mais par un sentiment antimusulman. » Elle s’appuyait sur un sondage de l’époque indiquant que 88% des Québécois qui voyaient négativement l’Islam soutenaient la Loi 21 – comme le révélait la phrase suivante de la lettre, que les médias se sont bien abstenus de citer dans son contexte. Le même sondage montrait que 59% des Québécois appuyaient une forme d’interdiction de port de signes religieux pour certains employés de l’État.
Ce texte a été écrit dans le contexte où la CAQ venait d’adopter cette tristement célèbre Loi 21, qui interdit aux personnes en position d’autorité, notamment les enseignantes, les policiers et les juges, de porter des signes religieux. Mais cette loi ne sortait pas de nulle part.
Elle est le produit de plus d’une décennie de « débats » incessants sur l’Islam et l’immigration, dans la foulée des interventions militaires occidentales qui ont déstabilisé le Moyen-Orient et provoqué une vague de réfugiés et de terrorisme islamiste. Nous avons vu l’invention de toutes pièces, à coup d’articles sensationnalistes, d’une crise autour des « accommodements déraisonnables » supposément demandés par les immigrants, qui a mené à la Commission Bouchard-Taylor en 2008. Par exemple, le village de Hérouxville avait adopté un code de conduite à l’intention des immigrants, pour les informer qu’il est interdit dans la municipalité de lapider les femmes, de les brûler vives ou de pratiquer l’excision sur elles. Sautant sur une recommandation de la Commission Bouchard-Taylor, qui proposait de renforcer la laïcité de l’État, le Parti québécois, la CAQ et son ancêtre l’ADQ, et les chroniqueurs nationalistes du Journal de Montréal ont entretenu sans cesse l’idée qu’il y avait un énorme problème de manque de laïcité au Québec. Quiconque était conscient politiquement durant cette période se rappellera que tout ce « débat » tournait presque exclusivement autour du hijab, de la burqa et du niqab.
La rhétorique nationaliste selon laquelle le port du voile par quelques employés de l’État nuirait à la laïcité a été acceptée comme un fait établi, sans la moindre preuve. C’était l’époque où Jean-François Lisée pouvait affirmer qu’il y avait « des niqabs partout » et où la CAQ prenait la peine de faire une publicité télévisée contre le port du tchador. Un discours islamophobe a pu être banalisé et répandu dans les médias. À preuve, durant cette période, les crimes haineux ont monté en flèche, et particulièrement contre les musulmans. Des têtes de porc ont été déposées devant des mosquées. Des femmes voilées se faisaient agresser en public. Toute cette haine a culminé avec l’attentat contre la mosquée de Québec en janvier 2017, qui a fait six morts. Affirmer qu’il y avait un « sentiment antimusulman » entourant l’adoption de la loi 21 au Québec est donc juste.
Or, à l’époque, pratiquement aucun politicien ni aucune personnalité médiatique en vue n’a osé dénoncer fermement les préjugés islamophobes colportés par la CAQ, le PQ de Pauline Marois et Jean-François Lisée, et leurs chroniqueurs de service. Cela inclut la direction de Québec solidaire qui a plaidé jusqu’en 2019 (avant que les membres ne changent la position du parti) pour un « compromis » visant à bannir les signes religieux seulement pour les juges, policiers et gardiens de prison. En l’absence d’un ferme contre-discours sur la scène politique et médiatique mainstream, il n’est pas surprenant qu’une majorité de Québécois aient été amenés à penser à tort qu’il y avait un problème avec le port de signes religieux et qu’il fallait empêcher quelques personnes d’avoir accès à des emplois publics.
Islamophobie décomplexée
Depuis le début du scandale autour de la nomination d’Elghawaby, la croisade des nationalistes identitaires a suivi sa propre dynamique. Le Bloc québécois demande maintenant non seulement sa démission, mais même l’abolition du poste de représentante en charge de la lutte contre l’islamophobie. Yves-François Blanchet affirme que Trudeau a fait de ce poste « un instrument hostile à l’identité et aux valeurs consensuelles du Québec ».
Mais les nationalistes identitaires ne s’arrêtent pas là. Ils vont aussi loin que de remettre en question le terme « islamophobie » lui-même! Une lettre signée par 200 personnalités québécoises va dans ce sens, affirmant que c’est un « terme militant ».
