Pendant sept longs mois, les étudiant-e-s du Québec ont mené une vaillante bataille dans la rue contre la hausse des frais de scolarité imposée par le gouvernement libéral et ses lois anti-démocratiques. L’ancien premier ministre Jean Charest a déclenché l’élection comme un référendum portant sur qui dirige la société. Étaient-ce les étudiant-e-s et la «rue», ou était-ce le gouvernement et la soi-disante «majorité silencieuse»? Les résultats de cette élection montrent un rejet complet de l’agenda politique libéral et représentent, à bien des égards, une réelle victoire pour le mouvement étudiant.
La campagne électorale témoigne de la défaite humiliante du premier ministre Jean Charest, qui a même perdu son propre siège, provoquant sa démission de la vie politique après 28 ans. Les libéraux (PLQ) au pouvoir ont été réduits à près de 31% du vote populaire, ce qui constitue leur plus mauvais résultat depuis près de 40 ans. Le Parti québécois (PQ), dont la part du vote populaire n’était que de 0,7% plus élevé que celui des libéraux, vont maintenant former un gouvernement minoritaire. La première promesse du nouveau gouvernement péquiste est d’annuler l’augmentation des frais de scolarité par décret ministériel, et d’abolir la loi 12 (projet de loi 78), profondément anti-démocratique, que les libéraux avaient mise en œuvre pour écraser le mouvement étudiant. C’est une grande victoire pour les étudiant-e-s et cela est surtout le résultat du mouvement de masse qui a secoué la province au cours des derniers mois.
Il faut bien dire qu’une raison importante de la victoire du Parti québécois tient à ses tentatives de canaliser à leur compte, le vote contre Charest et pour les étudiant-e-s. Quelques jours avant l’élection, le PQ bénéficiait de pages entières de publicité dans les journaux de masse, qui affirmaient qu’un gouvernement majoritaire péquiste abolirait les droits de scolarité, annulerait la loi 12, ainsi que la taxe santé de 400 dollars par famille mise en œuvre par les libéraux. Le fait que le PQ a défait Charest dans sa circonscription de Sherbrooke, qui est l’une des circonscriptions étudiantes les plus densément peuplées au Québec, montre la réussite de leur stratégie de canalisation des votes pour les étudiant-e-s. Le PQ a également été en mesure de capitaliser sur le mouvement étudiant en recrutant l’ex représentant étudiant Léo Bureau-Blouin, qui a d’ailleurs facilement remporté son siège à l’Assemblée dans la circonscription de Laval.
Cependant, en dépit de leur soutien apparent au mouvement étudiant, le PQ, parti d’abord et avant tout capitaliste, ne peut placer les intérêts des étudiant-e-s, ou des travailleurs et travailleuses, en tête de leur agenda politique. Il est important de souligner que l’annulation de l’augmentation des frais de scolarité n’est pas un cadeau de la nouvelle première ministre Pauline Marois, mais le résultat du mouvement étudiant. Si le mouvement étudiant n’avait pas vu le jour, le PQ n’aurait pas hésité à soutenir l’augmentation des frais de scolarité, tout comme les libéraux. Par ailleurs, il faut aussi souligner que l’augmentation des frais de scolarité n’a été annulée que pour l’année à venir et il est très probable que les étudiant-e-s s’opposent au PQ l’an prochain, tout comme il l’ont fait avec les libéraux au printemps et à l’été dernier.
La situation du PQ, en tant que gouvernement minoritaire, est aussi très difficile. Déjà, la bourgeoisie québécoise se fait entendre et presse le nouveau gouvernement de faire passer leurs intérêts avant ceux des étudiant-e-s et des travailleurs et travailleuses. Tel que cité dans le Globe and Mail, Yves-Thomas Dorval, le chef du Conseil du patronat (lobby d’affaires très influent), déclare: «The business community needs to re-assured right now. There has been talk in some quarters of — not stopping — but slowing down investments in the event of a PQ win». Le message du patronat envers le PQ est très clair : attention à ce que vous faites, ou nous allons saboter l’économie. L’état actuel de l’économie est lamentable, il n’est pas utopique de penser que le gouvernement va mener des attaques aussi fortes que celles des libéraux. Nous devons être prêts à cela!
