Les gouvernements du monde entier sont engagés dans une course contre la montre pour la distribution des vaccins contre la COVID. Mais les profits des grandes entreprises pharmaceutiques, la négligence des politiciens bourgeois et l’anarchie du marché entravent les efforts.
Avec les programmes de vaccination en cours dans le monde entier, on pourrait penser que nous approchons de la fin de cette pandémie. Malheureusement, les profiteurs de l’industrie pharmaceutique et les représentants politiques de la classe dirigeante bousillent le déploiement dans certains des pays les plus touchés. Et dans leur hâte de revenir à la « normale » et de relancer l’économie, les politiciens ignorent la science, rognent sur les coûts et mettent des vies en danger.
Bien qu’ils aient commandé suffisamment de doses pour vacciner leurs populations à répétition, les gouvernements d’Europe, des États-Unis et du Royaume-Uni ont déjà pris beaucoup de retard sur leurs objectifs de vaccination. En Grande-Bretagne, où une nouvelle souche très virulente du coronavirus se déchaîne et où près de 100 000 personnes sont mortes, les experts estiment que deux millions d’injections par semaine sont nécessaires pour commencer à maîtriser la situation. En fait, environ 3 millions ont été administrées au total depuis le début des efforts l’année dernière. Dans le pays le plus touché au monde, les États-Unis, le gouvernement a affirmé que 20 millions de personnes seraient vaccinées en 2020. Mais le Center for Disease Control (CDC) estime que seulement 4,2 millions de vaccins ont été administrés l’année dernière.
Cela est dû en partie à l’irrationalité de la production capitaliste, qui a créé des brèches dans la chaîne d’approvisionnement. Des entreprises comme Pfizer et Moderna ont vendu beaucoup plus de doses qu’elles ne peuvent en fournir actuellement, et se sont ainsi assuré d’énormes bénéfices dès le départ. Afin de respecter leurs engagements, elles doivent conclure des accords avec d’autres entreprises pour des articles allant des molécules d’ADN aux nanoparticules de lipides : les minuscules gouttelettes huileuses qui fournissent l’ARNm de leur vaccin. Cela a notamment conduit Pfizer et BioNTech à réduire de moitié, en décembre, leur production prévue de 50 millions de doses d’ici la fin de l’année.
Toutes ces marchandises sont la propriété du secteur privé, qui s’attend à être remboursé. En bref, les intérêts privés et le manque de coordination centrale entravent le processus. En revanche, sous le socialisme, tous les matériaux nécessaires pourraient être obtenus et distribués immédiatement, sans avoir à se soucier des bénéfices des entreprises.
Mais malgré le fait que le premier ministre britannique, Boris Johnson, ait entièrement attribué ce lent départ à une pénurie d’approvisionnement, il y a aussi des problèmes de distribution. Officiellement, 530 000 doses du vaccin Oxford/AstraZeneca étaient prêtes à être utilisées en Grande-Bretagne lundi, et 450 000 autres mardi. Dix-huit autres millions de doses sont en cours de préparation et d’approbation. En outre, on estime qu’environ 5 millions de doses du vaccin Pfizer sont prêtes à l’emploi.
Il y a cependant une pénurie de médecins pour les administrer. Le système de santé public britannique (qui souffrait d’années de sous-investissement avant même que le coronavirus ne frappe) arrive à peine à faire face à la dernière vague d’infections. Cette situation résulte directement de la gestion malheureuse de la pandémie par les conservateurs. Cette semaine encore, le gouvernement a finalement annoncé un confinement national après des semaines de tergiversations, la situation ayant alors bien dépassé les pires scénarios.
Cela a mis à rude épreuve le système de santé, qui a déjà dû lancer un appel à des volontaires formés pour faire face à l’afflux de patients aux alentours de Noël. Les médecins généralistes avertissent que pour répondre aux objectifs de vaccination, il faudrait lancer une campagne de recrutement encore plus importante, qui pourrait inclure, outre les médecins à la retraite, des militaires, des sages-femmes, des optométristes et même des pompiers et des sauveteurs. Ensuite, il y a la question des réfrigérateurs spéciaux ultra-froids nécessaires pour les produits Pfizer et Moderna, dont le gouvernement britannique ne s’est pas procuré une quantité suffisante. Il y a même un manque de place dans les réfrigérateurs normaux disponibles pour le vaccin Oxford/AstraZeneca. Ou plutôt, il y a beaucoup de capacité de réfrigération : mais elle est entre les mains du secteur privé (hôpitaux privés, supermarchés, restaurants, etc.), ce qui signifie que le trésor public devra couvrir les coûts.
