Le 17 janvier 2022, Oxfam a publié un rapport intitulé « Inequality Kills » (« Les inégalités tuent »), qui décrit en détail l’accroissement des inégalités de richesse pendant la pandémie de COVID-19. Le rapport explique également comment des inégalités aussi dramatiques entraînent la mort de 21 300 personnes par jour, ce qui représente une personne toutes les quatre secondes. Telle est la violence du système capitaliste – un système qui donne la priorité à la richesse de quelques privilégiés plutôt qu’à la santé de milliards de personnes, un système qui transforme des morts évitables en morts inévitables, un système qui détruit activement la planète – un système qui a du sang sur les mains!
Leurs profits, nos morts
Le rapport d’Oxfam a révélé que depuis le début de la pandémie, les 10 hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur richesse, passant de 875 milliards de dollars (CAD) en mars 2020 à 1900 milliards de dollars. Cette augmentation de la richesse a été plus importante que les 14 années combinées précédant la pandémie et le plus grand pourcentage d’augmentation depuis qu’on comptabilise ces données. Dans le monde entier, la richesse est un indicateur plus précis que l’âge pour déterminer si vous risquez ou non de mourir de la COVID-19. Dans certains pays, vous avez quatre fois plus de chances de mourir de la COVID-19 si vous êtes pauvre! Ce constat est d’autant plus alarmant qu’à mesure que la richesse des plus riches a augmenté, les plus pauvres de la société ont vu leur richesse diminuer. Alors que les 20% les plus riches se sont remis des pertes subies en 2020, les 20% les plus pauvres devraient voir leur richesse diminuer de 5% supplémentaires. Cent-soixante-trois millions de personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté depuis le début de la pandémie. Pour la classe ouvrière, ces statistiques montrent ce que tout le monde savait déjà : nous ne sommes pas tous dans le même bateau. Il y a vraiment deux pandémies : une pour les riches et une pour les pauvres! Pour les riches, la pandémie s’est traduite par des gains sans précédent, tandis que pour les travailleurs, elle n’a apporté que plus de pauvreté, d’inégalité et de mort.
Oxfam met en évidence quatre domaines principaux qui contribuent à la mort d’un si grand nombre de personnes chaque jour : le manque d’accès aux soins de santé, la violence sexiste, les changements climatiques et la pauvreté.
- Actuellement, 80 % des vaccins du monde sont allés aux pays les plus riches, ce qui se traduit par des taux de vaccination extrêmement faibles dans le reste du monde. Cela entraîne non seulement des décès inutiles, mais aussi le développement de nouveaux variants. On estime que 5,6 millions de personnes meurent chaque année en raison du manque d’accès aux soins dans les pays pauvres.
- La violence sexiste est également en hausse. Les femmes ont été touchées de manière disproportionnée pendant la pandémie, car elles étaient pour la plupart déjà en situation de travail précaire. Pour chaque période de confinement de trois mois, on dénombre 15 millions de cas supplémentaires de violence conjugale. En outre, la pandémie aurait repoussé à 135 ans le délai de 99 ans, déjà catastrophique, nécessaire pour atteindre l’égalité hommes-femmes.
- La crise climatique représente une menace toujours plus grande pour la vie de millions de personnes. On prévoit que d’ici 2030, les catastrophes climatiques feront 231 000 morts par an dans les pays les plus pauvres. Et pour couronner le tout, les 20 plus gros milliardaires produisent 8000 fois plus de CO2 que les 50% les plus pauvres.
- La pauvreté et la faim sont responsables de la mort de 2,1 millions de personnes chaque année. Au plus fort de la fermeture des écoles, 369 millions d’enfants ne mangeaient pas à midi, n’ayant pas accès à la cantine scolaire.
Il convient de noter deux choses à propos de ces statistiques alarmantes : premièrement, il s’agit d’estimations conservatrices de la situation réelle sur le terrain, car des phénomènes tels que la violence sexiste ne sont généralement pas signalés; et deuxièmement, tous ces décès sont évitables!
Le capitalisme doit mourir
La violence criante du rapport donne à beaucoup de gens l’envie d’agir. Mentionnée à plusieurs reprises dans le rapport, Oxfam propose une taxe d’urgence sur les bénéfices réalisés par les milliardaires pendant la pandémie. À titre d’illustration, l’organisme déclare :
« Une taxe ponctuelle d’urgence de 99% sur les richesses accumulées par les 10 hommes les plus riches au cours de la pandémie permettrait de récolter 812 milliards de dollars. Ces ressources permettraient de fabriquer suffisamment de vaccins pour le monde entier et de combler le manque en matière de financement des mesures climatiques, de la santé publique et de la protection sociale, ainsi que des efforts de lutte contre la violence sexiste dans plus de 80 pays. En tant que groupe, ils seraient toujours plus riches de 8 milliards de dollars qu’au début de la pandémie, et chacun d’entre eux serait toujours milliardaire. »
Alors qu’Oxfam propose également des impôts supplémentaires permanents pour réduire le nombre de milliardaires dans le monde, nous devons nous demander : pourquoi ces gens auraient-ils droit à la moindre richesse, et encore moins à des milliards? Alors que les travailleurs mouraient en première ligne dans la lutte contre la pandémie, les riches sont restés les bras croisés et ont amassé d’énormes sommes d’argent. Chaque jour, les milliardaires ont le choix entre gagner des millions seulement ou laisser mourir des milliers de personnes, et chaque jour, ils choisissent la seconde option. Laisser entre leurs mains la moindre somme d’argent qui pourrait être utilisée pour éviter des morts revient à accepter que certaines personnes meurent pour permettre de plus gros profits aux capitalistes. Les solutions réformistes telles que celle-ci se contentent de 10 000 morts par jour, plutôt que 21 000. Il n’y a pas de quantité raisonnable de personnes que le capitalisme est autorisé à tuer.
La richesse et la technologie existent actuellement pour combattre ces problèmes, mais elles sont accaparées par une petite minorité. Les tentatives de taxation sont d’une utilité limitée, car les riches se contentent de cacher leurs richesses dans des paradis fiscaux à l’étranger ou refusent tout simplement d’investir. Pour s’attaquer véritablement aux inégalités, il faut s’attaquer à la source, c’est-à-dire à ceux qui contrôlent l’économie. Retirer l’économie des mains privées et placer les usines, les banques et les grandes entreprises sous le contrôle démocratique des travailleurs est le seul moyen de stopper les inégalités, d’investir dans les soins de santé, de mettre fin à la faim et à la violence sexiste. Les capitalistes doivent perdre leur droit de régner. Le capitalisme doit mourir pour que les gens puissent vivre.