La liberté d’expression est censée être la pierre angulaire de la démocratie. Le capitalisme, nous dit-on, est le seul système capable de faciliter une telle tolérance. Pourtant, des étudiants et des universitaires ont été battus et arrêtés sur des dizaines de campus à travers l’Amérique capitaliste pour leurs opinions « inacceptables ». Les communistes, pendant ce temps, sont les seuls à défendre de manière conséquente la liberté d’expression – selon notre propre perspective de classe.
Sous la démocratie bourgeoise, chacun peut dire (plus ou moins) ce qu’il veut, tant que les banques et les grands monopoles ont le dernier mot et prennent les décisions importantes. Mais en temps de crise, les capitalistes voient la liberté d’expression comme une menace pour leur autorité. Leur propagande échouant de plus en plus à influencer l’opinion publique, ils empruntent de plus en plus le chemin de la répression.
Ce mouvement de masse contre le carnage à Gaza menace les intérêts géopolitiques des impérialistes et des milliards de dollars d’investissements. C’est pourquoi les soi-disant démocraties libérales d’Europe de l’Ouest ont interdit les marches de solidarité et envoyé la police pour arrêter et harceler les manifestants. Pendant ce temps, la presse a qualifié les manifestations de rassemblements antisémites pour justifier leur répression – évitant de mentionner le grand nombre de juifs anti-sionistes qui participent au mouvement.
Ces dernières années, la droite s’est plainte de la « suppression de la liberté d’expression » par les « wokes ». Par exemple, le gouverneur républicain du Texas Greg Abbot s’est vanté en 2019 d’avoir signé un projet de loi protégeant la liberté d’expression sur les campus. Cinq ans plus tard, il tweete une vidéo de policiers de l’État dispersant un campement à Austin avec la légende suivante :
« Ces manifestants devraient être en prison […] Les étudiants qui se joignent à des manifestations haineuses et antisémites dans n’importe quel collège ou université publique du Texas devraient être expulsés. »
Remarquez comment la police traite les manifestants d’extrême droite avec des pincettes alors qu’elle brutalise les travailleurs et les jeunes qui protestent contre l’injustice. La « protection » de la liberté d’expression par l’État, en pratique, revient généralement à protéger le droit des réactionnaires à cracher leur haine tout en réprimant toute opposition aux crimes du capitalisme.
Cette hypocrisie éhontée s’est vue non seulement chez les réactionnaires assumés, mais aussi chez les libéraux et les réformistes. Par exemple, une « conférence sur la Palestine » organisée en Allemagne a été unilatéralement interrompue par le gouvernement social-démocrate d’Olaf Scholz. Certains conférenciers, dont l’ancien ministre grec des Finances Yannis Varoufakis, ont été bannis de toute activité politique dans le pays!
Les journalistes individuels subissent également d’énormes pressions de la part de l’État, des annonceurs et des rédacteurs en chef pour qu’ils ne fassent pas de vagues. Ceux qui osent remettre en question la ligne éditoriale imposée par l’establishment sont ostracisés, mis à la porte, ou pire, comme dans le cas de Julian Assange, qui croupit en prison pour avoir dénoncé les crimes de l’impérialisme américain.
Les communistes d’aujourd’hui appellent à une défense inébranlable de la liberté d’expression par la classe ouvrière en utilisant ses organisations et ses méthodes de lutte. Non pas parce que nous croyons de façon superstitieuse en des droits universels applicables à tous, à tout moment, dans tous les mondes possibles, mais parce que notre classe peut utiliser les plateformes démocratiques pour faire avancer ses intérêts. De la même manière, les capitalistes attaquent la liberté d’expression et renforcent leur appareil répressif pour préserver leurs intérêts de classe. La répression bourgeoise contre la solidarité avec la Palestine enseigne à une nouvelle génération une leçon douloureuse mais importante : la liberté d’expression n’est pas une garantie sous le capitalisme, c’est une arme dans la lutte des classes. En utilisant cette arme, en plus de tous les autres moyens à notre disposition, les communistes visent à démanteler le système qui met la presse, la culture et l’appareil d’État à la disposition d’une minorité parasitaire et profiteuse.