Cet article a été publié en anglais le 20 octobre 2017 sur le site In Defence of Marxism (www.marxist.com).
Une guerre unilatérale et silencieuse se déroule en Méditerranée, depuis des années. Non pas une guerre dans le sens traditionnel du terme : ce n’est pas un affrontement entre armées belligérantes ; c’est une guerre que mène le « monde civilisé », fermement retranché sur ses positions, contre des centaines de milliers de civils. Leur seul crime : vouloir désespérément fuir la pauvreté, les conditions de vie insupportables et la destruction de leur pays natal, qui met en péril leur subsistance même. Ils rêvent d’une vie meilleure pour eux et leur famille, en Europe.
Au cours des 15 dernières années, 30 000 hommes, femmes et enfants se sont noyés alors qu’ils essayaient d’atteindre les côtes européennes. Et le nombre de victimes continue d’augmenter d’année en année.
Malgré tout, bien plus nombreux sont ceux qui parviennent à entrer en Europe, en passant par les routes qui mènent aux côtes grecques, italiennes ou espagnoles. Mais beaucoup sont arrêtés en chemin, voire sont interceptés en mer avant même d’avoir atteint les eaux internationales, et sont rapatriés et envoyés dans des camps spéciaux en Turquie, en Libye ou au Maroc, où ils sont détenus dans des conditions inhumaines. Là, ils attendent pendant des mois que quelque chose se passe ; beaucoup meurent de privations et de maladies facilement curables.
Beaucoup disparaissent dans le désert, ou sont capturés en Libye par des trafiquants qui les obligent à travailler en échange d’une place sur le bateau des passeurs clandestins. Les femmes sont souvent forcées de se prostituer, et tous, hommes, femmes et enfants, sont maltraités, brutalisés ou tués. Cette situation est suivie de très loin, au mieux, par la soi-disant communauté internationale : les armées, la police, les gardes-frontières, les gardes-côtes, et, bien sûr, les criminels « officiels » à qui profite le trafic d’êtres humains.
Personne ne sait réellement combien de migrants sont morts ou ont disparu, parce que personne n’a les moyens de contrôler ce qui se passe sur de grandes parties du territoire qui sont sous la mainmise de gangs criminels et de seigneurs de guerre.
Pendant ce temps, les gouvernements européens jouent à se renvoyer la responsabilité, avec leur cynisme habituel. Ils versent des larmes de crocodile ; ils présentent cette tragédie comme une catastrophe naturelle dans laquelle ils ne sont en rien impliqués. Comme si l’ingérence ou l’intervention directe des impérialistes n’avaient aucun rapport avec la guerre en Syrie, la guerre que mène l’Arabie Saoudite au Yémen, la destruction de l’Etat libyen ou encore les nombreux conflits qui frappent les populations d’Afrique subsaharienne.
Le nombre de morts en Méditerranée a atteint des records au cours des 12 derniers mois. D’après des estimations publiées en septembre par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, 4 337 personnes sont mortes en mer, en l’espace d’un an, alors qu’elles essayaient de regagner l’Europe, principalement depuis la Libye. L’année précédente, ce nombre s’élevait déjà à 4 185. En outre, ces estimations s’appuient uniquement sur les données disponibles ; le nombre réel de victimes est sans doute bien plus élevé.
Les causes qui ont provoqué cet afflux de migrants et de réfugiés sont évidentes : c’est le résultat de l’instabilité générale dans laquelle ont été plongés, les uns après les autres, les pays du Moyen-Orient, du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne. Dans certains cas, l’intervention armée directe des puissances impérialistes européennes et occidentales – et de leurs alliés – a amplement contribué au chaos.
Non seulement tout ceci provoque un afflux croissant de migrants qui tentent de fuir des conditions de vie inhumaines, mais cela favorise les activités des organisations criminelles et des seigneurs de guerre locaux qui profitent du trafic d’êtres humains.
