Le dimanche 20 mars, 99% des 420 travailleurs de l’usine Molson Coors sur la rive-Sud de Montréal ont voté contre les dernières offres patronales, déclenchant une grève illimitée quatre jours plus tard. La mésentente porte notamment sur l’offre patronale d’augmentation de salaire, qui serait de 2,25% et sur un nouveau système de mise à pied qui ne prendrait plus en compte l’ancienneté des employés.
Selon Éric Picotte, le président de la Section locale 1999 des Teamsters, les conditions de travail se sont détériorées après la fusion de l’entreprise avec l’américaine Coors en 2005 puis la fusion avec Millers.
Déjà, l’année dernière, l’employeur avait mis leur collègues de Toronto en lockout pour s’être opposés à une offre contenant des attaques contre les pensions et les horaires. On parle ici de semaines de travail de sept jours de journées de travail de 12 heures, sans heures supplémentaires payées. Les camarades de La Riposte syndicale à Toronto avaient lancé une campagne de solidarité avec les travailleurs à l’époque.
En ce qui concerne la grève actuelle, il faut comprendre pourquoi la situation s’est autant envenimée :
Le 2,25% d’augmentation de salaire n’est même pas la moitié de l’inflation, qui est de 5,7%. Cela veut dire que cette offre laisserait les travailleurs avec une baisse de salaire.
Le nouveau système de mise à pied a de quoi provoquer aussi. Molson veut pouvoir ne pas tenir compte de l’ancienneté au moment de mettre à pied les employés, alors qu’en temps normal, si des mises à pied doivent avoir lieu, ce sont les derniers arrivés qui partent en premier. Avec ce nouveau système, Molson Coors pourrait se débarrasser en priorité des travailleurs mieux payés (car les plus anciens sont habituellement plus haut dans l’échelle salariale) lors des mises à pieds, et cela ouvre aussi la porte à utiliser les mises à pied comme outil de représailles contre les travailleurs qui seraient trop combatifs, en outrepassant l’ancienneté.
Un représentant chez Molson Coors a soutenu que la grève n’affectera pas la production de nos bières « favorites ».
Comment est-ce possible? C’est parce que la compagnie s’est déjà mise à utiliser des briseurs de grève, qui ont été repérés par les travailleurs. Elle en aurait aussi utilisé lors du lockout à Toronto l’an dernier. Elle sait que c’est illégal, mais de son point de vue, tous les moyens sont bons pour briser la grève et limiter son impact sur ses profits.
Il n’y a pas mille façons de gérer les scabs. Il ne suffira pas de déposer des plaintes au Tribunal administratif du travail. La tradition des piquets de grève durs doit revenir en force. C’est Molson qui est dans l’illégalité, pas les travailleurs. S’ils ne peuvent pas physiquement passer, alors la grève sera efficace!
Pour que ces piquets soient efficaces, les travailleurs ont besoin de bras. La direction des Teamsters et de la FTQ devraient appeler à ce que les piquets soient renforcés par d’autres syndiqués. Devant un mouvement qui mobilise au-delà des 420 travailleurs de l’usine, il y a beaucoup plus de chance que l’employeur recule!
Les conditions de travail ne font que s’empirer d’année en année et les patrons utilisent toutes sortes de prétextes pour s’en mettre toujours plus dans les poches pendant que les travailleurs s’appauvrissent. C’est d’autant plus vrai depuis la pandémie et l’explosion de l’inflation. Ils s’attendent à ce que nous, la classe ouvrière, restions assis sans rien faire. Cette affirmation s’applique non seulement aux travailleurs de Molson, mais aussi au reste de la classe ouvrière. Leur combat est notre combat.
Les employés de Molson sont parmi ceux qui mettent leur pied à terre et ripostent. Ils ont besoin de toute la solidarité active du mouvement syndical!