Le soutien électoral au camp de Chavez, qui était de 58 % des voixaux élections municipales et régionales de 2008, est tombé à 54 % desvoix au référendum de 2009, puis à 46,6 % aux législatives de septembredernier. C’est donc un nouvel avertissement très sérieux. Autant Chavezet la révolution disposent toujours d’une vaste réserve de soutien, dansla masse des Vénézueliens, autant ces résultats traduisent clairement une lassitude et une désillusion qui minent le camp de la révolution. Or, ce phénomène a des explications très claires.
La baisse des cours mondiaux du pétrole a privé de financement denombreux programmes sociaux. Le prix des produits importés augmente. Ilsreprésentent 70 % des produits alimentaires. L’inflation galopante(30 %), la plus élevée d’Amérique latine, la dévaluation monétaire, lesabotage et la pénurie alimentaire affectent durement le niveau de viedes Vénézuéliens.
La corruption endémique de nombreux dirigeants « bolivariens » etl’incompétence de la bureaucratie administrative ajoutent auxdifficultés auxquelles la population doit faire face. Par exemple, LuisPulido, l’ancien dirigeant de PDVAL (entreprise publique de distributionalimentaire) avait créé un réseau de détournement de conteneursalimentaires pour les revendre au secteur informel, une fois la date depéremption dépassée. Et ce n’est qu’un exemple flagrant. A tout celas’ajoute la gestion catastrophique du réseau électrique, qui, fauted’investissements, a connu de très longues pannes.
Cette situation découle du fait que la révolution n’a pas été menée àson terme. Elle n’a pas exproprié les capitalistes pour mettre un termeà leur pouvoir économique. Quand le gouvernement s’efforce de contrôlerles prix, les capitalistes organisent le détournement ou l’arrêt de laproduction réglementée. Le gouvernement nationalise des entreprises,mais il confie la gestion des entreprises aux anciens propriétaires ou àleurs semblables. Les méthodes de gestion restent les mêmesqu’auparavant. Lorsqu’ils tentent de mettre en place un contrôle ouvrierde l’entreprise nationalisée, les salariés se heurtent à labureaucratie – voire même, dans certains cas, aux forces de police.Aujourd’hui plus que jamais, la révolution vénézuélienne ne peut êtrevictorieuse que par l’élimination du capitalisme et la mise en placed’une économie et d’un Etat sous le contrôle démocratique destravailleurs.