Les travailleurs des ports de Colombie-Britannique et de Montréal font face à une attaque frontale de la part du gouvernement fédéral libéral. Après avoir bafoué le droit de grève des cheminots cet été, ils font maintenant exactement la même chose avec les travailleurs portuaires.
Cela survient suite à une offensive coordonnée des employeurs maritimes. Sur les deux côtes, ils ont mis les travailleurs en lock-out ce mois-ci, les accusant de perturber l’économie et demandant une intervention fédérale, qui leur a été accordée.
Révolution communiste était sur le point de publier les deux articles suivants lorsque la nouvelle de l’arbitrage obligatoire est tombée. Nous pensons qu’ils conservent toute leur validité.
En août, l’ILWU 514 de la Colombie-Britannique a voté à 96% en faveur d’une grève. Le 8 novembre, ils ont organisé un rassemblement de soutien à leur ligne de piquetage auquel des centaines de travailleurs, syndiqués et non syndiqués, ont participé en signe de solidarité. Le SCFP 375 de Montréal a également obtenu un mandat de grève écrasant, montrant ainsi sa détermination à lutter.
Le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) est en train de devenir l’outil favori des libéraux pour écraser les travailleurs. Ils n’ont même pas besoin d’un vote et retirent le droit de grève d’un simple claquement de doigts. Il est temps que ça cesse.
Le SCFP 375 et l’ILWU 514 doivent lancer une grève coordonnée. Ce n’est qu’en défiant cette mesure antidémocratique que les travailleurs pourront repousser l’offensive des patrons. L’ensemble du mouvement syndical doit soutenir pleinement les travailleurs portuaires et les rejoindre sur les lignes. Leur combat est notre combat!
Les patrons des ports de Colombie-Britannique provoquent une crise pour tenter de briser le syndicat
Matt Arean Keller
Les 700 contremaîtres de débardeurs regroupés au sein de la section locale 514 de l’ILWU luttent contre la mise en œuvre unilatérale de l’automatisation, qui entraînerait la perte de bons emplois. Les patrons les ont mis en lock-out depuis le 5 novembre, dans le cadre d’une offensive visant à briser leur syndicat.
De façon absolument malhonnête, la B.C. Maritime Employers’ Association (BCMEA) a accusé les travailleurs d’avoir pris la « décision regrettable de déstabiliser la chaîne d’approvisionnement du Canada ».
Les médias ont gobé ce mensonge à pleines dents. Un titre de Forbes présente la situation comme suit : « La grève des ports de la côte ouest du Canada provoque une panique dans la chaîne d’approvisionnement ». Dans leur esprit, cette « panique » est le résultat d’une grève. Mais il s’agit d’un lock-out, pas d’une grève.
La Chambre de commerce du Grand Vancouver s’est bien sûr jointe au chœur, exigeant « une action immédiate du gouvernement fédéral pour intervenir et pour que les dirigeants de l’ILWU 514 négocient de bonne foi ». Mais qui est vraiment de mauvaise foi dans cette affaire?
Rien que cette année, les négociations ont été interrompues à trois reprises et, à chaque fois, c’est la BCMEA qui a quitté la table des négociations. Cette fin de semaine, lorsque celle-ci a été contrainte de revenir à la table des négociations pour trois jours d’arbitrage, la BCMEA a quitté la salle après les 40 premières minutes.
Ces propos absurdes émanant des porte-parole de la classe capitaliste visent à masquer ce qui se passe réellement. Tout en présentant la situation comme une rupture des négociations par le syndicat, la BCMEA essaie en réalité de faire tout ce qui est en son pouvoir pour briser le syndicat.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante nous a fait la faveur de dire tout haut ce que le patronat pense tout bas : « Le gouvernement fédéral doit immédiatement introduire l’arbitrage obligatoire ou légiférer pour que les travailleurs reprennent le travail. Les ports du pays doivent également être considérés comme essentiels, afin qu’ils restent opérationnels à tout moment. »
Autrement dit, ces lock-out doivent se terminer par le retrait aux travailleurs de leur droit démocratique de grève.
