Les négociations du secteur public de 2023 tirent à leur fin et le bilan est amère. La direction de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a réussi à faire adopter l’entente qu’elle a recommandée, mais avec à peine plus de 50% d’appui!
Pour le Front commun (CSN, FTQ, CSQ, APTS), c’est seulement 75% des membres qui ont voté pour l’entente globale, mais les chiffres sont plus bas pour les ententes sectorielles. Dans l’enseignement, seuls 59% des membres ont adopté l’entente.
Déception
Le sentiment général chez les syndiqués est clair : la déception. Les ententes ne règlent rien des problèmes les plus criants du secteur public. Les corps d’emplois dans les échelles les moins payées se sentent « délaissés » par ces augmentations salariales. L’indexation des salaires qui était demandée a été transformée en une augmentation de 17,4% qui peinera à suivre l’inflation.
Mais c’est vraiment chez les enseignants que la déception, voire la colère, est criante. Rien de concret n’a été fait pour corriger la taille des classes et les ratios enseignants-élèves, et il n’y a rien de significatif pour régler la surcharge de travail et le manque de main-d’œuvre.
Se « buter aux limites de la négo »
Alors que Legault était dans les câbles et qu’il aurait été possible de le forcer à reculer par une grève illimitée commune, les dirigeants syndicaux se sont satisfaits d’arrêter la lutte à mi-chemin, en obtenant finalement un semblant de statu quo.
Mais ce qui est particulièrement révélateur, c’est comment la direction de la FAE a justifié son entente qui a déçu tout le monde : la présidente de la FAE a expliqué en point de presse que le comité de négociation s’était « buté aux limites de la négo ».
De façon révélatrice, l’opinion du gouvernement était essentiellement la même. Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a dit à propos du mécontentement des enseignants vis-à-vis de l’entente : « On ne pouvait pas leur donner ce que nous n’avons pas. » Ainsi, le gouvernement et les dirigeants syndicaux s’entendent au moins sur une chose : selon eux, les travailleurs du secteur public ne pouvaient pas avoir mieux.
Le fait est que Drainville n’a pas tort, de son point de vue. Le capitalisme est en crise et n’a plus rien à offrir à la classe ouvrière. Les gouvernements appliquent l’austérité dans les services sociaux, tout en finançant à coup de milliards des entreprises privées comme Northvolt.
Seuls des investissements massifs et une amélioration significative des salaires et des conditions de travail pourraient sauver les services publics. Quand Drainville dit qu’il ne peut pas offrir ce que « nous n’avons pas », il admet que le système capitaliste est incapable de satisfaire les travailleurs et d’offrir des services publics de qualité.
Mais comme les dirigeants syndicaux ont une perspective réformiste qui accepte le système capitaliste, ils sont forcés d’en accepter les limites. Ils mènent alors les négociations dans la perspective de « convaincre » un gouvernement de patrons qu’il est une « bonne idée » d’améliorer les conditions des travailleurs du secteur public. Mais en période de crise, les capitalistes n’ont pas le moindre espace pour faire des concessions aux travailleurs, et le respect réformiste des « limites de la négo » révèle sa banqueroute complète.
Tant et aussi longtemps que les syndicats seront menés par des dirigeants qui refuseront de dépasser les limites du capitalisme, le mouvement syndical continuera d’aller de défaite en défaite.
Si tu es tanné de te faire enfoncer dans la gorge les ententes décevantes des gouvernements de capitalistes, si tu es tanné de te les faire recommander par des dirigeants syndicaux réformistes, alors aide nous à briser cette dynamique. Rejoins les communistes. Construis avec nous une force capable de gagner les syndicats aux idées révolutionnaires, et capable d’arracher le pouvoir aux gouvernements capitalistes. Construis avec nous le Parti communiste révolutionnaire.