Le rôle des syndicats et le boycott des élections
Comme nous l’avons expliqué dans les articles précédents, la force principale qui a organisé et dirigé le mouvement a été la Coalition large pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE). C’est elle qui a commencé la grève, qui a poussé en avant et qui a principalement organisé plusieurs des plus grands rassemblements de l’histoire du Québec. Le gouvernement libéral a été forcé de provoquer les élections comme un choix entre la «rue» ou la «majorité silencieuse». Le ministre des Finances rétorquait aux nombreuses demandes de la FEUQ et de la FECQ que la question serait résolue par l’élection. Malheureusement, au lieu de relever ce défi, la position officielle de la CLASSE était que l’«élections n’est pas une solution». Cette prise de position n’a manifestement pas eut d’écho auprès de la majorité des étudiant-e-s et des travailleurs et travailleuses. Le fait que le taux de participation électorale a été supérieur de près de 20% par rapport à la dernière élection, démontre ce fait. La conscience politique des étudiant-e-s et des travailleurs et travailleuses appelait à vaincre les libéraux de Jean Charest. L’approche passive du boycott électoral ne semble pas crédible, alors que les tenants de cette approche peuvent être considérés comme sans avis politiques et sans leadership. Si la CLASSE avait pu saisir cette conscience politique de la plupart des étudiant-e-s et des travailleurs et travailleuses voulant à tout prix vaincre les libéraux, elle aurait appuyé de toutes ses forces (celles qui ont permis de mobiliser des centaines de milliers de personnes) Québec solidaire (QS), le parti de la gratuité scolaire. Il s’agit d’une erreur essentielle, car cela aurait pu fournir les moyens organisationnels nécessaires pour balayer les libéraux de l’île de Montréal.
Au cours de cette élection, les syndicats ont été étrangement silencieux. Les syndicats ont appuyés à quelques occasions le PQ mais sans que personne n’en entende vraiment parler, et d’une manière générale, ils sont restés là sans rien dire et sans faire quoi que ce soit durant l’élection. C’est une grossière erreur. Ce fut l’une des élections les plus importantes de l’histoire du Québec et la décision des organisations syndicales de ne pas participer pleinement à vaincre les libéraux, qui ont tentés d’écraser brutalement le mouvement étudiant, est déplorable. Indépendamment de l’idéologie du gouvernement actuel, les syndicats, représentant plus de 40% des travailleurs et travailleuses de la province, seront l’objet d’attaques de la part de ce gouvernement. Si le gouvernement ne peut pas imposer une augmentation des frais de scolarité aux étudiant-e-s en raison du mouvement de masse qu’il a suscité, il déplacera ses attaques sur les travailleurs et travailleuses. Les syndicats, comme les organisations étudiantes auraient du concentré tous leurs efforts, leurs ressources et leur pouvoir organisationnel, afin de combattre les libéraux et d’appuyer QS. L’union de ces puissantes organisations derrières QS, contre l’austérité des partis capitalistes, aurait pu favoriser l’émergence d’un gouvernement solidaire.
Une occasion manquée pour Québec Solidaire?
Le soir de l’élection, l’ambiance était à la fête chez Québec Solidaire qui semblait optimiste face à la victoire. Avec près de 2000 militants entassés à l’Olympia au centre-ville de Montréal, les membres du parti ont été ravis de l’augmentation massive de milliers de jeunes militant-e-s dans ses rangs, qui avaient afflué-e-s suite au mouvement étudiant. Il a été annoncé que l’adhésion au parti est passée à plus de 13 000 membres, contre seulement 7 000 au début de la grève étudiante. Il y avait de grands espoirs quant à l’opportunité du parti de s’assurer une poignée de sièges et de détenir ainsi la balance du pouvoir d’un gouvernement minoritaire péquiste.
Dès le début de la soirée, il a été déclaré que les deux co porte-paroles de QS, Amir Khadir et Françoise David, avait été élu dans leurs circonscriptions respectives. Ce qui fut accueilli avec acclamations par les participants qui attendaient avec impatience le résultat du vote dans les autres circonscriptions où d’autres candidats solidaires espéraient percer. La défaite de Jean Charest dans sa circonscription de Sherbrooke a également été accueillie par des acclamations et par le slogan populaire du mouvement étudiant «Dehors Charest! On va te trouver une job dans le Nord!» Puis l’ambiance s’est quelque peu atténuée, à mesure que les résultats sortaient, car il est devenu clair que les votes pour les libéraux étaient plus élevé que prévu et que QS ne gagnerait pas plus de sièges.
Il est important de noter que tandis que les libéraux ont été défaits, la confiance populaire n’a été placée dans aucun des grands partis capitalistes. Bien que le taux de participation a augmenté de près de 20% par rapport aux résultats de l’élection de 2008, ni le PQ, ni les libéraux n’ont vraiment bénéficié de cette participation accrue. Comme mentionné précédemment, la part du du vote populaire pour le PQ était inférieure à moins d’un point de pourcentage de celui du PLQ, et il n’a réussi qu’à remporter quatre sièges de plus que les libéraux. En effet, cela montre que c’est beaucoup moins une victoire du PQ qu’une défaite des libéraux.
Avec l’absence d’une alternative claire, la plupart des électeurs n’ont pas voté «pour» un parti, mais plutôt «contre» les libéraux. Les principaux bénéficiaires de cette élection étaient la droite populiste Coalition pour l’Avenir du Québec (CAQ), qui a pris un peu plus de 27% du vote populaire, mais qui n’a remporté seulement que 19 sièges. Bien qu’il a plus que doublé le nombre de voix que son ancêtre, l’Action Démocratique du Québec (ADQ), ils ont échoué à monter aussi haut dans les intentions de vote que l’ADQ en 2007 (qui n’a été dans l’opposition officielle qu’une année avant de retomber encore plus bas qu’il n’était avant cette année-là). François Legault, chef de la CAQ, a remporté de justesse son propre siège. Mais, la CAQ a attiré l’attention de l’opinion publique, notamment en se positionnant comme un nouveau parti qui évite le vieux débat entre souverainistes et fédéralistes.