Au fur et à mesure que la crise du capitalisme canadien s’aggrave, nous verrons sans aucun doute d’autres luttes de classe comme celles-ci éclater dans tous les secteurs de l’économie. Déjà, à Montréal, l’Association des employeurs maritimes met ses travailleurs en lock-out et les porte-parole du capital émettent la même demande d’intervention gouvernementale qu’en Colombie-Britannique. Il s’agit d’une attaque coordonnée des capitalistes portuaires sur les côtes est et ouest visant à briser les syndicats parmi les plus solides du Canada.
Les travailleurs portuaires se préparent d’ores et déjà à la lutte. En août, la section locale a voté à 96% en faveur d’une grève à l’échelle de l’industrie. Le 8 novembre, ils ont organisé un rassemblement de soutien à leur piquet de grève, auquel des centaines de travailleurs, syndiqués et non syndiqués, ont participé en signe de solidarité.
Afin de constituer une solide contre-offensive contre les attaques des patrons, nous devons reproduire cette initiative dans tous les ports de la Colombie-Britannique et organiser des piquets de grève massifs et des rassemblements de solidarité pour obtenir le soutien de l’ensemble du mouvement ouvrier. L’ILWU 514 et le SCFP 375 à Montréal doivent rester unis contre toute attaque sur leur droit de grève. Le Parti communiste révolutionnaire est solidaire des travailleurs portuaires d’un océan à l’autre.
Lock-out au Port de Montréal : l’offensive des employeurs maritimes s’étend
Julien Arseneau
Alors qu’un lock-out dure depuis le 5 novembre sur la côte ouest dans le Port de Vancouver, les travailleurs du Port de Montréal subissent maintenant le même sort depuis le 10 novembre. Il s’agit d’une offensive coordonnée pour briser les syndicats.
Depuis des années, les débardeurs du Port de Montréal se battent pour des horaires de travail décents. Bien que les médias les présentent comme des bébés gâtés surpayés, ceux-ci doivent toujours être disponibles 19 jours sur 21 pour travailler. Ces mêmes enjeux ayant entraîné les grèves de 2020 et 2021 (cette dernière cassée par une loi spéciale) n’ont jamais été réglés.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la grève partielle des débardeurs touchant la compagnie Termont depuis le 31 octobre.
Selon le syndicat, cette compagnie utilise des « horaires punitifs » qui empêchent la conciliation travail-famille. Elle trouve tous les prétextes pour persécuter et harceler les travailleurs. Au cours de l’année écoulée, 33 travailleurs ont été licenciés et 1 200 mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre de travailleurs. Des agents les suivent partout pour les punir à la moindre infraction.
L’Association des employeurs maritimes sort maintenant l’artillerie lourde du lock-out.
Sans l’ombre d’une négociation, l’AEM a d’abord déposé une offre « finale », la même qui a été refusée catégoriquement déjà. Elle ne contient aucune amélioration des horaires.
En réalité, les patrons se moquent des travailleurs. Ils ne se pointent même pas aux réunions de négociation. Ils déposent des offres déjà refusées, et disent n’avoir « d’autre choix » que d’imposer le lock-out.
Ces patrons ont le culot de se plaindre que les entreprises sont « prises en otage », et réclament maintenant l’intervention du fédéral.
À l’image de ce qu’ont fait les patrons du rail en août dernier, les employeurs maritimes paralysent l’économie, mettent un fusil sur la tempe du gouvernement et cherchent à forcer son « intervention ».
Cependant, le leadership syndical se rabat encore sur l’espoir d’amener ces bandits à la table de négociation, en dépit de tous ces comportements accablants. Il faut plutôt répondre à leur offensive par une mobilisation de masse des travailleurs.
À Vancouver, alors que le lock-out touche seulement les contremaîtres, une menace de grève de l’ensemble du port plane. C’est la voie à suivre! À Montréal, le syndicat devrait ériger des piquets de masse et inviter le reste du mouvement ouvrier à venir les appuyer.
Les syndicats de Vancouver et le SCFP 375 devraient s’engager à défier ensemble toute atteinte à leur droit de grève et de négociation – que ce soit par une loi spéciale ou une intervention du CCRI soi-disant « neutre ». Seule une action de masse coordonnée des travailleurs peut vaincre l’action coordonnée des patrons!