Comme tous les autres pays, le gouvernement du Québec a diminuél’impact de la récession en injectant plusieurs milliards de dollarsdans la relance de l’économie. Environ huit milliards de dollars ont étéinjectés en 2009 et près de 7,5 milliards de dollars de plus ont étéannoncés pour l’an 2010. En conséquence, le Québec est dans un grosdéficit estimé à environ 4,7 milliards de dollars pour le budget de2009-2010 et un autre 4,7 milliards pour 2010-2011. Le Ministre desFinances Raymond Bachand a averti la population québécoise à s’attendre àun déficit budgétaire jusqu’en 2013-2014 en ajoutant que legouvernement aura recours à de nombreuses mesures pour équilibrer lebudget. Bien entendu, cela se traduira par une politique de réductiondes dépenses dans les programmes sociaux.
Le communiqué de presse du PLQ déclare, « Dans le contexte de lamise en oeuvre du Plan de retour à l’équilibre budgétaire, laprogression plus lente des revenus exigera, en conséquence, unediminution de la croissance de l’ensemble des dépenses. » Legouvernement Libéral a mis sur pied un plan pour réduire la croissanceannuelle dans les dépenses de programmes à 3,2 % à compter de 2010-2011,ce qui est moins que le 4,7 % de croissance de 2008-2009, et encoremoins que la moyenne de 7,6 % dans les autres provinces. Ceci est bieninférieur à ce qui est nécessaire quand nous considérons l’impactcombiné de l’inflation, la croissance démographique et la criseéconomique qui vient de frapper les travailleuses et travailleurs.
Le poids de ce déficit tombera sur les épaules de la classe destravailleuses et travailleurs. Le gouvernement québécois compteaugmenter la taxe de vente du Québec (TVQ) de 7,5 % à 8,5 % à compter du1er janvier 2011. Cette augmentation touchera surtout les travailleuseset travailleurs, ce qui coûtera jusqu’à 150 $ pour un couple et 125 $de plus pour une personne qui vit seule. Le gouvernement se proposeaussi d’accroître le coût de l’électricité par 1 cent le kilowatt-heure,ce qui, selon les experts, se traduira par une hausse annuelle moyenneentre 175 $ et 265 $ par famille. Ceci se fait alors que le présidentd’Hydro-Québec Thierry Vandal aurait reçu un bonus de 120 000 $ cetteannée. Cette mesure a également été accompagnée par un appel farouchepar la droite de privatiser Hydro-Québec sous le prétexte de libérer laprovince de son endettement. Pendant des décennies, les travailleuses ettravailleurs québécois ont été en mesure de jouir de l’électricité àmoindre coût à cause du caractère national d’Hydro-Québec. Remettre lecoût de l’électricité entre les mains capricieuses du libre marché – quis’est avéré être complètement incompétent lors de la récente criseéconomique – ne signifie qu’une croissance additionnelle du coût del’électricité au détriment de la classe ouvrière.
Le gouvernement de Charest foule sur un sol très fragile. Craignantl’opposition publique, Charest a annoncé que son gouvernement netouchera pas aux garderies de 7 $ par jour et que toutes réductions definancement aux programmes sociaux seront effectuées suite auxconsultations publiques, malgré que les augmentations mentionnéesci-dessus semblent être mises en oeuvre sans aucune consultationpublique. Le gouvernement attend simplement le moment opportun afind’appliquer de nouvelles mesures austères car il craint que touteattaque à grande échelle pourrait réveiller les travailleuses ettravailleurs du Québec.
