Après un an et demi de négociations, les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ont finalement accepté à 66% la proposition d’entente du médiateur. Cette entente comprend d’importants reculs sur les conditions de travail pour les infirmières et autres travailleurs de la santé. Les minces gains obtenus sont loin de compenser les reculs. Le gouvernement de la CAQ a gagné sur la « mobilité du personnel », c’est-à-dire la possibilité de déplacer à sa guise le personnel entre unités de soin, voire entre établissements.
Pour les infirmières, c’est une défaite sur pratiquement toute la ligne : aucun ratio infirmières-patients, aucun plan pour mettre fin au temps supplémentaire obligatoire, et une augmentation salariale qui comble à peine l’inflation.
Comment expliquer cette défaite, alors que nous avons démontré que nous étions prêts à nous battre, et que nous avons même mené plusieurs séquences de grève, une première en plus de 20 ans? Nous avions l’appui de la population et le gouvernement de la CAQ était fortement impopulaire.
C’est entièrement la faute de la direction de la FIQ qui n’avait pas de plan de lutte sérieux. Après que les membres aient refusé une entente de principe en avril 2024, l’exécutif s’est retrouvé complètement déboussolé et n’a pas été en mesure de mener une véritable lutte contre la CAQ. Au contraire, il ne cessait d’appeler Legault à « négocier de bonne foi ».
Le résultat est que de nombreux membres ont perdu complètement confiance dans leur direction et ont voté à regret pour une proposition d’entente qui ne soulève aucun enthousiasme.
Ce que cela démontre, c’est que l’approche de collaboration avec le patronat est une stratégie perdante et doit être jetée à la poubelle une fois pour toutes. Il faut un syndicalisme qui n’a pas peur d’aller jusqu’au bout et de mobiliser la classe ouvrière avec une perspective de lutte de classe contre l’ennemi capitaliste.
La FIQ doit lutter conjointement avec les autres syndicats qui ont fait partie du front commun pour cesser la division entre les travailleurs du réseau public.
Avec la réforme Dubé et la création de Santé Québec, la privatisation s’accélère. Il faut se demander : qui va contrôler le réseau de la santé? En ce moment, ce sont les patrons et les investisseurs qui décident comment organiser notre réseau public.
Le seul intérêt de ces gens est de faire du profit sur le dos des malades. La présidente-directrice générale, Geneviève Biron, sera d’ailleurs payée 652 000 dollars par année, soit plus du double du salaire du premier ministre! Pendant ce temps, les infirmières devront se serrer la ceinture.
Au bout du compte, sous ce système, le patronat n’a que la misère à offrir. Pour renverser la privatisation et la détérioration de nos services publics, les travailleurs doivent prendre le pouvoir et décider démocratiquement de la manière dont le système de santé doit être géré.