Lors de la conférence de l’OTAN de cette année, le Canada a été poussé à s’engager davantage dans la course impérialiste aux armements. 

Mais l’argent nécessaire pour payer ces nouvelles armes ne tombera pas du ciel. Il faudra couper dans les écoles, les soins de santé et d’autres services dont les travailleurs ont besoin. 

L’impérialisme américain se cherche des hommes de main

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une alliance regroupant la plupart des principales puissances impérialistes du monde. Son objectif est de maintenir la domination de l’impérialisme occidental. 

Mais la principale puissance de l’OTAN, les États-Unis, est en déclin. Après leurs défaites en Irak et en Afghanistan, les États-Unis sont incapables de mobiliser leur population las de la guerre pour jouer le rôle de gendarme de la planète comme auparavant. Entre-temps, ils sont confrontés à la montée de rivaux impérialistes comme la Chine et la Russie, qui s’imposent de plus en plus sur la scène mondiales et augmentent leurs propres dépenses militaires.

La crise économique et l‘instabilité politique croissante aux États-Unis les obligent à pousser les autres membres de l’OTAN à « partager le fardeau » et à partager le risque politique.

Avant la conférence du 75e anniversaire de l’OTAN cette année, Donald Trump avait fait la une des journaux pour avoir souligné ce fait. Il est même allé jusqu’à suggérer qu’il encouragerait la Russie à attaquer les pays de l’OTAN qui sont à la traîne en matière de dépenses militaires. 

Plus poliment, Joe Biden a également accentué la pression sur tous les membres pour qu’ils atteignent l’objectif de l’OTAN, à savoir consacrer l’équivalent de 2% de leur PIB aux dépenses militaires. Lors de la conférence de l’OTAN, Biden a déclaré avec fierté que « le nombre d’Alliés consacrant au moins deux pour cent de leur PIB à la défense est passé de neuf à 23 ». 

Mais, jusqu’à présent, le Canada ne fait pas partie de ces 23 pays. Les représentants des États-Unis ont eu des mots très durs à l’égard de Trudeau, reprochant à son gouvernement de « vivre aux crochets » des États-Unis.

L’engagement « dur comme fer » de Trudeau envers l’OTAN

Depuis 2016, les libéraux ont, selon les termes de Trudeau, « fait des efforts massifs » envers l’OTAN. Ils ont presque doublé les dépenses militaires annuelles du Canada pour les porter à 33,8 milliards de dollars, et ont élargi l’appareil coercitif  du Canada avec de nouveaux navires de guerre et avions de chasse.

Mais cela reste en deçà des plans de militarisation de l’OTAN.

Reconnaissant la pression exercée par « certaines personnes », Trudeau a plié et s’est engagé à atteindre l’objectif de 2% d’ici 2032. Cela représente des dépenses d’environ 60 milliards de dollars par an, voire plus, à l’avenir.

L’augmentation prévue des dépenses militaires a été applaudie par les grands médias canadiens, qui insistent sur le fait que « nous » avons besoin de l’OTAN « maintenant plus que jamais ».

Bay Street est également enthousiaste de voir Trudeau s’engager davantage dans l’OTAN. Le principal lobby représentant la classe dirigeante du Canada, le Conseil canadien des affaires, a imploré Trudeau d’atteindre l’objectif de l’OTAN et de « travailler en coopération avec nos alliés de l’OTAN » pour défendre « nos intérêts ». Le Conseil a précisé qu’il entendait par là les intérêts des « entreprises canadiennes » qui sont censées être « dans la ligne de mire » des rivaux économiques « à l’étranger ».

Il est intéressant de noter que le leader conservateur Pierre Poilievre a convenu que le Canada devait répondre à l’appel de l’OTAN par une « culture guerrière » – mais il a également laissé entendre que cela serait difficile à financer – parce que « le pays est sans le sou ».

Mais surtout, alors que ces porte-parole bourgeois sont tous unanimes sur la nécessité d’augmenter les dépenses militaires, aucun n’est prêt à dire ce qu’il veut qu’on coupe de plus pour les financer.

De l’argent pour des bombes et des fusils, mais rien pour les travailleurs

Depuis 2022, le gouvernement Trudeau a fait de son mieux pour augmenter les dépenses militaires du Canada, tout en « se serrant la ceinture » ailleurs.

Des bureaucrates fédéraux ont déjà été chargés de trouver des coupes dans les programmes de transfert aux provinces – les plus importants étant dans les soins de santé et les programmes sociaux – et ont supprimé des milliers d’emplois dans le secteur public. Avec la stagnation de l’économie canadienne, la pression pour couper davantage afin de respecter les engagements de l’OTAN sera d’autant plus forte.

En même temps, l’opinion publique n’est guère favorable à ce que le Canada devienne une puissance impérialiste plus agressive. La plupart des Canadiens étaient opposés à la participation à la guerre des États-Unis contre l’Irak en 2003 et à la guerre de l’OTAN contre l’Afghanistan.

Trudeau et ses conseillers mettent déjà en garde contre une « polarisation » croissante et une « déchirure » du « tissu » de la société canadienne.  Si le Canada doit « partager le fardeau » des plans de militarisation, le gouvernement sera contraint d’introduire des mesures d’austérité. La capacité du gouvernement à éviter la polarisation et le mécontentement ne fera que s’amenuiser. 

De la bouffe, pas des bombes; la santé, pas la guerre

Cette augmentation des dépenses militaires n’est pas propre à l’OTAN. Les tensions augmentent entre les blocs impérialistes rivaux dans le monde entier. Nous entrons dans une ère de multiplication des conflits, des guerres commerciales et des guerres tout court. En fait, en 2023, les dépenses militaires mondiales n’ont jamais été aussi élevées, après un bond de 7% en un an.

Les travailleurs n’ont aucun intérêt dans ces guerres de rapine entre gangsters impérialistes. L’ennemi est chez nous : c’est notre classe dirigeante qui s’attaque aux travailleurs dans notre pays pour financer ses guerres à l’étranger. Le mouvement ouvrier doit s’opposer à tous les efforts en faveur du militarisme.

Mais la guerre et le militarisme ne sont pas simplement le fait de politiciens mal intentionnés. La guerre est inévitable dans la phase impérialiste du capitalisme, et plus encore en contexte de la crise mondiale du capitalisme, alors que les grandes puissances luttent désespérément pour leur part d’un butin qui fond peu à peu. 

Nous ne connaîtrons une paix véritable et durable que lorsque nous aurons renversé les impérialistes et balayé le système capitaliste. Ce n’est que dans un monde communiste, où les richesses de la société sont entre les mains de l’ensemble de la classe ouvrière, qu’il n’y aurait pas besoin d’« alliances militaires », de course aux armes ou de guerres. Au lieu de cela, nous utiliserions les richesses actuellement gaspillées en guerres et en tueries pour fournir des écoles, des maisons, de l’éducation et des emplois pour tous.