Probablement le pire exemple de cette tendance est une entrevue du chroniqueur du Devoir Christian Rioux avec Richard Martineau le 6 février dernier à QUB radio. Dans un échange digne des pires années de « débat » sur les signes religieux, Rioux a affirmé : « Elghawaby dit que les Québécois sont méfiants à l’égard des musulmans; mais écoutez, avez-vous vu ce qui se passe dans le monde musulman depuis un demi-siècle? »
Martineau, quant à lui, a affirmé : « « Phobie » c’est une peur irrationnelle, c’est-à-dire avoir peur sans raison. Euh, ben j’ai des raisons d’avoir peur de l’Islam! » Et puis, disant qu’on ne peut pas comparer l’antisémitisme et l’islamophobie, et que des gens comme Elghawaby cultivent une ambiguïté sur le terme « islamophobie » lui-même, Rioux a dit : « Madame Elghawaby c’est son métier de faire ça! C’est-à-dire, plus il y a de racisme, plus elle aura du travail! Donc il faut créer du racisme, faut fabriquer du racisme, dans des sociétés qui quand même sont moins racistes que la plupart des autres. »
Rioux nous parle ensuite des « banlieues islamisées » en France, et de ce « mode de vie opposé à la civilité française normale ». Il fait ensuite le lien entre cela et des activités de sensibilisation organisés éventuellement par Elghawaby, et explique :
« Madame Elghawaby avec ses ateliers dont vous parlez, cette espèce de rééducation du peuple, dans le fond sera quoi? [Elle] sera l’agente de développement d’une forme d’islamisme, de ghetto islamique au Québec. »
Ce délire dans lequel une femme musulmane aurait intérêt à ce que le racisme existe et où une fonctionnaire fédérale souhaiterait islamiser le Québec n’est pas accidentel. Legault disait déjà en 2019 lors du dépôt de la loi 21 qu’il n’y avait pas d’islamophobie au Québec. Après plus de 15 ans de discours haineux contre les musulmans, l’islamophobie se fait de plus en plus décomplexée.
En réalité, tous ces gens ont intérêt à maintenir ce genre de débats le plus longtemps possible. La CAQ utilise depuis quatre ans et plus ces débats pour se présenter comme le grand défenseur de la nation insultée par le Canada anglais, ce qui lui permet de faire oublier ses politiques impopulaires et son inaction pour régler les problèmes des travailleurs et des pauvres. Chaque occasion est bonne pour remettre de l’avant la défense de la loi 21, attiser les conflits avec le fédéral et marquer quelques points sur le dos des minorités. Le PQ et le Bloc utilisent ces enjeux pour garder un semblant de pertinence politique. Les chroniqueurs et animateurs de radio, quant à eux, disent les choses les plus grossières pour maintenir leurs cotes d’écoute et leur lectorat.
Et pendant ce temps, les préjugés prennent racine et les minorités en souffrent. Comme le disait une enseignante peu après l’élection de la CAQ en 2018 : « Chaque fois qu’ils commencent à parler des femmes musulmanes dans les médias, nous avons des problèmes dans la rue ». Elle est là, la vraie menace au Québec.
Le Canada de Trudeau
S’il est clair que les nationalistes identitaires se réjouissent d’un nouveau conflit avec le fédéral, Justin Trudeau doit lui aussi se frotter les mains. Quand 67% des Canadiens croient que le pays est brisé, que nombreux sont ceux qui blâment son gouvernement pour l’inaction en santé et l’inflation rampante, il a tout intérêt à alimenter une bonne diversion lui aussi. Les libéraux cherchent à avoir bonne presse et à afficher leur visage de militants contre l’islamophobie. Mais il ne faudrait pas croire une seconde qu’ils prennent cette question au sérieux, et qu’un poste de fonctionnaire va améliorer le sort des personnes musulmanes au Canada.
Sous des belles paroles de « multiculturalisme » et d’ « inclusion » se cache le fait que c’est le Parti libéral qui a lancé la guerre en Afghanistan, qui s’est accompagnée d’une grande propagande antimusulmane. En 2015, le parti a aussi soutenu le projet de loi C-51 qui a élargi les pouvoirs de la police et services de renseignement afin de harceler des musulmans sous couvert de « lutter contre le terrorisme. »
Nous pouvons être certains qu’un poste de responsable de la lutte à l’islamophobie ne changera fondamentalement rien à l’oppression des musulmans au pays. L’attitude de Trudeau sur la question de l’islamophobie reflète son approche générale sur la lutte contre les oppressions : des larmes, de belles paroles, des gestes insignifiants ou symboliques, mais aucun changement concret.