Par rapport à d’autres pays capitalistes avancés, la Grande-Bretagne vaccine sa population relativement rapidement : un point que les conservateurs tiennent à souligner. Mais tout d’abord, cela ne veut pas dire grand-chose. Deuxièmement, ce n’est toujours pas suffisant. Et enfin, la mauvaise gestion de la clique de Johnson a fait que la Grande-Bretagne a dû faire face à un taux d’infection astronomique pour commencer. Si les conservateurs avaient décrété un véritable confinement au début de l’année, au lieu de donner la priorité aux intérêts à court terme de leurs amis des grandes entreprises, on ne serait pas dans cette situation.
Ça commence mal
En Europe, un déploiement terriblement lent a vu tout semblant d’ « unité » contre la menace virale commune se briser en chamailleries et en récriminations au sein et entre les États membres de l’UE. Un accord (mené par l’Allemagne) a permis de déléguer à la Commission européenne la responsabilité d’obtenir des doses de vaccin. En théorie, cela aurait dû permettre à l’ensemble du continent d’avoir accès à 2 milliards de doses : plus qu’assez pour vacciner toute la population de l’UE. Mais dans la pratique, les obstacles bureaucratiques et l’incompétence de Bruxelles, combinés aux variations locales de la vitesse de déploiement, ont entraîné une campagne de vaccination terriblement inefficace et inégale, chaque classe dirigeante cherchant d’abord à protéger ses propres intérêts.
L’UE a signé six contrats pour des vaccins – avec Moderna, AstraZeneca, Sanofi-GSK, Janssen Pharmaceutica NV, Pfizer-BioNTech et CureVac. Mais jusqu’à présent, seuls les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna ont été approuvés. La tentative de « diversification » a signifié que la Commission a payé pour un grand nombre de vaccins qu’elle ne peut pas encore utiliser, et qu’elle n’a pas assez de ceux qu’elle a effectivement approuvés pour répondre à la demande. La Finlande, par exemple, n’a reçu qu’environ 40 000 doses en décembre, au lieu des 300 000 prévues. Cette situation, combinée au fait que les pays riches de l’UE ont pu obtenir des doses supplémentaires en dehors de l’accord d’achat commun, est à l’origine d’une énorme frustration dans tout le bloc.
Bien qu’elle semble mieux gérer la pandémie que d’autres pays jusqu’à présent, la situation en Allemagne s’est détériorée. Le ministre de la Santé, Jens Spahn, est sous le feu des critiques pour n’avoir pas obtenu suffisamment de doses de vaccin et pour avoir tardé à commencer les inoculations. Bien que le gouvernement allemand investisse des milliards dans la recherche sur les vaccins de BioNTech, ouvre des centaines de centres de vaccination d’urgence et dispose d’une infrastructure permettant d’administrer jusqu’à 300 000 vaccins par jour, seule une fraction de cette capacité est utilisée. Au cours des deux premières semaines de sa campagne de vaccination, l’Allemagne a fourni 533 000 vaccins, soit les deux cinquièmes des 1,3 million de doses reçues, ce qui a provoqué des tensions entre les gouvernements des États et le gouvernement fédéral.
La chancelière Angela Merkel, autrefois l’enfant chérie de la bonne gouvernance en Europe, a été critiquée après qu’il se soit avéré qu’elle était personnellement intervenue pour bloquer l’achat de doses supplémentaires du médicament Pfizer/BioNTech. Même l’agent bourgeois le plus fiable de la « communauté européenne » a perdu de son lustre dans cette crise.