Pour ce qui est de Québec Solidaire, le parti a remporté une grande victoire en doublant sa part des votes à 6% du vote populaire, et en briguant un autre siège à l’Assemblée. Dans les deux circonscriptions où ils ont gagné les élections, les candidats ont remporté une forte majorité des votes. Avec ces petits gains, mais significatifs, QS est appelée à jouer un plus grand (et plus visible) rôle dans la politique québécoise. Il est appelé à construire un parti défendant, plus que tout autre, les intérêts des travailleurs et travailleuses du Québec.
Mais, il faut souligner que le résultat électoral final de QS a été un peu plus faible que ce que la plupart des sondages exprimaient au cours de la campagne. Ce qui pose la question suivante: Avec de telles conditions favorables, QS aurait-il pu mieux faire? À bien des égards, QS était le «parti du mouvement étudiant», il soutenait l’élimination progressive de tous les droits de scolarité dans une perspective de gratuité scolaire. Il est le seul parti au Québec qui se dresse contre l’austérité capitaliste. Son co-porte-parole, Amir Khadir, était très visible pendant la grève étudiante, s’étant même fait arrêté par la police lors d’une manifestation.
Malgré les gains réalisés par QS, ils auraient pu être plus grands, en particulier sur l’île de Montréal où ils auraient pu considérablement affaiblir les libéraux. Dès que l’élection a été annoncée, les sondages ont à plusieurs reprises montrés que la majorité des gens de Montréal étaient opposés au gouvernement libéral et en faveur du mouvement étudiant. Pourtant, le soir des élections, les libéraux ont fini par balayer la plupart des circonscriptions de Montréal. Certes, les libéraux ont été renforcés par l’hystérie attisée par les médias anglophones bourgeois, qui ont agité l’épouvantail d’un pogrom contre les anglophones si le PQ était élu. Mais, nous devons aussi mentionner le fait que les dirigeants de QS n’ont pas su présenter une alternative claire aux Québécois. Dès que l’élection a commencé, QS a fait de «la gratuité» l’un des aspects essentiels de sa campagne, mais en a pratiquement pas fait mention lors du débat des chefs, hautement médiatisé. Pendant la campagne, il parlait peu de s’opposer à l’austérité capitaliste ou de ce que le parti ferait pour les travailleurs et travailleuses de la province. Dans son discours de victoire, Françoise David a mentionné que le parti était celui de l’écologie, du féminisme et de la souveraineté, mais sans mentionner la gratuité scolaire, ni touchée mots sur la condition des travailleurs et travailleuses. De plus, Françoise David a louangé la chef du PQ, Pauline Marois, à la fois dans son discours de victoire et lors du débat télévisé. Enfin, il n’y avait même pas une mention du mouvement étudiant dans son dernier discours lors de la fête de la victoire – le plus grand mouvement de masse de l’histoire canadienne.
Malheureusement, cette approche a fait très peu pour différencier QS du PQ, et elle n’était pas en mesure de s’opposer au message des médias anglophones chauvinistes. Dans ce contexte, les anglophones et les allophones ont eu l’impression qu’ils n’avaient pas le choix de voter libéral. Seul un appel clair à tous les travailleurs et travailleuses, les français et les anglais, les Québécois de souche et les immigrants, aurait mobilisé la classe ouvrière et l’ensemble des électeurs à voter contre les libéraux, et les auraient défait dans leurs derniers bastions. En outre, cela a très peu fait pour donner aux étudiant-e-s et aux travailleurs et travailleuses le mot d’ordre de mettre de la pression, dans leurs organisations respectives, et de les mobiliser pour favoriser une victoire QS.
Une période de crise s’ouvre dans la société québécoise
Cette élection québécoise sera certainement inscrite dans les annales comme l’une des plus mémorables de l’histoire récente, car elle témoigne de la crise profonde qui se produit au sein de la société québécoise.
À mi-chemin de la campagne électorale, il est devenu clair que les libéraux ne pouvaient se sortir de l’impasse des mesures draconiennes anti-démocratiques qu’ils avaient utilisées contre le mouvement étudiant, tout comme ils ne pouvaient se sortir des accusations en cours et des enquêtes sur la corruption. La classe dirigeante du Québec se tourna alors vers la question nationale, dans un effort pour détourner l’attention des électeurs. Dans une campagne de propagande frénétique, qui a peut-être même dépassée la campagne référendaire de 1995, les médias anglophones ont suscité la peur des dangers potentiels de l’élection d’un gouvernement péquiste. Ils ont créé une atmosphère de panique en annonçant que les droits des anglophones et des allophones étaient menacés si Marois était élue. Ils ont averti les électeurs qu’un gouvernement péquiste provoquerait immédiatement, dès son élection, un référendum qui obligerait les entreprises et les personnes à fuir le Québec. Selon ces médias, une victoire du PQ était équivalente à la venue des quatre cavaliers de l’apocalypse!
