Le 24 octobre dernier, le Parti conservateur uni (PCU) a déclaré la guerre à la classe ouvrière albertaine. Le premier budget du gouvernement inclut des coupes s’élevant à 1,3 milliard de dollars. Tout y passera, des salaires de la fonction publique aux frais d’immatriculation des véhicules. Les travailleurs devront se serrer la ceinture et vider leur portefeuille. Pendant ce temps, l’impôt sur les entreprises a été coupé du tiers.
La date de sortie du budget n’est pas une coïncidence. Le premier ministre albertain, Jason Kenney, a reporté la parution de son budget pour ne pas porter atteinte à la campagne électorale fédérale du Parti conservateur d’Andrew Scheer. Maintenant que les élections sont terminées, rien n’empêche le PCU de prendre aux pauvres pour donner aux riches.
En tout, l’Alberta perdra un revenu de 4,5 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années, suite à la réduction des impôts des entreprises. Déjà, par exemple, Husky Energy a épargné 233 millions de dollars au deuxième trimestre grâce à cette mesure. Le PDG de l’entreprise a affirmé qu’il « appréciait vraiment » les réductions d’impôt, tout en licenciant des centaines d’employés à Calgary!
Le PCU a promis de créer des emplois en Alberta; il s’évertue désormais à sabrer les emplois et les salaires des travailleurs de la fonction publique. Près de 2100 postes seront coupés d’ici les quatre prochaines années, ou ce qui revient à 7,7% des emplois du secteur public, par l’intermédiaire d’un gel de l’embauche. Des coupes à l’assurance-médicaments, aux revenus des personnes handicapées et dans les budgets des municipalités sont également au menu.
Les attaques sur l’éducation sont un des points marquants du budget. Bien que le PCU ait promis de financer l’éducation de la maternelle à la douzième année, le budget propose de geler les fonds pour les trois prochaines années, ce qui ne constitue rien de moins qu’une coupe prolongée et profonde. Sans compter l’inflation, les commissions scolaires recevront près de 200 dollars de moins par élève chaque année, avec le budget actuel.
L’Alberta est déjà prise avec un problème de classes surchargées. Cinquante-sept pour cent des écoles de la province échouent à respecter les normes de taille de classes. On a même appris en septembre que des classes d’une école secondaire à Calgary avaient dû se donner dans le corridor!
Les étudiants de niveau postsecondaire sont eux aussi attaqués par le budget. Le gouvernement coupera de 7,9% les subventions aux universités et aux collèges, en plus de dégeler les frais de scolarité. Les étudiants seront forcés soit d’abandonner leurs études, soit de payer 7% de plus de frais de scolarité par année, ce qui ne peut que faire augmenter davantage l’énorme dette étudiante canadienne s’élevant déjà à 28 milliards de dollars. Cependant, les établissements scolaires postsecondaires privés, chrétiens, et les écoles à charte des plus riches seront épargnés par les coupes budgétaires.
Comme si ce n’était pas assez de piller les services publics pour le profit des entreprises, le PCU s’est découvert un talent pour dérober les travailleurs de leurs derniers sous : des augmentations de frais d’immatriculation de véhicule aux augmentations de frais d’admission dans les musées, en passant par des taxes plus élevées sur le tabac et les vapoteuses, l’élimination du plafonnement tarifaire pour l’électricité, et même une nouvelle taxe sur les locations à court terme comme AirBnB, qui sera payée par les consommateurs.
Suite à la sortie du budget, Guy Smith, le président du Syndicat des employés provinciaux de l’Alberta (SEPA), a déclaré que « si c’est ce que veulent Jason Kenney et son gouvernement, une guerre avec les travailleurs du secteur public, c’est une guerre qu’ils auront ». Avant la sortie du budget, Kenney annonçait qu’« aucune manifestation ou attaque politique ne nous fera changer de cap ». La classe ouvrière albertaine a tout le pouvoir nécessaire pour faire ravaler ses paroles à Kenney. Si le SEPA, qui représente plus de 95 000 employés du secteur public dans la province, organise une grève de masse contre le budget, le gouvernement sera paralysé et devra faire marche arrière. On ne peut pas rester assis et encaisser ces coupes pendant les quatre prochaines années. Le gouvernement de Kenney doit être bloqué immédiatement.