Le pillage de l’Afrique
L’exploitation impérialiste des ressources naturelles d’Afrique (tant sous le régime colonial que post-colonial, et ce jusqu’à aujourd’hui encore) génère des revenus et des profits qui sont détournés du continent et mettent en péril la subsistance de millions d’habitants. Des accords commerciaux inégaux et abusifs ont déstabilisé les économies plus faibles, détruisant ainsi les petites productions agricole et artisanale locales.
La corruption systématique des élites locales, qui récoltent une part du butin, est le moyen privilégié des impérialistes pour garantir que leurs intérêts sont bien servis. Preuve de la participation des élites africaines au pillage impérialiste du continent, 500 milliards de dollars ont été placés par de riches Africains dans des paradis fiscaux, d’après une étude de 2014, pendant que la majorité de la population sombre dans la pauvreté.
Mais cela ne suffit pas à expliquer l’ampleur des ravages causés par la domination impérialiste. La concurrence que se livrent les puissances impérialistes rivales pour accroître leur influence, s’emparer des ressources et conquérir les marchés a sous-tendu d’innombrables coups d’Etat, conflits et guerres civiles qui dévastent le continent africain et d’autres régions du monde.
Ceci dit, les millions de migrants ne fuient pas seulement la guerre : ils fuient aussi la pauvreté et la dégradation générale de leurs conditions de vie. Les gouvernements européens s’adonnent à une parodie de justice lorsqu’ils tentent hypocritement de justifier leurs politiques migratoires répressives par une distinction entre réfugiés politiques « légitimes » (fuyant la guerre et les régimes oppressifs) et migrants économiques prétendument « illégitimes ».
L’Europe « forteresse »
La progression quotidienne du nombre de morts en mer fait rarement les gros titres, à moins que la tragédie ne prenne des proportions telles qu’il devient impossible de la passer totalement sous silence. C’est ce qui s’est produit en mai 2017, lorsque deux incidents indépendants ont eu lieu le même jour : deux bateaux ont chaviré, et 210 personnes se sont noyées. De même, le 11 octobre 2016, une embarcation de 260 passagers, sur le point de couler, a lancé des appels de détresse, qui ont été sciemment ignorés par les gardes-côtes italiens, dont le bateau de patrouille Libra n’était qu’à quelques kilomètres, attendant les ordres pour intervenir. Mais il y avait un désaccord avec les autorités maltaises sur la question de savoir qui devait intervenir. Ce délai a entraîné la mort de dizaines de réfugiés. L’enregistrement de leurs appels de détresse expose au grand jour les réactions désinvoltes des autorités italiennes, et, une fois fuité au magazine italien L’Espresso, a provoqué un scandale retentissant.
Que s’est-il passé depuis la crise des réfugiés de 2015, quand des centaines de milliers de personnes ont voulu entrer en Europe en passant par la Turquie et la Grèce, et ont traversé les Balkans afin d’entrer en Hongrie, en Autriche et, finalement, en Allemagne ? Les déclarations d’Angela Merkel, qui avait promis d’accueillir les réfugiés syriens, furent bien vite oubliées. Quelques mois plus tard, en mars 2016, l’UE signa un accord migratoire avec la Turquie : désormais, tout réfugié qui pénétrait sur le territoire grec (y compris les demandeurs d’asile) serait automatiquement renvoyé en Turquie.
Les organisations des droits de l’homme ont, en vain, dénoncé cet accord, soutenant qu’il était contraire tant au droit européen qu’à la Convention des Nations Unies relative aux réfugiés. On voit bien là comment le « droit » international se voit manipulé ou contourné, pour mieux servir les intérêts des puissants, quels qu’en soient les coûts humains. En échange, l’UE s’est engagée à donner 6 milliards de dollars au gouvernement turc, sous le prétexte d’apporter assistance aux 2,7 millions de Syriens qu’on estimait être en Turquie à ce moment-là.
Même en fermant effectivement le passage par la mer Egée, les gouvernements européens n’ont pas mis fin à l’immigration. Ce qu’ils ont réussi à faire, en revanche, est de fermer toutes les routes sauf celles qui sont quasi impraticables et extrêmement dangereuses – comme celles qui obligent à traverser le désert en passant par la Libye ou par le Maroc.
