Une lutte sans précédent se prépare. Cet automne, le Québec en entier pourrait être le théâtre de la plus grande grève illimitée de l’histoire du Canada.
Les 420 000 employés du secteur public réunis en Front commun (CSN, FTQ, APTS, CSQ) sont actuellement appelés à voter pour un mandat afin d’organiser une telle grève.
L’état lamentable des services publics et l’offre salariale minable de 9% sur cinq ans de la CAQ ne laissent aucun doute sur l’issue des votes. Les positions des syndicats et du gouvernement sont absolument irréconciliables, et celui-ci ne bouge pas d’un pouce. Le ras-le-bol dans le secteur public est palpable.
Forts de leur augmentation salariale de 30%, les parlementaires déconnectés et hypocrites invoquent la « capacité de payer » limitée du gouvernement pour refuser l’indexation des salaires que les syndicats demandent. C’est ce même gouvernement qui offre aux patrons du Québec des milliards en aide financière de toutes sortes. Ainsi en est-il sous le capitalisme; il n’y a jamais d’argent pour les travailleurs.
Legault nous déclare la guerre, et nous devons lui rendre la pareille en préparant une guerre de classe! Les travailleurs devront bloquer toute la province s’ils veulent mettre fin à l’appauvrissement.
Fini les reculs!
Après 40 ans de dégradation des conditions de travail dans le secteur public, la situation est critique. La pénurie d’enseignants atteint des records, et le réseau de la santé s’effondre sous nos yeux. Le déclin précipité des conditions de travail pousse les travailleurs à abandonner la profession ou à partir vers le privé.
Malheureusement, les ententes signées lors des dernières rondes de négociations ont empiré la situation. L’entente de 2015 équivalait à des salaires inférieurs à l’inflation de 2% de l’époque. Puis en 2021, les dirigeants syndicaux ont accepté, sans lutte, les offres salariales de 2% par année sur trois ans de la CAQ, alors que l’inflation augmentait de mois en mois.
La revendication actuelle du Front commun de l’indexation des salaires en plus d’une augmentation de 9% sur trois ans est le minimum nécessaire pour stopper l’appauvrissement. Il ne faut pas reculer d’un pouce sur ces revendications.
Mais comme la CAQ ne bouge pas, il faut donc se préparer sérieusement à la grève illimitée.
Grève illimitée : passons à l’action!
La mise à l’ordre du jour d’une grève illimitée dès maintenant est un très bon pas en avant. Cependant, il faut dès maintenant passer de la parole aux actes.
Les dirigeants syndicaux ont laissé entendre qu’ils n’auraient pas immédiatement recours à la grève illimitée, et qu’une escalade de moyens de pression aurait lieu. Bien que cela puisse aider à donner un élan au mouvement, il est arrivé par le passé que des grèves ponctuelles ou limitées à certains secteurs servent simplement d’exutoire pour la colère des travailleurs.
C’est ce que nous avons vu lors du dernier Front commun en 2015, où la direction du Front s’était contentée de grèves rotatives régionales, avant d’annuler la grève de trois jours de tout le front commun et d’accepter une entente au rabais.
De même, trop souvent, les grèves sont déclenchées par la direction syndicale « au moment opportun » en prenant les membres eux-mêmes par surprise. Il faut rompre avec ces méthodes.
Cette fois, la direction du Front commun doit dès maintenant choisir une date à laquelle entamer une grève illimitée en donnant un ultimatum au gouvernement. Une escalade des moyens de pression peut être utile seulement si la menace de grève illimitée est imminente et concrète. Plus la grève sera publicisée à l’avance, plus les membres seront mobilisés et préparés à la mener.
Mobilisation
La lutte actuelle a le potentiel de déchaîner la colère qui bout sous la surface depuis longtemps dans tous les secteurs de la classe ouvrière québécoise. Mais pour canaliser cette colère dans la lutte, l’énergie, la créativité et l’intelligence des travailleurs de la base doivent être mises à profit. Ils doivent être massivement et démocratiquement mobilisés.
Des comités de mobilisation devraient être formés dans chaque école, hôpital, milieu de travail. Les immenses ressources des syndicats doivent être utilisées pour aider à la formation de tels comités de la base. Les membres doivent être activement mobilisés et informés du début à la fin. Les membres devraient avoir un réel contrôle démocratique sur le mouvement à chaque étape.
Si la grève étudiante de 2012, par exemple, avait été un succès, c’était notamment parce qu’elle avait déchaîné la créativité et l’implication massive des étudiants et qu’elle était préparée bien en avance. Nous devons faire la même chose!
Une occasion historique
Après des décennies de revers, nous sommes face à une occasion historique. Tout le monde sait que les systèmes de santé et d’éducation sont en miettes, et on peut s’attendre à un large appui de la population. Un premier sondage montre que 87% des Québécois pensent que le gouvernement doit améliorer les conditions de travail des travailleurs du secteur public!
Jamais dans l’histoire du Québec autant de travailleurs n’auront eu un mandat de grève illimitée en même temps. Des affiliés de la Fédération autonome de l’enseignement (qui n’est pas dans le front commun) ont déjà de tels mandats.
Mais il faut être prêts à mener cette lutte jusqu’au bout, et ne s’arrêter devant aucune tentative du gouvernement de salir ou réprimer les travailleurs et attenter au droit de grève. Aucun recul n’est admissible. Une défaite signalerait un appauvrissement continu de l’ensemble de la classe ouvrière, alors qu’une victoire pourrait déclencher une riposte massive contre tout le patronat.
Après un premier mandat tranquille, la colère s’accumule contre la CAQ et la crise du capitalisme. Que ce soit la crise du logement que la CAQ empire avec son PL31, le cynisme du gouvernement avec ses hausses de salaire grossières des députés, la crise climatique qui s’aggrave sans que rien de sérieux ne soit fait, les raisons de vouloir lutter ne manquent pas. La lutte du front commun pourrait devenir le point focal d’un large mouvement contre tous ces maux et le gouvernement de patrons au pouvoir.
Nous sommes entrés dans une nouvelle époque. Le système capitaliste est de plus en plus discrédité et n’a rien à offrir aux travailleurs. La CAQ a dépoussiéré l’argumentaire de l’austérité, disant que l’État québécois est déficitaire et qu’il n’y a pas d’argent pour de meilleurs salaires dans le secteur public. Involontairement, la CAQ admet que sous le capitalisme, il n’est pas possible d’assurer des services publics adéquats et de bonnes conditions de travail. C’est pourquoi nous, communistes, luttons pour que le mouvement soit armé de la perspective de renverser ce système pourri.
Nous organisons un contingent communiste à la manifestation de ce samedi 23 septembre à Montréal. Si vous êtes communistes et voulez nous aider à diffuser cette perspective dans le mouvement, rejoignez-nous!
Nous marcherons sous les slogans suivants :
Fini les reculs : rattrapage et indexation, maintenant!
Seule la lutte paie : grève illimitée!
La CAQ nous fait la guerre : préparons la guerre de classe!
Lien vers l’événement de notre contingent : https://www.facebook.com/events/636644678575390
Lien vers l’événement de la manifestation : https://www.facebook.com/events/193750406884390