D’autre part, le PQ aussi était heureux de jouer la carte de la question nationale. Pauline Marois a fait une série d’annonces, durant la campagne électorale, portant sur les divisions identitaires au sein de la société québécoise. Il s’agissait notamment de restreindre le droit des gens à se présenter aux élections, sauf s’ils parlaient couramment le français, ou encore de l’interdiction des symboles religieux (principalement non-chrétien) dans les institutions publiques. Les restrictions sur le droit de se présenter aux élections sont inacceptables dans toute société démocratique et l’application par l’État de telles dispositions ne peut avoir que pour effet de susciter une réaction chez les groupes minoritaires. Que l’électeur vote pour un candidat qui parle français, anglais, mandarin, ou cri est son choix et ce n’est pas aux bureaucrates de l’État de décider de l’éligibilité des candidats.
Immédiatement après l’élection, il est évident que les passions nationales ont été exacerbées. En témoigne la tentative d’assassinat de Pauline Marois lors de la célébration de sa victoire dans le centre-ville de Montréal. Ces sensibilités aiguës ont été renforcées dans la période récente de crise du capitalisme et du régime québécois, et sont le reflet de la période de turbulente dans laquelle nous sommes plongés. Les masses sont désespérément à la recherche d’un moyen de sortir de cette impasse où leurs conditions de vie, leurs emplois et leurs droits sont menacés. Aucun des principaux partis bourgeois – le PQ, le PLQ ou la CAQ – ne dispose d’une solution pour régler cette crise. Toute personne tenant un discours quelque peu différent gagne immédiatement l’attention des masses.
Nous avons déjà vu cela l’année dernière lors de la «vague orange» du NPD, et plus tôt cette année par le soutien populaire massif à la grève étudiante du Québec. Il se manifeste maintenant dans cette tension accrue entre les anglophones, les allophones et les francophones. Cela montre qu’il y a une grande opportunité qui peut être saisi par Québec Solidaire, si l’on peut proposer une analyse claire de l’orientation de la crise capitaliste. Avec les gains réalisés lors de cette élection, QS pourrait remporter bien plus de gains à la prochaine élection (tout comme le NPD l’a fait l’année dernière en devenant l’opposition officiel au gouvernement fédéral) – une élection qui pourrait venir plus tôt que prévu, étant donné l’état de faiblesse du gouvernement péquiste.
L’importance des élections, et la voie à suivre
Ce que ces élections montrent, c’est que d’abord et avant tout, Jean Charest a eu tort et que les étudiant-e-s ont eu raison. Il ne fait aucun doute que les libéraux se sont affaiblis (alors que même leur chef a perdu son siège à l’Assemblée nationale), et que l’élection marque une victoire importante de la lutte étudiante. Québec Solidaire a doublé son appui populaire, ses sièges à l’Assemblée nationale et a presque doublé ses effectifs, ce qui signifie évidemment que sa position s’est renforcée. Le mouvement étudiant a imposé sa volonté au gouvernement et l’augmentation des frais de scolarité a été annulée – pour l’instant. Nous devons aller de l’avant, en gardant à l’esprit ces gains remportés par notre lutte!
Les étudiant-e-s doivent être prêts à se mobiliser encore pour stopper les attaques du gouvernement péquiste qui ne tarderont pas de venir. D’autant plus, avec la CAQ détenant la balance du pouvoir. Le chef François Legault déclarait d’ailleurs: «Bien sûr, nous allons collaborer si elle [Marois] accepte certains changements». Legault insiste sur le fait qu’il ne bougera pas sur la hausse des frais de scolarité, et qu’il veut œuvrer à installer des mesures urgentes pour «assurer compétitivité» des entreprises du Québec. Nous savons que c’est le discours des «lucides», qui véhicule les objectifs des capitalistes québécois, qui comprennent la gravité de la crise économique et qui pour avancer cherchent à éliminer tous les obstacles en travers de la voie de la rentabilité. Considérant le bilan du PQ en ce qui a trait aux lois de retour au travail imposées aux travailleurs et travailleuses en grève et de son soutien à la hausse des droits de scolarité, il est certain que les coupures sont à venir, maintenant que Marois et Cie sont au pouvoir.
Cela signifie que la classe ouvrière, ainsi que les étudiant-e-s, seront menacés au cours de la période à venir. Alors que le résultat des élections marque une victoire temporaire et symbolique pour le mouvement contre l’austérité, la crise du système exige que tous les partis qui ne combattent pas le capitalisme soient obligés de faire le jeu des capitalistes. Les travailleurs et travailleuses et les étudiant-e-s ont désespérément besoin d’un parti de masse qui lutte contre l’austérité capitaliste et qui instaure un programme socialiste. Les syndicats, QS et le NPD, peuvent jouer un rôle clé dans la formation de la masse des travailleurs et travailleuses de ce parti. Il est essentiel de commencer maintenant à unir toutes les forces de la classe ouvrière et la jeunesse pour arrêter la prochaine vague d’attaques et pour vaincre les partis des grandes entreprises.