Mettre fin à l’immigration est tout à fait impossible. Vu les données officielles publiées par l’ONU, estimant que le nombre de réfugiés dans le monde dépasse les 65 millions, seule une infime proportion tente de venir en Europe. Au sein de la population globale de réfugiés, on compte 5,3 millions de Syriens au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Iraq et en Egypte. Il y en a plus 3 millions en Turquie et plus d’un million au Liban.
Ces réfugiés ont essayé de rester aussi près que possible de leur pays natal, dans l’espoir d’un jour pouvoir y retourner. Pendant ce temps, dans leur pays d’accueil, ils ont un statut incertain. Ils n’ont pas le droit de travailler légalement, et la plupart d’entre eux n’a aucun revenu, pratiquement pas accès aux soins ou, pour les enfants, à l’éducation. Ils ne touchent que très peu d’argent en dehors de ce qu’ils reçoivent ponctuellement de l’aide internationale, et se voient ainsi obligés de dilapider leurs économies.
Après 7 ans de guerre en Syrie, de plus en plus de réfugiés abandonnent l’idée qu’il reste quelque chose qui les attend dans leur pays, et ils sont de plus en plus nombreux à tenter d’entrer en Europe. C’est un phénomène qu’on retrouve partout où la guerre, la famine ou d’autres désastres ont déplacé les populations.
Il faut se figurer des embarcations de fortune ou de canots pneumatiques par dizaines voire par centaines, surchargés, à bord desquels se profilent des hommes, des femmes et des enfants, inquiets, affamés et déshydratés, quittant les eaux libyennes pour prendre le large : tel est l’enfer que vivent les migrants. Ils sont recueillis par milliers par les gardes-côtes italiens ou grecs, ou par les nombreuses ONG qui ont pris le relai des autorités européennes, celles-ci ayant décidé de se désengager de toute opération de recherche et de sauvetage dans les eaux internationales. Cette décision est à l’origine d’une augmentation considérable du nombre de décès en mer.
Amnesty International a dénoncé les conséquences funestes de ces politiques dans un rapport publié en juillet dernier (A perfect storm : The failure of European policies in the Central Mediterranean). En laissant aux ONG la responsabilité de toute opération de recherche et de sauvetage, et en renforçant la coopération avec les gardes-côtes libyens, les gouvernements européens se montrent prêts à laisser augmenter la mortalité en mer et à fermer les yeux sur les abus dont sont victimes les migrants renvoyés en Libye, y compris la torture et le viol.
« Les Etats européens ont progressivement abandonné toute stratégie de recherche et de sauvetage, qui permettait de limiter le nombre de morts en mer, au profit d’une stratégie qui a laissé des milliers de personnes se noyer », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe d’Amnesty International.
Au lieu de cela, les gouvernements européens ont redéfini leurs priorités : « réguler » les flux migratoires et « s’attaquer aux réseaux de trafic de migrants » : autant d’euphémismes hypocrites qui désignent le durcissement de la répression, le renforcement des contrôles frontaliers, ainsi que l’argent et les ressources fournis aux autorités turques, libyennes et marocaines afin qu’elles barrent la route aux migrants. Cette stratégie a entraîné l’augmentation du taux de mortalité, qui a triplé entre le second semestre de 2015 et 2017, passant de 0,89 % à 2,7 %.
La Libye : un Etat en ruines
Ce qui se passe en Méditerranée est symptomatique de la maladie du capitalisme. Mais ce n’est là que la partie immergée de l’iceberg. Des milliers de migrants meurent avant même d’avoir pu atteindre les côtes de la Turquie ou du Maghreb.
Ceux qui sont sauvés en mer par les gardes-côtes libyens dans les eaux territoriales libyennes sont ramenés en Libye. Là, ils sont considérés comme illégaux et emprisonnés dans des entrepôts de tôle ondulée, exposés à la chaleur, dans des conditions sordides, sans assistance médicale, privés d’eau et de nourriture, brutalisés par les gardes – et simplement oubliés.
