Le Canada amorce ses quatrièmes élections fédérales en moins de sept ans. Pendant cette période, nous avons passé d’une minorité libérale à une minorité conservatrice. Ce qui est resté constant c’est bien cette érosion du niveau de vie des travailleurs et étudiants et le transfert des richesses aux riches et aux sociétés. Nous avons besoin d’utiliser ces élections pour montrer du doigt la porte aux conservateurs et construire une solide base aux idées socialistes.
Stephen Harper ne mérite plus de diriger. Son gouvernement a accordé massivement des cadeaux fiscaux aux entreprises de l’ordre de 6 milliards de dollar par an. Le tout simultané aux situations précaires et difficiles de millions de Canadiens éprouvés. Le fond de 80% de la population, ceux qui réellement travaillent pour gagner leur vie ont connu une diminution de leur part du revenu national au cours de la dernière décennie. 1 sur 4 possède aucun ou des actifs négatifs et 870 000 sont forcés d’utiliser les banques alimentaires dont 38% sont des enfants.
De l’autre côté de cette division des classes, les amis des conservateurs, des banquiers et des PDG se portent très bien (merci beaucoup). Le 1% des plus riches a vu ses revenus doubler depuis les années 1970, de ce ratio le 0,1 % du haut ont triplé de revenus et finalement, les super-riches (soit les 0,01%) ont quintuplé leur part du butin. Il existe une forte oligarchie où près d’un demi-million de canadiens soit 3,8% de la population contrôlent 67% de tous les actifs ou 1,78 milliard de dollars. Pourtant, ils nous disent qu’il n’y a pas d’argent pour les programmes sociaux!
Les libéraux de Michael Ignatieff ont décidé de présenter un virage à gauche pour cette élection. Ils se sont imposés à la ronde actuelle de réductions d’impôts pour les grandes sociétés et ils questionnent le coût de 30 milliards pour l’achat de nouveaux avions de combat. Cependant, nous ne devrions pas nous laisser prendre par leur rhétorique. N’oublions pas que se sont les libéraux de Jean Chrétien et Paul Martin qui ont effectué les coupes les plus draconiennes de l’histoire canadienne. C’était également les libéraux qui ont réduit le taux d’impôt pour les sociétés de près de 8%, comparativement à la réduction de 7% des conservateurs. Les libéraux sont bien connus pour faire campagne sur la gauche, mais pour avoir une administration sur la droite. La réalité est que peu importe si le gouvernement est libéral ou conservateur, les attaques multipliées contre les travailleurs continueront tout en maintenant le bien-être des riches.
Le nouveau parti démocratique (NPD) possède une réelle opportunité au cours de cette élection de mener une campagne visant à corriger les inégalités historiques et la pauvreté dans la société. Toutefois, si la direction du parti n’est pas en mesure de présenter des politiques socialistes de fond qui produisent une réelle différence, ils seront lynchés par la campagne de fausse gauche des libéraux. Des pleurnicheries du genre : « Ils ont volé nos politiques », ça ne sera pas assez, le parti doit proposer des politiques qu’aucun parti capitaliste ne pourra voler.
Il y en a dans la bureaucratie du NPD qui disent qu’une plate-forme socialiste ne sera jamais populaire et qu’il est mieux de faire appel à un soi-disant «centre». Ce préjugé n’a aucun fondement dans la réalité. Un sondage réalisé en mars 2011 par EKOS Research a révélé que 49% des canadiens se considèrent de gauche, contre 22% qui se croient de centre et 29% qui sont sur la droite. En outre, 57% considèrent l’investissement social comme la priorité principale dans le budget ; seulement 17% veulent des réductions d’impôts et 23% désirent une réduction du déficit. Une politique d’égalité économique ferait bénéficier plus de 80% des canadiens et fournirait à chaque famille plus de 364,000$. Les libéraux comprennent que les voix sont à gauche ; le parti travailliste canadien a besoin de réaliser la même chose pour gagner! De plus, le NPD doit exclure toute idée d’une coalition avec les libéraux qui abandonnerait les intérêts de la classe ouvrière et qui donnerait à Ignatieff une parure de gauche sous laquelle se cacher.
Au lieu de dépenser 30 milliards de dollars pour des avions de combat inutiles et des milliards de plus pour continuer la guerre en Afghanistan, cet argent pourrait être détourné pour couvrir les moins de 8 milliards de dollars de frais de scolarité d’étudiants à l’université selon les chiffres de Statistique Canada.
Au lieu de 6 milliards de dollars en réductions d’impôts pour les grandes sociétés, nous pourrions offrir un programme de garderie universel.
Au lieu de la somme de 8,9 milliards de dollars en bonus pour les dirigeants des six grandes banques en 2010, nous pourrions doubler les pensions de retraite.
Au lieu de dépenser 9 milliards de dollars sur des méga-prisons, alors que le taux de criminalité est en baisse ou 6 milliards de dollars sur les fouilles à nu avec de hautes technologies aux frontières, nous pourrions développer un programme de logements sociaux de grande envergure.
La liste est longue.
L’économiste de l’industrie de l’automobile canadienne, Jim Stanford a fait remarquer que pour chaque dollar que le gouvernement a injecté, soit 100 milliards de dollars, les sociétés canadiennes ont empoché le même montant. Les grandes banques et les sociétés refusent d’investir en dépit d’être comblées d’argent ! Nous affirmons que si les patrons ne veulent pas investir alors permettons aux travailleurs de le faire par la nationalisation des secteurs dominants de l’économie et instaurons un plan socialiste démocratique de la production.
Pendant la Grande Récession, les sociétés ont démontré qu’elles sont incapables de gérer l’économie. Par la prise en charge seulement des compagnies pharmaceutiques parasitaires cela permettrait de libérer assez d’argent pour révolutionner le financement des soins de santé.
Il s’agit d’un programme socialiste qui pourrait susciter l’enthousiasme de millions de travailleurs, de jeunes et d’immigrants vers l’action et la mobilisation. Les élections ne devraient pas être considérées comme une fin en soi, mais plutôt comme une opportunité pour impliquer la population et créer un mouvement de masse autour de ces exigences. À l’heure actuelle, la majorité des pauvres, des jeunes et des immigrants ne votent pas, car ils ne voient aucun parti politique représenter leurs intérêts. Les jeunes ont plus de deux fois le taux de chômage tout en gagnant moins de 60% du salaire moyen. Ces gens ne sont pas apathiques, pensons simplement à la jeunesse de l’Égypte et de la Tunisie qui sont l’épine dorsale du mouvement révolutionnaire de ces pays. Si nous pouvons mobiliser cette énergie au Canada, nous serons sur la bonne voie pour rabattre en arrière les attaques de M. Harper et faire de réels progrès au cours de cette élection et bien après.