En réalité, Elghawaby ne fait qu’aider Trudeau à se donner un vernis progressiste. Et il faut reconnaître que son article qui a suscité la colère est teinté d’illusions dans l’État canadien et sa Charte des droits et libertés, et dans la prétendue volonté de Justin Trudeau de protéger les minorités. Ses propos dénotent aussi des préjugés communs dans le Canada anglais : « La promesse de paix, d’équité et d’inclusion sociale du Canada ne doit pas être compromise par ceux qui permettent à l’ignorance de façonner notre société. » Dans le contexte de l’article, le sous-entendu est que le Canada serait cette belle démocratie qui protège les minorités, tandis que le Québec serait un repère réactionnaire. Rien n’est plus faux. Il n’y a pas qu’au Québec que les crimes haineux envers les personnes musulmanes ont augmenté au cours des dernières années – le reste du Canada n’a pas été épargné. Entretenir l’illusion libérale que c’est au Québec en particulier qu’il y a un problème ne peut que renforcer le Quebec bashing et les divisions entres les travailleurs du Québec et du Canada anglais.
À une autre occasion, Elghawaby a aussi tweeté « Je veux vomir » à la lecture d’un texte qui affirmait que les Canadiens français étaient le groupe ayant le plus souffert du colonialisme britannique. Cette remarque exagérée et méprisante perpétue le discours de type Quebec Bashing, qui tend à minimiser ou carrément nier l’oppression historique des Québécois. Ce genre de préjugé donne seulement plus de munitions aux nationalistes identitaires dans leur défense de l’islamophobie.
Alors que le nationalisme identitaire s’est intensifié dans les dernières années au Québec, l’establishment politique canadien a sournoisement saisi l’occasion pour se dédouaner de son propre racisme, en tombant dans le Quebec bashing. Par exemple, en 2021, quand un attentat islamophobe a eu lieu à London en Ontario, des politiciens et médias canadiens ont rapidement mis la faute sur la Loi 21. Ceci a été un cadeau pour la droite nationaliste québécoise afin de se présenter comme victime du mépris canadien-anglais. Finalement, ce show de boucane des deux côtés a fait dévier le débat de l’attentat en particulier et de l’islamophobie de la classe dirigeante en général.
En réalité, les « deux solitudes » ne sont pas tant éloignées. Le nationalisme identitaire et le Quebec bashing se renforcent mutuellement, et constituent la même arme au service du patronat pour servir d’écran de fumée et distraire les travailleurs des problèmes urgents. Il est certain qu’une nouvelle guéguerre Québec-Canada fait le bonheur tant de Legault que de Trudeau. L’un met sa cape de super-héros défenseur du Québec, et l’autre son masque de grand humaniste libéral! Mais des deux côtés, leurs costumes empestent l’hypocrisie. La classe dirigeante, bleue comme rouge, se fout des intérêts des travailleurs et des opprimés.
Québec solidaire incapable de résister
Il y a un vieux dicton dans le mouvement socialiste qui dit que « l’ennemi principal est à la maison ». Tandis que la gauche et le mouvement ouvrier du Canada anglais devraient diriger le feu de leurs critiques sur leur propre classe dirigeante anglophone, au Québec, c’est notre propre classe dirigeante et ses partis qu’il faut démasquer d’abord et avant tout. Québec solidaire, de son côté, a tergiversé pour finalement prendre le bord de la CAQ, encore une fois.
Au départ, pourtant, le député de Québec solidaire Haroun Bouazzi a le mérite d’avoir bien expliqué sur twitter la distraction que constituait le sujet : « C’est la rentrée à l’[Assemblée nationale] et le gouvernement de la CAQ n’a pas de plan clair pour la transition énergétique juste, pour l’école publique, pour la crise dans nos hôpitaux ? Les stratèges de Legault : « Regardez ! Là ! Une femme qui porte un voile ! » #diversion #voilerlincompetance »
Mais la direction de QS a patiné et est tombée dans le piège en cherchant à ne pas trop froisser les nationalistes identitaires. Quand la motion pour la démission d’Elghawaby a été présentée à l’Assemblée nationale, les députés solidaires ont choisi de s’abstenir plutôt que de voter contre une motion puant l’hypocrisie. Puis, la porte-parole du parti Manon Massé a éventuellement contredit Bouazzi en disant ne pas croire que François Legault faisait une diversion avec cette question.