D’après son enquête publiée en février 2017, la journaliste italienne Francesca Mannocchi a estimé que le centre de détention officiel de Gharyan, à Tripoli, hébergeait 1 400 personnes (dont 250 enfants), entassées dans 15 entrepôts différents. Son compte-rendu dépeint l’insalubrité, le manque d’eau et de nourriture, l’espace insuffisant ne serait-ce que pour s’allonger et dormir… Or ce sont les conditions de vie dans un centre de détention officiel.
Le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis ont déclaré, de façon tout à fait hypocrite, que ce sont des arguments humanitaires qui ont motivé leur campagne de bombardement contre le régime de Kadhafi en 2011. Mais depuis la chute du régime, la Libye a plongé dans le chaos ; les milices rebelles se sont plus ou moins alignées sur des gouvernements rivaux, ou bien se sont mises à opérer de façon autonome en établissant des fiefs soumis à leur contrôle direct. L’effondrement du pouvoir central a fait de la Libye un terrain propice au développement du trafic clandestin. Les passages par la Turquie et la Grèce étant fermés, la seule possibilité pour les migrants africains est de transiter par la Libye. Graduellement, le trafic clandestin est devenu la source principale de revenu pour les seigneurs de guerre et les milices locales.
Entre 200 000 et 300 000 migrants africains sont aujourd’hui sur le territoire libyen, particulièrement vulnérables aux abus, qu’ils travaillent en Libye, soient tenus en quasi-esclavage ou attendent de pouvoir passer en Europe.
Les migrants sont détenus par des groupes armés qui prétendent appliquer la loi, mais ne font qu’extorquer de l’argent ou forcent à travailler en échange d’une place sur un de leurs bateaux. Ils gèrent eux-mêmes leurs propres centres de détention, échappant au contrôle des « autorités centrales ». Selon les estimations, 50 % du PIB des régions côtières de la Libye est lié à ce trafic.
La propagande contre les migrants
Ceux qui parviennent à passer et qui sont interceptés dans les eaux internationales sont ensuite envoyés en Europe dans des « camps de réfugiés » (expression qui masque la nature carcérale de ces sites), principalement en Italie, sachant qu’au cours des dernières années, les autres routes d’immigration ont été fermées plus ou moins complètement. Ils restent là, à attendre qu’on traite leur dossier ou bien qu’on les expulse.
Ils sont ensuite nombreux à essayer d’entrer dans les pays plus riches pour rejoindre leurs proches en Allemagne, en France, en Autriche, en Suède ou dans d’autres pays du nord de l’Europe, mais ils sont bloqués à la frontière italienne par les polices autrichienne et française – et renvoyés.
On ne peut pas stopper l’afflux de réfugiés. Toutes les mesures qui ont été prises pour lutter contre ce phénomène (ou pour le « réguler ») ne sont parvenues qu’à faire hausser le taux de mortalité, à rediriger les migrants vers des routes plus dangereuses et coûteuses, et à renforcer les organisations responsables du trafic d’êtres humains.
Tout en faisant semblant de déplorer la tragédie humaine dont sont victimes les immigrants, les classes dirigeantes d’Europe dans leur ensemble adoptent des positions plus répressives à l’égard de l’immigration, et encouragent les campagnes alarmistes relayées par les médias afin d’avancer les contre-réformes et de rallier les couches sociales les plus pauvres à leurs politiques réactionnaires.
Cette campagne est sous-tendue par les efforts déployés afin d’exploiter le choc suscité par les attaques terroristes qui ont frappé l’Europe au cours des dernières années, le but étant d’établir une connexion entre l’immigration et les actes terroristes perpétrés par le fondamentalisme islamique. Cela fait partie d’une campagne plus générale, mue par le racisme et l’islamophobie, menée au nom de la défense réactionnaire des valeurs « chrétiennes » et « européennes ».
Une autre allégation que les médias bourgeois de masse s’attachent à diffuser repose sur l’idée que les travailleurs étrangers, quelles que soient leur religion ou provenance, sont responsables de ce qui, en réalité, résulte de la crise du capitalisme : baisse des salaires, dégradation des conditions de travail, hausse du chômage et du sous-emploi, baisse du niveau de vie et crise du logement.
