Cet article est l’éditorial du numéro 2 de Révolution communiste. Abonnez-vous ici!
Chaque jour sous le gris soleil capitaliste amène son lot de nouvelles horreurs et de nouvelles privations pour les travailleurs. Génocide à Gaza et guerre sur le point d’exploser au Moyen-Orient, inflation et hausse des taux d’intérêts qui rendent le logement inaccessible, salaires qui stagnent, planète qui brûle littéralement chaque été, écoles et hôpitaux qui croulent… la liste s’allonge sans cesse.
Ce n’est pas un hasard si tous les pans de la société apparaissent en crise. C’est le système capitaliste lui-même qui est en crise.
Constamment, la colère contre les horreurs du capitalisme trouve son expression dans différents mouvements. Qu’on regarde le mouvement pour la libération de la Palestine, les gigantesques manifestations du mouvement pour le climat, ou encore la vague de grèves l’an dernier, notamment celles du secteur public fédéral et du secteur public québécois, on constate que cette colère prend forme dans des mouvements organisés. Et si l’on prend un pas de recul et qu’on regarde à l’échelle internationale, on voit des mouvements de masse aux proportions révolutionnaires dans un pays après l’autre (Argentine, Soudan, France, Myanmar, etc.).
Les masses montrent sans cesse qu’elles n’en peuvent plus du statu quo, qu’elles sont prêtes à se battre pour changer radicalement la société, et elles s’organisent pour y arriver. Pourtant, ces mouvements ne mènent nulle part.
« La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat. » Ces lignes, qui datent de 1938 avec le Programme de transition de Trotsky, auraient pu être écrites hier. L’époque actuelle est marquée d’une contradiction patente, soit l’immense énergie révolutionnaire et l’absence pourtant totale de leadership politique capable ou même prêt à la canaliser pour lutter contre les capitalistes et leur système en banqueroute.
La direction des syndicats et des mouvements sociaux a largement abandonné la perspective de lutter contre le capitalisme et s’est tournée vers le réformisme. Mais vouloir réformer le capitalisme, c’est en accepter les limites. Et dans le capitalisme en crise, comme il l’est depuis des décennies, il n’y a aucune place pour les réformes, pour la moindre amélioration des conditions de vie des travailleurs et des pauvres. Les seules solutions capables de s’attaquer aux problèmes exigent de sortir du cadre du capitalisme. Les dirigeants réformistes ressemblent alors à des pompiers courant de droite à gauche avec des verres d’eau dans une maison en feu, parce que le pyromane leur a dit de ne pas utiliser de boyau.
Cela est particulièrement clair dans le mouvement syndical, où les directions syndicales refusent constamment de se battre jusqu’au bout et acceptent des ententes de principe qui maintiennent l’appauvrissement des travailleurs, parce qu’elles savent que le patronat et les gouvernements capitalistes ne concéderont rien sans une lutte massive – qu’elles ne sont pas prêtes à mener.
Les syndicats représentent une source massive de pouvoir de la classe ouvrière : ils réunissent des millions de travailleurs à travers le Canada. Mobilisés, rien ne pourrait les arrêter. Mais les syndiqués canadiens et québécois sont des lions menés par des ânes.
Voilà pourquoi la classe ouvrière canadienne et québécoise a besoin de son propre parti. Pas de n’importe quel parti, mais d’un parti communiste révolutionnaire.
Partout, dans les milieux de travail, dans les syndicats, dans les associations étudiantes, dans les groupes de locataires, dans les mouvements sociaux, se trouvent des jeunes et moins jeunes qui n’en peuvent plus des défaites, des reculs, des compromis pourris. Ils n’en peuvent plus de se faire dire qu’il faut se contenter de manger des miettes dans des logements moisis sur une planète polluée et embrasée. Ils rongent leur frein, n’attendent que de se battre contre le capitalisme.
Ces communistes conscients ou inconscients représentent l’avant-garde de la classe ouvrière. Il faut unir cette avant-garde, ces éléments les plus résolus, combatifs et conscients dans un parti.
Il ne s’agit pas ici de créer un autre de ces vieux partis parlementaires de cravatés gagnant leur vie en faisant des discours vides au parlement et se préoccupant avant tout de leur carrière et de leur future pension généreuse de député.
Nous parlons d’un parti de type nouveau, pour et par les travailleurs, se battant par les méthodes de la lutte des classes et disposant d’une masse de militants sachant penser par eux-mêmes, maîtrisant les idées marxistes et connaissant l’histoire des luttes passées. Le seul moment où ce parti irait mettre le pied dans un parlement bourgeois serait pour s’en servir comme plateforme pour dénoncer haut et fort la mascarade que représente le parlement.
Les vieilles tactiques du mouvement ont fait leur temps. La bourgeoisie mène une guerre de classe unilatérale contre les travailleurs. Il faut unir la minorité de communistes dans un parti capable de gagner la majorité de la population à son programme pour préparer la contre-offensive. Les idées révolutionnaires communistes doivent être répandues dans tous les milieux de travail, sur tous les campus, dans tous les quartiers, pour gagner au parti des communistes par milliers, partout au pays.
Écarter les capitalistes ne se fera pas sans organisation. Ils connaissent leurs intérêts, possèdent leurs propres partis, et feront tout pour rester au pouvoir, pour maintenir le capitalisme, pour écraser les travailleurs. De même que ce serait de la folie que de partir en guerre sans généraux, sans officiers pour organiser, mobiliser, encadrer et orienter les troupes, une révolution sans direction révolutionnaire serait condamnée à la défaite.
La question du parti revient à une question très simple : pensons-nous que les travailleurs peuvent se permettre de laisser le pouvoir entre les mains de nos exploiteurs? Si comme nous, vous pensez que non, alors rejoignez-nous dans la construction d’un parti communiste. La classe capitaliste a bien assez démontré sa banqueroute historique. Il est plus que temps de l’écarter de la scène de l’histoire.