La presse canadienne a récemment révélé avoir mis la main sur de l’information concernant la rémunération des directeurs des cinq plus grandes banques canadiennes (Banque TD, RBC, CIBC, Banque Scotia et BMO). Selon les documents qu’a obtenus la presse, la rémunération totale de ces cinq dirigeants atteignait la somme astronomique de 63,2 millions de dollars au cours de l’exercice financier de 2018. Il s’agit d’une augmentation d’environ 12% par rapport à l’année précédente. Cette somme représente l’addition du salaire de base, des primes de performance et de la valeur de la pension de retraite. C’est Bharat Masrani, chef de la direction de TD, qui a gagné le gros lot de la rémunération avec 15,3 millions, ce qui représente une hausse de 23% par rapport à l’exercice précédent.
Comment peut-il être juste que ces quelques individus au sommet des institutions financières gagnent autant, alors que la moitié de la population canadienne vit à quelques centaines de dollars de la faillite? Le président de la firme de recrutement en services financiers Vlaad and Co., Bill Vlaad, a tenté de justifier ces importantes hausses de salaire auprès de la CBC : « il y a beaucoup de pression sur ces directeurs généraux », affirme-t-il. « Je pense que cela justifie une grande partie de leur rémunération. » Il affirme que le secteur banquier est aujourd’hui beaucoup plus complexe que par le passé, ce qui crée une plus grande pression sur les dirigeants.
Pauvres banquiers! Il serait intéressant de demander à M. Vlaad s’il pense que les millions de travailleurs à travers le Québec et le Canada qui vivent la pression constante de la productivité au travail méritent une telle rémunération. C’est 25% des travailleurs canadiens qui rapportent être très stressés au travail. Devraient-ils tous être payés des millions? Et que dire de la pression vécue au jour le jour par tous ces travailleurs qui peinent à payer leur loyer ou à nourrir leur famille, ou doivent occuper deux emplois pour arriver à payer leurs factures? Manifestement, pour les patrons, c’est deux poids deux mesures : la pression qu’ils subissent pour augmenter les profits des actionnaires justifierait une rémunération astronomique, mais pas celle que subissent quotidiennement leurs employés!
Cette situation n’est pas isolée ou anecdotique. Partout où on regarde, les inégalités entre patrons et travailleurs augmentent en flèche. À son époque, Karl Marx expliquait déjà que le capitalisme fonctionne de telle sorte « qu’accumulation de richesse à un pôle, c’est égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d’ignorance, d’abrutissement, de dégradation morale, d’esclavage, au pôle opposé ». Ces quelques lignes n’ont pas vieilli d’une ride. Et la solution proposée par Marx n’a pas vieilli non plus : lutter pour le renversement du capitalisme, et pour son remplacement par une société socialiste.