Dans l’État espagnol, la vitesse de distribution des vaccins a varié énormément en raison d’un manque de préparation et d’une incompétence administrative au sommet, ce qui signifie que la semaine dernière, environ 0,1% de la population espagnole était vaccinée. Au Portugal et aux Pays-Bas, les patients commencent à peine à recevoir des piqûres. Et en Italie, malgré un taux de vaccination relativement élevé (environ 300 000 personnes à ce jour), comme en Grande-Bretagne, le nombre de décès et d’infections était déjà catastrophique au départ. En outre, il existe de grandes variations régionales, la Lombardie (21% des doses disponibles), le Val d’Aoste (18,07%), la Sardaigne (9,8%) et la Calabre (6%) affichant tous de faibles taux d’achèvement. Cela a contribué à la crise du régime déjà chancelant, puisque trois ministres du parti Italia Viva ont démissionné du gouvernement de Conte, le laissant se démener pour maintenir sa coalition. En bref, tous les grands États membres ont été pris au dépourvu, une fois de plus, et une énorme colère s’accumule dans l’opinion publique.
La pression de la pandémie de coronavirus continue d’accélérer les divisions qui rongent les fondations de l’UE, exposant la pourriture au cœur de ses régimes politiques qui peinent à y faire face. Tout cela fait traîner la pandémie en longueur et met d’innombrables vies en danger. La situation est particulièrement grave en France, où le gouvernement bourgeois de Macron a prévu de vacciner 20 millions de personnes au cours du premier semestre de 2021. Jusqu’à présent, il n’a administré que 0,6 vaccins par centaine de personnes, alors qu’il a reçu 500 000 doses du vaccin BioNTech.
La méfiance à l’égard de la vaccination est plus élevée en France que partout ailleurs en Europe, en partie à cause du ressentiment persistant face à l’échec de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1 en 2009, mais surtout à cause d’une méfiance profonde à l’égard de l’establishment et de tout ce qu’il fait après des années d’austérité, de trahisons et de répression. Le gouvernement Macron a tenté d’atténuer ces inquiétudes par un déploiement très timide et « progressif », en commençant par les personnes âgées dans les maisons de soins, et en s’appuyant principalement sur les médecins de famille. Cela s’est retourné contre lui de manière spectaculaire.
« Aller lentement ne donne pas confiance », explique Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou à Paris. « Au contraire, cela renforce l’idée qu’il y a quelque chose à craindre. » En effet, 40% des Français interrogés par Ipsos la semaine dernière ont déclaré qu’ils prévoyaient de se faire vacciner, contre 54% en octobre. Un tiers des Français pensent également que les vaccins sont dangereux. En réponse, M. Macron a fait un de ses volte-face caractéristiques, promettant dans un discours télévisé du Nouvel An de revoir les efforts de vaccination du pays, en déclarant « Chaque Français qui le souhaite doit pouvoir se faire vacciner ». Le gouvernement dit maintenant qu’il ouvrira des centres de vaccination publics de masse « avant février », mais le mal est fait.
Ce régime des riches, détesté de tous, est passé d’une crise à l’autre depuis l’élection de Macron en 2017. Sa confiance et son autorité ont été ébranlées, comme en témoignent ces efforts de vaccination vacillants. Si les dirigeants syndicaux français avaient donné une impulsion à l’un des mouvements de masse des années passées – du mouvement des gilets jaunes en 2018 à la vague de grèves massives d’il y a un an – le gouvernement Macron aurait pu être renversé, un gouvernement ouvrier aurait pu être mis en place et cette catastrophe évitée.
Enfin, en Inde – le pays qui présente le deuxième taux de mortalité et d’infection le plus élevé après les États-Unis – un vaccin contre le coronavirus (Covaxin) développé localement a été approuvé, bien que Bharat Biotech n’ait pas révélé les résultats de ses essais. Malini Aisola, co-responsable du All India Drug Action Network, un organisme de surveillance en matière de santé établi à New Delhi, a déclaré qu’elle était « extrêmement alarmée et choquée car cela signifie réellement l’octroi d’une approbation réglementaire sans données sur l’efficacité… Le gouvernement est allé trop loin avec ce processus accéléré ». Entre l’impact économique durable du confinement draconien de mars, la montée de la révolte des paysans et l’explosion du nombre de victimes de l’épidémie de COVID-19, le premier ministre Narendra Modi est manifestement désespéré de sortir un vaccin en toute hâte – avant même qu’il soit confirmé qu’il est sûr – pour maintenir son autorité et faire fonctionner son économie.
Ignorer la science
Ce genre de négligence n’est pas limité à l’Inde. Partout dans le monde, les représentants politiques de la classe dirigeante sont pris dans une course mortelle avec un virus qu’ils n’ont absolument pas réussi à gérer ou à contenir. Confrontés à des hôpitaux débordés et à des taux d’infection galopants, et déterminés à relancer l’économie à tout prix, beaucoup d’entre eux se tournent vers des mesures dites pragmatiques. En clair, cela signifie couper les coins ronds.