Pendant sept longs mois, les étudiant-e-s du Québec ont mené une vaillante bataille dans la rue contre la hausse des frais de scolarité imposée par le gouvernement libéral et ses lois anti-démocratiques. L’ancien premier ministre Jean Charest a déclenché l’élection comme un référendum portant sur qui dirige la société. Étaient-ce les étudiant-e-s et la «rue», ou était-ce le gouvernement et la soi-disante «majorité silencieuse»? Les résultats de cette élection montrent un rejet complet de l’agenda politique libéral et représentent, à bien des égards, une réelle victoire pour le mouvement étudiant.
La campagne électorale témoigne de la défaite humiliante du premier ministre Jean Charest, qui a même perdu son propre siège, provoquant sa démission de la vie politique après 28 ans. Les libéraux (PLQ) au pouvoir ont été réduits à près de 31% du vote populaire, ce qui constitue leur plus mauvais résultat depuis près de 40 ans. Le Parti québécois (PQ), dont la part du vote populaire n’était que de 0,7% plus élevé que celui des libéraux, vont maintenant former un gouvernement minoritaire. La première promesse du nouveau gouvernement péquiste est d’annuler l’augmentation des frais de scolarité par décret ministériel, et d’abolir la loi 12 (projet de loi 78), profondément anti-démocratique, que les libéraux avaient mise en œuvre pour écraser le mouvement étudiant. C’est une grande victoire pour les étudiant-e-s et cela est surtout le résultat du mouvement de masse qui a secoué la province au cours des derniers mois.
Il faut bien dire qu’une raison importante de la victoire du Parti québécois tient à ses tentatives de canaliser à leur compte, le vote contre Charest et pour les étudiant-e-s. Quelques jours avant l’élection, le PQ bénéficiait de pages entières de publicité dans les journaux de masse, qui affirmaient qu’un gouvernement majoritaire péquiste abolirait les droits de scolarité, annulerait la loi 12, ainsi que la taxe santé de 400 dollars par famille mise en œuvre par les libéraux. Le fait que le PQ a défait Charest dans sa circonscription de Sherbrooke, qui est l’une des circonscriptions étudiantes les plus densément peuplées au Québec, montre la réussite de leur stratégie de canalisation des votes pour les étudiant-e-s. Le PQ a également été en mesure de capitaliser sur le mouvement étudiant en recrutant l’ex représentant étudiant Léo Bureau-Blouin, qui a d’ailleurs facilement remporté son siège à l’Assemblée dans la circonscription de Laval.
Cependant, en dépit de leur soutien apparent au mouvement étudiant, le PQ, parti d’abord et avant tout capitaliste, ne peut placer les intérêts des étudiant-e-s, ou des travailleurs et travailleuses, en tête de leur agenda politique. Il est important de souligner que l’annulation de l’augmentation des frais de scolarité n’est pas un cadeau de la nouvelle première ministre Pauline Marois, mais le résultat du mouvement étudiant. Si le mouvement étudiant n’avait pas vu le jour, le PQ n’aurait pas hésité à soutenir l’augmentation des frais de scolarité, tout comme les libéraux. Par ailleurs, il faut aussi souligner que l’augmentation des frais de scolarité n’a été annulée que pour l’année à venir et il est très probable que les étudiant-e-s s’opposent au PQ l’an prochain, tout comme il l’ont fait avec les libéraux au printemps et à l’été dernier.
La situation du PQ, en tant que gouvernement minoritaire, est aussi très difficile. Déjà, la bourgeoisie québécoise se fait entendre et presse le nouveau gouvernement de faire passer leurs intérêts avant ceux des étudiant-e-s et des travailleurs et travailleuses. Tel que cité dans le Globe and Mail, Yves-Thomas Dorval, le chef du Conseil du patronat (lobby d’affaires très influent), déclare: «The business community needs to re-assured right now. There has been talk in some quarters of — not stopping — but slowing down investments in the event of a PQ win». Le message du patronat envers le PQ est très clair : attention à ce que vous faites, ou nous allons saboter l’économie. L’état actuel de l’économie est lamentable, il n’est pas utopique de penser que le gouvernement va mener des attaques aussi fortes que celles des libéraux. Nous devons être prêts à cela!