« Il n’y a pas assez pour tout le monde » : telle est la rengaine, alors même que l’élite capitaliste européenne ne cesse de s’enrichir.
Les travailleurs immigrés contre-attaquent
Ces calomnies et campagnes de désinformation sont motivées par une même cause : les capitalistes ont, de fait, besoin de l’immigration, mais en rendant difficile l’intégration des travailleurs immigrés au sein de la classe ouvrière et de ses organisations, ils font croître l’« armée de réserve » constituée des travailleurs sans emploi ou sous-employés et des couches sociales les plus vulnérables, le but étant de briser toute solidarité entre les travailleurs en les obligeant à se livrer à une concurrence entre eux.
Les travailleurs immigrés, légaux et a fortiori illégaux, constituent la principale force de travail dans certaines branches de l’économie, telles que le secteur agricole, où les baisses de salaire et les dégradations des conditions de travail s’obtiennent à coup de chantage féroce. Mais forcément, cette section de la classe ouvrière s’organise et oppose une résistance active, comme en attestent les nombreuses luttes dans lesquelles se sont engagés les travailleurs immigrés dans le sud de l’Italie, au cours des dernières années.
Le système traditionnel du caporalato, auquel sont soumis les travailleurs journaliers dans l’agriculture (le « caporal » désignant le contremaître véreux qui est en charge de recruter la main-d’œuvre et de décider chaque matin quels sont ceux qui travailleront pour la journée et combien ils seront rémunérés), a fait l’objet de nombreuses dénonciations, révélant les conditions abjectes auxquelles étaient soumis les immigrés même légaux, originaires des pays les plus pauvres de l’UE, tels que la Bulgarie ou la Roumanie.
Ces travailleurs vivent souvent dans des conditions de semi-esclavage, détenus en captivité par leurs exploiteurs qui leur ont confisqué leurs papiers. Les journées de travail durent entre 12 et 14 heures, sous un soleil de plomb, et sont en général rémunérées entre 10 et 15 euros.
Ces conditions ont produit une montée du militantisme des travailleurs immigrés. En janvier 2010, des centaines de travailleurs saisonniers embauchés pour la récolte des oranges se sont révoltés contre les menaces permanentes des réseaux mafieux, certains d’entre eux s’étant fait tirer dessus. Dans leur soulèvement, ils ont saccagé le centre-ville de Rosarno, dans le sud de l’Italie, armés de bâtons et de pierre, ou bien à mains nues.
En 2010 également, les ouvriers journaliers agricoles de Castelvolturno se sont mis en grève. Ils se sont réunis dans les lieux de recrutement, ont demandé de meilleures conditions de travail et sont restés les bras croisés sans fléchir face aux menaces. De façon similaire, l’année suivante, les travailleurs de Salento ont déserté les lieux de travail pendant plusieurs jours. Grâce à cette dynamique, en 2015, 50 000 des 160 000 travailleurs journaliers avaient obtenu des contrats de travail réguliers. Mais la bataille est loin d’être gagnée.
Au cours des 10 dernières années, de plus en plus de travailleurs immigrés sont venus gonfler les rangs de la classe ouvrière dans les usines et dans d’autres secteurs, et font preuve de toujours plus de confiance en leur capacité à s’organiser et à défendre leurs droits. Des grèves dans l’industrie de la logistique et du bâtiment, ainsi que dans beaucoup d’autres secteurs, sont suivies par un nombre croissant de travailleurs immigrés.
A mesure que le conflit de classes se radicalise sur tout le continent, on pourra en mesurer l’impact sur les luttes que mènent les travailleurs immigrés, sur leur conscience et sur la conscience de la classe ouvrière dans son ensemble. Ces travailleurs vont se montrer de plus en plus confiants envers la force qu’ils sont capables de générer quand ils se mobilisent et parlent d’une seule voix, pour remettre en question non seulement la condition à laquelle ils sont réduits, mais jusqu’aux fondements mêmes du système qui crée ces conditions : le capitalisme.