En Grande-Bretagne, le gouvernement espère allonger son stock de vaccins disponibles en allongeant les intervalles recommandés entre les deux doses nécessaires d’environ trois semaines à trois mois. Il suggère également une approche « mixte » dans les situations d’urgence : par exemple, lorsqu’une deuxième dose du vaccin Pfizer n’est pas disponible, administrer à un patient le produit Oxford/AstraZeneca.
Dans le premier cas, le raisonnement est qu’un niveau d’immunité plus faible, mais plus large pourrait être préférable à court terme, et que l’immunité complète pourrait toujours être obtenue à une date ultérieure. Mais on ne sait pas encore très bien combien de temps l’immunité est conservée, surtout après une seule dose. L’idée a été justifiée par les médecins en chef britanniques, qui ont souligné que les participants à l’étude britannique d’Oxford ont parfois reçu leur deuxième dose entre quatre et douze semaines après la première.
Toutefois, un intervalle de 21 jours reste la recommandation de Pfizer/BioNTech, et il n’est évidemment pas dans leur intérêt financier que ces grands produits échouent. Les données de leurs essais de phase trois étaient basées sur des participants recevant leur deuxième dose seulement neuf jours après la première. Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine a constaté un taux d’efficacité de 52% après la première dose : plus élevé que le niveau de protection requis pour un vaccin COVID-19 par l’organisme de réglementation américain, mais bien moins que les 90% et plus pour l’ensemble du traitement.
Le danger de nouvelles mutations est accru si le virus est transmis entre des millions de personnes n’ayant qu’une immunité partielle. Cela augmente également le risque que les gens refusent, ou oublient tout simplement, de prendre leur deuxième dose. Sachant qu’entre 70 et 80% de la population doit être immunisée pour que le virus s’éteigne, cela est clairement préoccupant.
Pendant ce temps, il n’y a aucune donnée derrière la proposition de la Grande-Bretagne de mélanger les vaccins. Les produits Pfizer et Oxford/AstraZeneca sont basés sur des technologies totalement différentes. Stephen Evans, professeur de pharmacoépidémiologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a déclaré au Financial Times que l’approche n’était « pas étayée par des preuves issues d’essais randomisés ». En outre, le CDC déclare catégoriquement que les vaccins contre les coronavirus ne sont pas interchangeables. « Rien de tout cela ne repose sur des données en ce moment », opine la Dre Phyllis Tien, médecin spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de Californie, « c’est un peu le Far West ».
Et la Grande-Bretagne entraîne le reste du monde à travers cette nouvelle frontière, les États-Unis envisageant de prolonger la période entre les doses, et l’Allemagne et le Danemark étant prêts à suivre le mouvement. En désespoir de cause, les représentants politiques de la classe dirigeante compromettent leurs efforts de vaccination, et des milliards de travailleurs, de pauvres et de jeunes vont en subir les conséquences si ces médicaments n’ont pas l’effet escompté. Étant donné que la confiance du public dans ces vaccins est déjà faible, il est incroyablement irresponsable pour les gouvernements de prendre des raccourcis risqués sur un coup de tête. Cela ne fera que dissuader encore plus de personnes de se faire vacciner, ce qui entravera encore davantage les efforts déployés pour combattre le virus.
Un apartheid en matière de vaccins
Comme nous l’avons déjà écrit, les pays occidentaux les plus riches accumulent des stocks qui mettent tout vaccin hors d’atteinte pour des milliards de personnes. En dépit du fait qu’ils fournissent la majeure partie des participants bon marché aux essais de Pfizer sur des humains, des pays comme l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Brésil et la Turquie ne recevront pas suffisamment de vaccins pour inoculer leurs populations. Pour les grosses sociétés pharmaceutiques, les pauvres de ces pays font de bons cobayes, mais ils ne méritent pas un approvisionnement adéquat en vaccins.