Le rôle des syndicats et le boycott des élections
Comme nous l’avons expliqué dans les articles précédents, la force principale qui a organisé et dirigé le mouvement a été la Coalition large pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE). C’est elle qui a commencé la grève, qui a poussé en avant et qui a principalement organisé plusieurs des plus grands rassemblements de l’histoire du Québec. Le gouvernement libéral a été forcé de provoquer les élections comme un choix entre la «rue» ou la «majorité silencieuse». Le ministre des Finances rétorquait aux nombreuses demandes de la FEUQ et de la FECQ que la question serait résolue par l’élection. Malheureusement, au lieu de relever ce défi, la position officielle de la CLASSE était que l’«élections n’est pas une solution». Cette prise de position n’a manifestement pas eut d’écho auprès de la majorité des étudiant-e-s et des travailleurs et travailleuses. Le fait que le taux de participation électorale a été supérieur de près de 20% par rapport à la dernière élection, démontre ce fait. La conscience politique des étudiant-e-s et des travailleurs et travailleuses appelait à vaincre les libéraux de Jean Charest. L’approche passive du boycott électoral ne semble pas crédible, alors que les tenants de cette approche peuvent être considérés comme sans avis politiques et sans leadership. Si la CLASSE avait pu saisir cette conscience politique de la plupart des étudiant-e-s et des travailleurs et travailleuses voulant à tout prix vaincre les libéraux, elle aurait appuyé de toutes ses forces (celles qui ont permis de mobiliser des centaines de milliers de personnes) Québec solidaire (QS), le parti de la gratuité scolaire. Il s’agit d’une erreur essentielle, car cela aurait pu fournir les moyens organisationnels nécessaires pour balayer les libéraux de l’île de Montréal.
Au cours de cette élection, les syndicats ont été étrangement silencieux. Les syndicats ont appuyés à quelques occasions le PQ mais sans que personne n’en entende vraiment parler, et d’une manière générale, ils sont restés là sans rien dire et sans faire quoi que ce soit durant l’élection. C’est une grossière erreur. Ce fut l’une des élections les plus importantes de l’histoire du Québec et la décision des organisations syndicales de ne pas participer pleinement à vaincre les libéraux, qui ont tentés d’écraser brutalement le mouvement étudiant, est déplorable. Indépendamment de l’idéologie du gouvernement actuel, les syndicats, représentant plus de 40% des travailleurs et travailleuses de la province, seront l’objet d’attaques de la part de ce gouvernement. Si le gouvernement ne peut pas imposer une augmentation des frais de scolarité aux étudiant-e-s en raison du mouvement de masse qu’il a suscité, il déplacera ses attaques sur les travailleurs et travailleuses. Les syndicats, comme les organisations étudiantes auraient du concentré tous leurs efforts, leurs ressources et leur pouvoir organisationnel, afin de combattre les libéraux et d’appuyer QS. L’union de ces puissantes organisations derrières QS, contre l’austérité des partis capitalistes, aurait pu favoriser l’émergence d’un gouvernement solidaire.
Une occasion manquée pour Québec Solidaire?
Le soir de l’élection, l’ambiance était à la fête chez Québec Solidaire qui semblait optimiste face à la victoire. Avec près de 2000 militants entassés à l’Olympia au centre-ville de Montréal, les membres du parti ont été ravis de l’augmentation massive de milliers de jeunes militant-e-s dans ses rangs, qui avaient afflué-e-s suite au mouvement étudiant. Il a été annoncé que l’adhésion au parti est passée à plus de 13 000 membres, contre seulement 7 000 au début de la grève étudiante. Il y avait de grands espoirs quant à l’opportunité du parti de s’assurer une poignée de sièges et de détenir ainsi la balance du pouvoir d’un gouvernement minoritaire péquiste.
Dès le début de la soirée, il a été déclaré que les deux co porte-paroles de QS, Amir Khadir et Françoise David, avait été élu dans leurs circonscriptions respectives. Ce qui fut accueilli avec acclamations par les participants qui attendaient avec impatience le résultat du vote dans les autres circonscriptions où d’autres candidats solidaires espéraient percer. La défaite de Jean Charest dans sa circonscription de Sherbrooke a également été accueillie par des acclamations et par le slogan populaire du mouvement étudiant «Dehors Charest! On va te trouver une job dans le Nord!» Puis l’ambiance s’est quelque peu atténuée, à mesure que les résultats sortaient, car il est devenu clair que les votes pour les libéraux étaient plus élevé que prévu et que QS ne gagnerait pas plus de sièges.
Il est important de noter que tandis que les libéraux ont été défaits, la confiance populaire n’a été placée dans aucun des grands partis capitalistes. Bien que le taux de participation a augmenté de près de 20% par rapport aux résultats de l’élection de 2008, ni le PQ, ni les libéraux n’ont vraiment bénéficié de cette participation accrue. Comme mentionné précédemment, la part du du vote populaire pour le PQ était inférieure à moins d’un point de pourcentage de celui du PLQ, et il n’a réussi qu’à remporter quatre sièges de plus que les libéraux. En effet, cela montre que c’est beaucoup moins une victoire du PQ qu’une défaite des libéraux.
Avec l’absence d’une alternative claire, la plupart des électeurs n’ont pas voté «pour» un parti, mais plutôt «contre» les libéraux. Les principaux bénéficiaires de cette élection étaient la droite populiste Coalition pour l’Avenir du Québec (CAQ), qui a pris un peu plus de 27% du vote populaire, mais qui n’a remporté seulement que 19 sièges. Bien qu’il a plus que doublé le nombre de voix que son ancêtre, l’Action Démocratique du Québec (ADQ), ils ont échoué à monter aussi haut dans les intentions de vote que l’ADQ en 2007 (qui n’a été dans l’opposition officielle qu’une année avant de retomber encore plus bas qu’il n’était avant cette année-là). François Legault, chef de la CAQ, a remporté de justesse son propre siège. Mais, la CAQ a attiré l’attention de l’opinion publique, notamment en se positionnant comme un nouveau parti qui évite le vieux débat entre souverainistes et fédéralistes.