Mais ce n’était pas suffisant pour les nationalistes identitaires, qui ont attaqué de concert le parti. L’historien nationaliste et chroniqueur du Journal de Montréal Frédéric Bastien a affirmé : « Au lieu d’être solidaire de leur nation, ils sont solidaires des islamistes! » Le chef du Parti québécois Paul Saint-Pierre-Plamondon a lui aussi accusé QS de « manquer de solidarité » envers les Québécois. Sur la défensive, QS a finalement cédé à la rhétorique nationaliste, et a à son tour demandé la démission d’Elghawaby le 7 février.
Le même jour, les députés solidaires ont aussi déposé une motion à l’Assemblée nationale pour reconnaître l’existence et lutter contre l’islamophobie, laquelle a été bloquée par la CAQ. Si cela a permis de bien exposer le fait que le gouvernement ne veut même pas reconnaître l’islamophobie, il n’empêche que la tergiversation de QS ne peut que donner l’image d’un parti incapable de prendre une position ferme.
Sur les questions « identitaires », la direction de QS est constamment prise entre l’arbre et l’écorce. D’un côté, QS tire ses origines de la gauche anticapitaliste québécoise. L’idée d’un Québec « solidaire » vient de cette volonté de lutter contre l’exploitation et les différentes formes d’oppression. De l’autre, QS semble croire que la base électorale de la CAQ et du PQ est cimentée derrière les préjugés véhiculés par ces partis, et le parti plie donc constamment à la pression nationaliste pour supposément les gagner. La direction de QS tente de plaire à tout le monde, mais le résultat est de ne plaire à personne.
Le ministre caquiste Jean-François Roberge a bien illustré la pression sur QS en disant : « Quand les Québécois se font insulter par le gouvernement fédéral, tous les députés de l’État québécois doivent se lever. Ce n’est pas une diversion, c’est une question de fierté nationale. » La posture nationaliste de gauche de QS l’amène malheureusement trop souvent à faire des concessions aux nationalistes de droite. Les seuls qui y gagnent quoi que ce soit, ce sont ces derniers qui arrivent à projeter l’image d’un consensus autour de leur discours.
Quebec bashing made in Quebec
Quel est le résultat de cette tempête médiatique? Les travailleurs du Québec et du Canada sont à nouveau divisés sur des lignes nationales. Au Québec, Legault en ressort encore une fois renforcé dans son image de père de la nation québécoise, alors qu’il semble qu’il y a unanimité derrière lui. Les chroniqueurs réactionnaires ont recommencé à déverser leur haine et s’en prennent même jusqu’au concept d’islamophobie. Une nouvelle ronde de débat « identitaire » stérile relègue au second rang l’inflation, la crise dans les hôpitaux, les logements inabordables, et les nombreux autres sérieux problèmes de la classe ouvrière.
Il y a également un nouveau contrecoup dirigé vers les militants contre le racisme et l’islamophobie. Toute cette histoire a des conséquences réactionnaires d’un bout à l’autre. Plutôt que de participer à cette grande distraction, QS aurait dû la dénoncer fermement. Sans prendre le côté de Trudeau et des libéraux, il aurait fallu expliquer les conséquences réactionnaires de la croisade entamée par Legault.
C’est à travers des épisodes ridicules comme celui-ci que Legault maintient son image de défenseur des Québécois. Plutôt que de jouer le jeu, nous devons exposer la CAQ et la classe dirigeante qu’elle représente. Chaque fois que la CAQ sort la cassette de « l’unité nationale » ou tente de fomenter les divisions sur des lignes identitaires, nous devrions répliquer en faisant ressortir les divisions de classe.
La classe dirigeante québécoise met les infirmières au K.O., laisse la moisissure s’accumuler dans nos écoles et veut imposer des baisses de salaires dans la fonction publique. Legault et autres bouffons au service du patronat veulent nous faire oublier que ce sont eux les premiers à faire du Quebec bashing, en détruisant nos services et la qualité de vie des travailleurs québécois.
Nous devons le répéter : la classe dirigeante made in Quebec est l’ennemi premier de la classe ouvrière québécoise et c’est notre tâche fondamentale de la combattre.