L’Université Al-Azhar

« À Gaza, tout est une cible » – ce sont les mots d’Ahmed Abed, dont le beau-frère a été brutalement assassiné lors d’une frappe aérienne israélienne sur l’école d’al-Taba’een, tôt le matin du 10 août. Des vidéos horribles des suites de l’attaque ont inondé les médias sociaux, mais les gens se sont habitués à ces scènes après près d’un an d’actes horribles commis par l’armée israélienne à Gaza.

Le mois précédent, l’armée israélienne avait lancé des frappes aériennes sur 17 écoles de Gaza. Une semaine avant le massacre d’al-Taba’een, elles ont détruit 9 écoles, tuant plus de 100 civils. La destruction des infrastructures scolaires – des zones désignées par l’ONU et par Israël comme des « zones de sécurité » – est devenue une habitude tellement évidente de l’armée israélienne qu’un terme a été inventé pour la décrire : le « scolasticide ». Il n’est donc pas surprenant que de si nombreux étudiants ici veulent se battre, après avoir assisté en temps réel à ce scolasticide à Gaza.

Au cours des deux premiers jours de l’offensive génocidaire, l’université Al-Azhar et l’université islamique de Gaza ont été la cible de frappes aériennes israéliennes. Au cours des deux premiers mois, neuf autres universités ont été démolies. Au cours de la première semaine de 2024 – après 100 jours de génocide – l’armée israélienne a détruit l’université al-Israa, la dernière de Gaza. Dans une entrevue accordée à Révolution communiste en décembre dernier, Zakaria Helles, un assistant professeur gazaoui en séjour à l’Université Laval, nous expliquait : « Il n’y a aucun édifice militaire à y supprimer, alors il leur faut supprimer ce qui y demeure – des civils innocents. »

L’éducation est un pilier de la société palestinienne. Les Palestiniens ont la réputation d’être les « réfugiés les plus instruits au monde », et ont un taux d’alphabétisation de près de 98%. « La jeunesse est l’avenir » est un refrain communément répété et, l’âge moyen à Gaza n’étant que de 20 ans, le « scolasticide » israélien doit être compris comme une guerre contre l’avenir de Gaza et du peuple palestinien. Aujourd’hui, 90% des écoles de Gaza ont été bombardées, plus de 5000 élèves sont morts et des centaines d’enseignants et de professeurs ont été tués.

Mais les administrations universitaires canadiennes s’en moquent et y participent directement en plus. Elles n’ont aucun problème à investir les frais de scolarité de leurs étudiants dans les avions de guerre qui ont détruit toutes les universités de Gaza. Voilà pourquoi nous devons organiser une grève étudiante. On ne peut pas laisser nos universités fonctionner comme d’habitude pendant qu’il n’y a plus d’universités dans la bande de Gaza.