Pour ce qui est de Québec Solidaire, le parti a remporté une grande victoire en doublant sa part des votes à 6% du vote populaire, et en briguant un autre siège à l’Assemblée. Dans les deux circonscriptions où ils ont gagné les élections, les candidats ont remporté une forte majorité des votes. Avec ces petits gains, mais significatifs, QS est appelée à jouer un plus grand (et plus visible) rôle dans la politique québécoise. Il est appelé à construire un parti défendant, plus que tout autre, les intérêts des travailleurs et travailleuses du Québec.
Mais, il faut souligner que le résultat électoral final de QS a été un peu plus faible que ce que la plupart des sondages exprimaient au cours de la campagne. Ce qui pose la question suivante: Avec de telles conditions favorables, QS aurait-il pu mieux faire? À bien des égards, QS était le «parti du mouvement étudiant», il soutenait l’élimination progressive de tous les droits de scolarité dans une perspective de gratuité scolaire. Il est le seul parti au Québec qui se dresse contre l’austérité capitaliste. Son co-porte-parole, Amir Khadir, était très visible pendant la grève étudiante, s’étant même fait arrêté par la police lors d’une manifestation.
Malgré les gains réalisés par QS, ils auraient pu être plus grands, en particulier sur l’île de Montréal où ils auraient pu considérablement affaiblir les libéraux. Dès que l’élection a été annoncée, les sondages ont à plusieurs reprises montrés que la majorité des gens de Montréal étaient opposés au gouvernement libéral et en faveur du mouvement étudiant. Pourtant, le soir des élections, les libéraux ont fini par balayer la plupart des circonscriptions de Montréal. Certes, les libéraux ont été renforcés par l’hystérie attisée par les médias anglophones bourgeois, qui ont agité l’épouvantail d’un pogrom contre les anglophones si le PQ était élu. Mais, nous devons aussi mentionner le fait que les dirigeants de QS n’ont pas su présenter une alternative claire aux Québécois. Dès que l’élection a commencé, QS a fait de «la gratuité» l’un des aspects essentiels de sa campagne, mais en a pratiquement pas fait mention lors du débat des chefs, hautement médiatisé. Pendant la campagne, il parlait peu de s’opposer à l’austérité capitaliste ou de ce que le parti ferait pour les travailleurs et travailleuses de la province. Dans son discours de victoire, Françoise David a mentionné que le parti était celui de l’écologie, du féminisme et de la souveraineté, mais sans mentionner la gratuité scolaire, ni touchée mots sur la condition des travailleurs et travailleuses. De plus, Françoise David a louangé la chef du PQ, Pauline Marois, à la fois dans son discours de victoire et lors du débat télévisé. Enfin, il n’y avait même pas une mention du mouvement étudiant dans son dernier discours lors de la fête de la victoire – le plus grand mouvement de masse de l’histoire canadienne.
Malheureusement, cette approche a fait très peu pour différencier QS du PQ, et elle n’était pas en mesure de s’opposer au message des médias anglophones chauvinistes. Dans ce contexte, les anglophones et les allophones ont eu l’impression qu’ils n’avaient pas le choix de voter libéral. Seul un appel clair à tous les travailleurs et travailleuses, les français et les anglais, les Québécois de souche et les immigrants, aurait mobilisé la classe ouvrière et l’ensemble des électeurs à voter contre les libéraux, et les auraient défait dans leurs derniers bastions. En outre, cela a très peu fait pour donner aux étudiant-e-s et aux travailleurs et travailleuses le mot d’ordre de mettre de la pression, dans leurs organisations respectives, et de les mobiliser pour favoriser une victoire QS.
Une période de crise s’ouvre dans la société québécoise
Cette élection québécoise sera certainement inscrite dans les annales comme l’une des plus mémorables de l’histoire récente, car elle témoigne de la crise profonde qui se produit au sein de la société québécoise.
À mi-chemin de la campagne électorale, il est devenu clair que les libéraux ne pouvaient se sortir de l’impasse des mesures draconiennes anti-démocratiques qu’ils avaient utilisées contre le mouvement étudiant, tout comme ils ne pouvaient se sortir des accusations en cours et des enquêtes sur la corruption. La classe dirigeante du Québec se tourna alors vers la question nationale, dans un effort pour détourner l’attention des électeurs. Dans une campagne de propagande frénétique, qui a peut-être même dépassée la campagne référendaire de 1995, les médias anglophones ont suscité la peur des dangers potentiels de l’élection d’un gouvernement péquiste. Ils ont créé une atmosphère de panique en annonçant que les droits des anglophones et des allophones étaient menacés si Marois était élue. Ils ont averti les électeurs qu’un gouvernement péquiste provoquerait immédiatement, dès son élection, un référendum qui obligerait les entreprises et les personnes à fuir le Québec. Selon ces médias, une victoire du PQ était équivalente à la venue des quatre cavaliers de l’apocalypse!