Le nationalisme vaccinal favorise toujours les pays qui peuvent se permettre de payer les profiteurs des grandes sociétés pharmaceutiques. Le programme COVAX de l’OMS, qui fait appel à la coopération internationale pour apporter des vaccins aux pays pauvres, est confronté à « un risque d’échec très élevé » en raison d’un sous-financement et d’un manque de participation des États-Unis et de la Chine. En attendant, la Banque mondiale fournit une aide pour la livraison de vaccins sous forme de prêts, aggravant ainsi la dette du tiers monde. « Nous sommes confrontés à un apartheid mondial en matière de vaccins », a déclaré Zain Rizvi, chercheur en droit et en politique chez Public Citizen.
En Israël, ce terme est particulièrement bien choisi. Bien qu’il ait déjà inoculé un dixième de sa population (la proportion la plus élevée au monde) et expédié des vaccins aux colons des territoires occupés, les Palestiniens qui y vivent pourraient attendre des mois avant que COVAX ne leur fournisse des vaccins. Cela signifie que, alors que les Israéliens pourraient voir un retour à une certaine normalité dans un avenir proche, les Palestiniens restent piégés par le virus.
De plus, malgré la maigre réglementation visant à empêcher les intérêts privés de dicter l’accès aux médicaments dans les pays pauvres, les grandes entreprises pharmaceutiques protègent jalousement leur propriété intellectuelle pour éviter la production de dérivés moins chers. Même ceux qui, comme Moderna, acceptent de ne pas faire respecter les brevets sur les vaccins pour la COVID-19 refusent de partager leurs recherches. Ces gros bonnets ne devraient pas pouvoir s’en tirer comme ça, mais on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas. Une société socialiste se contenterait d’exproprier les parasites du secteur pharmaceutique sous le contrôle des travailleurs, et de mettre leurs connaissances et leurs techniques au service de la société.
À quand la fin?
Alors que la pandémie perdure, la lutte pour le socialisme est de plus en plus urgente. Plus le virus s’emballe, plus il risque de se transformer en une souche contre laquelle les vaccins existants ne sont pas efficaces. Déjà, Sir John Bell, professeur de médecine à l’Université d’Oxford, a soulevé un « grand point d’interrogation » concernant une souche mutante en Afrique du Sud. « Les mutations associées à la forme sud-africaine sont en fait des changements assez importants dans la structure de la protéine », a-t-il déclaré – en se référant spécifiquement à la partie du virus qui permet aux anticorps de s’y coller. Des cas de cette souche ont été trouvés aussi loin de l’Afrique du Sud qu’en Grande-Bretagne. Une autre souche potentiellement résistante aux vaccins a été observée au Brésil. Rien n’est sûr, mais si les craintes de Bell sont justifiées, ces développements sont très inquiétants.
Il est tragique que la tâche essentielle de fabriquer et de distribuer ce vaccin ait été laissée à un système ravagé par la crise et la décadence. Depuis le début de cette pandémie, les marxistes ont souligné à maintes reprises que le capitalisme et la logique du marché entravent notre lutte contre le coronavirus. Un universitaire interrogé par le Financial Times a expliqué en toute franchise comment cela s’applique à la production de vaccins :
« Compte tenu des coûts énormes, la meilleure politique économique consisterait à mobiliser et à coordonner les ressources mondiales afin d’accélérer la production de vaccins le plus possible. Il faut accroître les capacités, sous-traiter à davantage d’entreprises si nécessaire ou même créer de nouvelles usines. Si nous étions vraiment « en guerre » contre le virus, les gouvernements concentreraient toutes leurs ressources sur cette seule tâche. Au lieu de cela, il y a un fossé entre le discours et la réalité de la production de vaccins.
[…] Les fabricants de vaccins sont peu enclins à augmenter massivement leur production. En fait, il leur serait financièrement désavantageux de le faire. S’ils augmentaient la capacité de production de manière à approvisionner le monde entier dans les six mois, les nouvelles installations construites seraient immédiatement vides. Les bénéfices seraient alors beaucoup plus faibles que dans les scénarios actuels, où les usines existantes produisent à pleine capacité pendant des années. » [nous soulignons]
Et voilà! Le système ne fera pas ce qu’il faut pour mettre un terme à cette calamité sanitaire, parce que ce n’est pas rentable. Sous le socialisme et dans une économie mondialement planifiée, nous ferions tout ce qui est nécessaire pour lutter contre la pandémie. Il est du devoir de la classe ouvrière et de la jeunesse du monde entier de mettre fin au capitalisme, de sauver la science du carcan du marché et de bâtir un avenir sain et prospère pour l’humanité.