Les résidents d’Ottawa ont commencé à prendre les choses en main. Le samedi 12 février, une marche a rassemblé près de 4000 personnes. Elle a été suivie d’un blocage spontané des camions qui tentaient de rejoindre le convoi le dimanche. Cette initiative exemplaire montre comment vaincre l’extrême droite. Après que les politiciens et la police se soient montrés incapables de faire face à l’extrême droite du Convoi de la « liberté », les résidents ordinaires montrent la voie à suivre.
Il s’agit d’un développement positif après que les bureaucrates syndicaux et les gauchistes adeptes des politiques identitaires se soient efforcés de saboter les rassemblements précédents. Mais la colère avait atteint un point de basculement et ne pouvait plus être contenue. La manifestation de masse de samedi s’est tenue loin du convoi, mais la participation a montré aux gens qu’ils étaient nombreux et que, s’ils se mobilisaient correctement, ils pourraient arrêter le convoi.
Les militants de La Riposte socialiste ont participé aux contre-manifestations depuis le premier jour et ont pris part à la marche au parc Landsdowne le samedi et au blocus près du pont Billings le dimanche. D’autres manifestations de moindre envergure ont également eu lieu dans la ville au cours du week-end.
Ces événements démontrent également le courage et la créativité spontanée de la classe ouvrière. Le blocage de dimanche à côté du pont Billings a été organisé par un groupe de promeneurs de chiens sur les médias sociaux! À 9 heures du matin, pas plus de deux douzaines de personnes se tenaient devant les véhicules du convoi qui approchaient. Cette action est devenue un point de ralliement dans la ville, attirant des centaines, voire des milliers de personnes tout au long de la journée et en début de soirée.
Aucune confiance en la police
Ces événements montrent également le rôle odieux joué par la police et dans quel camp elle se trouve. Dès 13h30 le dimanche, la police a informé le barrage que des membres du Convoi approchaient et cherchaient la bagarre. Alors que la police a demandé au barrage de se dissiper afin d’éviter toute altercation, les manifestants ont tenu bon, s’appuyant sur la force évidente de leur nombre. Les revendications du barrage étaient que les véhicules ne seraient autorisés à passer que s’ils retiraient leurs pancartes et drapeaux, y compris les images racistes.
Scandaleusement, la police a commencé à refouler les membres de la communauté pour laisser la place aux véhicules du convoi. L’hypocrisie était évidente puisque la police avait refusé de faire quoi que ce soit concernant le convoi et le harcèlement et les abus commis par ses partisans d’extrême-droite dans le centre-ville d’Ottawa. Finalement, le blocus a été victorieux, car de nombreuses personnes ont tenu bon contre la police et les véhicules du convoi jusqu’à ce que les derniers véhicules accèdent à leurs demandes en début de soirée.
La force de la mobilisation
Le blocage de dimanche, en particulier, a montré le genre de combativité dont a besoin le mouvement ouvrier. La grande marche de samedi a été organisée par l’AFPC et montre le potentiel qui existe lorsque les dirigeants syndicaux lancent un appel clair à la mobilisation. Si les directions syndicales lançaient un appel clair et audacieux à la mobilisation massive de tous ceux qui s’opposent aux actions de l’extrême droite dans le convoi, la classe ouvrière d’Ottawa répondrait à cet appel en nombre bien supérieur à celui du Convoi de la « liberté ». Grâce à son nombre et à sa créativité, et malgré les actions de l’extrême droite et de la police, la classe ouvrière d’Ottawa mobilisée serait la force la plus efficace pour protéger les gens de la ville.
Voilà la perspective que les militants de La Riposte socialiste avancent dans le mouvement. Mais une telle mobilisation ne doit pas se limiter à des appels pour faire cesser les agressions de la droite dans la ville. Nous devons aussi nous battre pour quelque chose. Il y a une incroyable colère dans la société et celle-ci doit être captée par un mouvement combatif de la classe ouvrière. Nous devons mettre en avant des revendications telles que l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail des camionneurs, l’embauche d’un plus grand nombre d’infirmières, le financement des hôpitaux et le contrôle démocratique de la santé et de la sécurité par les travailleurs eux-mêmes, afin de mettre fin à cette pandémie une fois pour toutes.
De plus en plus de travailleurs sont favorables à la mise sur pied d’un véritable mouvement combatif de la classe ouvrière contre les patrons et leur gouvernement, qui ont tout fait pendant la pandémie pour protéger les profits au détriment de la santé humaine. Les dirigeants des syndicats et des partis de gauche doivent lancer un mouvement de masse pour tirer parti de cette colère. C’est la seule façon de couper court aux mouvements populistes de droite comme le Convoi de la « liberté ».