D’autre part, le PQ aussi était heureux de jouer la carte de la question nationale. Pauline Marois a fait une série d’annonces, durant la campagne électorale, portant sur les divisions identitaires au sein de la société québécoise. Il s’agissait notamment de restreindre le droit des gens à se présenter aux élections, sauf s’ils parlaient couramment le français, ou encore de l’interdiction des symboles religieux (principalement non-chrétien) dans les institutions publiques. Les restrictions sur le droit de se présenter aux élections sont inacceptables dans toute société démocratique et l’application par l’État de telles dispositions ne peut avoir que pour effet de susciter une réaction chez les groupes minoritaires. Que l’électeur vote pour un candidat qui parle français, anglais, mandarin, ou cri est son choix et ce n’est pas aux bureaucrates de l’État de décider de l’éligibilité des candidats.
Immédiatement après l’élection, il est évident que les passions nationales ont été exacerbées. En témoigne la tentative d’assassinat de Pauline Marois lors de la célébration de sa victoire dans le centre-ville de Montréal. Ces sensibilités aiguës ont été renforcées dans la période récente de crise du capitalisme et du régime québécois, et sont le reflet de la période de turbulente dans laquelle nous sommes plongés. Les masses sont désespérément à la recherche d’un moyen de sortir de cette impasse où leurs conditions de vie, leurs emplois et leurs droits sont menacés. Aucun des principaux partis bourgeois – le PQ, le PLQ ou la CAQ – ne dispose d’une solution pour régler cette crise. Toute personne tenant un discours quelque peu différent gagne immédiatement l’attention des masses.
Nous avons déjà vu cela l’année dernière lors de la «vague orange» du NPD, et plus tôt cette année par le soutien populaire massif à la grève étudiante du Québec. Il se manifeste maintenant dans cette tension accrue entre les anglophones, les allophones et les francophones. Cela montre qu’il y a une grande opportunité qui peut être saisi par Québec Solidaire, si l’on peut proposer une analyse claire de l’orientation de la crise capitaliste. Avec les gains réalisés lors de cette élection, QS pourrait remporter bien plus de gains à la prochaine élection (tout comme le NPD l’a fait l’année dernière en devenant l’opposition officiel au gouvernement fédéral) – une élection qui pourrait venir plus tôt que prévu, étant donné l’état de faiblesse du gouvernement péquiste.
L’importance des élections, et la voie à suivre
Ce que ces élections montrent, c’est que d’abord et avant tout, Jean Charest a eu tort et que les étudiant-e-s ont eu raison. Il ne fait aucun doute que les libéraux se sont affaiblis (alors que même leur chef a perdu son siège à l’Assemblée nationale), et que l’élection marque une victoire importante de la lutte étudiante. Québec Solidaire a doublé son appui populaire, ses sièges à l’Assemblée nationale et a presque doublé ses effectifs, ce qui signifie évidemment que sa position s’est renforcée. Le mouvement étudiant a imposé sa volonté au gouvernement et l’augmentation des frais de scolarité a été annulée – pour l’instant. Nous devons aller de l’avant, en gardant à l’esprit ces gains remportés par notre lutte!
Les étudiant-e-s doivent être prêts à se mobiliser encore pour stopper les attaques du gouvernement péquiste qui ne tarderont pas de venir. D’autant plus, avec la CAQ détenant la balance du pouvoir. Le chef François Legault déclarait d’ailleurs: «Bien sûr, nous allons collaborer si elle [Marois] accepte certains changements». Legault insiste sur le fait qu’il ne bougera pas sur la hausse des frais de scolarité, et qu’il veut œuvrer à installer des mesures urgentes pour «assurer compétitivité» des entreprises du Québec. Nous savons que c’est le discours des «lucides», qui véhicule les objectifs des capitalistes québécois, qui comprennent la gravité de la crise économique et qui pour avancer cherchent à éliminer tous les obstacles en travers de la voie de la rentabilité. Considérant le bilan du PQ en ce qui a trait aux lois de retour au travail imposées aux travailleurs et travailleuses en grève et de son soutien à la hausse des droits de scolarité, il est certain que les coupures sont à venir, maintenant que Marois et Cie sont au pouvoir.
Cela signifie que la classe ouvrière, ainsi que les étudiant-e-s, seront menacés au cours de la période à venir. Alors que le résultat des élections marque une victoire temporaire et symbolique pour le mouvement contre l’austérité, la crise du système exige que tous les partis qui ne combattent pas le capitalisme soient obligés de faire le jeu des capitalistes. Les travailleurs et travailleuses et les étudiant-e-s ont désespérément besoin d’un parti de masse qui lutte contre l’austérité capitaliste et qui instaure un programme socialiste. Les syndicats, QS et le NPD, peuvent jouer un rôle clé dans la formation de la masse des travailleurs et travailleuses de ce parti. Il est essentiel de commencer maintenant à unir toutes les forces de la classe ouvrière et la jeunesse pour arrêter la prochaine vague d’attaques et pour vaincre les partis des grandes entreprises.