Pour le moment, les médias commerciaux – les portes-paroles desgrandes entreprises – sont remplis d’éditoriaux incitant le gouvernementà diminuer le financement des services publics et à hausser les fraispour les utilisateurs le plus rapidement possible. Le 28 septembre,André Pratte, éditorialiste en chef de La Presse, a écrit un éditorialintitulé ‘La révolution tarifaire’ dans lequel il a écrit, « M. Charest al’occasion de faire prendre au Québec un virage historique en matièrede financement des services publics et de mettre ainsi un terme à laculture malsaine de la gratuité. » Une semaine plus tard, un autreéditorial par Alain Dubuc, du même journal, préconise le gouvernement àdéfier toute opposition publique aux réductions de financement : « Laremise sur les rails des finances publiques ne pourra pas être unexercice de démocratie directe, ou encore une démarche citoyenne. »Telle est la vraie nature de la démocratie bourgeoise lorsqu’elle sedémasque, afin de forcer et défier la démocratie directe et laparticipation citoyenne. Ceci n’est qu’un euphémisme pour la dictaturedes patrons. Le capitalisme n’a pas seulement échoué économiquement,mais aussi politiquement. La classe dirigeante met la démocratie de côtéquand elle le désire.
Avec un déficit qui grimpe et sans perspectives d’une vraie repriseéconomique, la classe dirigeante aura recours à plus de réductions. Afinque cette attaque économique soit possible, le gouvernement s’enprendra aux droits démocratiques des travailleuses et travailleurs. Telest le vrai visage de la reprise économique au Québec. Avec des déficitsbudgétaires prévus jusqu’en 2014, les cinq prochaines annéesintensifieront la lutte des classes. Les patrons chercherons toujoursplus de concessions de la classe travailleuse. Les prolétaires devrontse battre afin de protéger le peu qu’ils ont actuellement.
Jusqu’à présent, les dirigeants des syndicats n’ont pas servid’exemple à leurs membres. Par exemple, la manifestation du 1er mai de2009, la fête des travailleurs, fut très mal organisée. Plusieurstravailleuses et travailleurs ont préféré rester chez eux et d’autres nese sont pas déplacé car ils se sont rendu compte que leurs dirigeantsn’offraient aucune solution claire à la crise.
Toutefois, les choses peuvent changer pendant l’année à venir.475 000 travailleuses et travailleurs du secteur public du Québec,organisés par la FTQ, la CSN et le SISP ont formé un Front Commun pournégocier en une seule entité. Les conventions collectives se terminentle 31 mai. Les travailleuses et travailleurs demandent une hausse de11,25 % de leurs salaires sur une période de trois ans. En 2005, legouvernement de Charest a imposé un accord de six ans qui comporte deuxannées de gel et une augmentation dérisoire de 2 % sur quatre ans. Lorsde la dernière ronde de négociations, le gouvernement a prit de nouveauune position robuste envers les travailleuses et travailleurs enproposant une augmentation de 7 % des salaires et des bénéfices sur unepériode de cinq ans – une fraction de ce que les travailleurs ont exigé.Le déficit budgétaire massif donne au gouvernement une excuse pournégocier une entente difficile avec les travailleurs du secteur public.Les dirigeants des syndicats n’ont que deux choix : se rendre ou sebattre. Le dernier choix signifiant un face à face avec le capitalisme,car le système ne peut plus fournir des réformes de base.
La soi-disant reprise économique sera remplie d’attaques sur leniveau de vie des travailleuses et travailleurs. Il ne peut en êtreautrement. Par contre, il y a une colère grimpante parmi lestravailleurs qui pensent qu’assez, c’est assez. Un sondage effectué parla firme Léger Marketing publié dans le Journal de Montréal indique que :pour la question concernant les augmentations des frais pour lesservices publics, 65 % ont répondu « avec colère » et 29 % ont dit quemalgré leur compréhension des motivations du gouvernement, l’idée neleur était pas plaisante. La question du leadership devient de plus enplus cruciale. La frustration est présente ainsi que la volonté de sebattre. Ce qui est maintenant nécessaire, c’est que la direction destravailleuses et travailleurs puisse canaliser cette énergie pourconfronter les patrons afin de mettre fin aux assauts sur la classetravailleuse. La formation d’un Front Commun peut être une bonnepremière étape dans cette lutte. Les travailleuses et travailleurs duQuébec ne doivent pas payer pour cette crise!