Les négociations sont rompues entre le gouvernement de l’Ontario et 55 000 travailleurs de l’éducation. Avant même qu’une grève ne soit lancée, le ministre de l’Éducation Stephen Lecce a déposé une loi draconienne visant à retirer le droit démocratique de grève des travailleurs de l’éducation. De plus, le gouvernement utilise également la clause dérogatoire pour enfreindre complètement le droit à la négociation collective. Il impose un contrat pourri aux travailleurs de l’éducation, qui comptent parmi les travailleurs syndiqués les plus pauvres de la province.
Cela crée un dangereux précédent et représente donc une menace pour l’ensemble du mouvement syndical. Nous appelons donc toutes les fédérations syndicales, les militants syndicaux et les travailleurs de toute la province à faire front commun contre le gouvernement Ford afin de faire échec à cette loi antidémocratique et inconstitutionnelle. Cela nécessitera des grèves de solidarité et des débrayages dans tout l’Ontario. Le gouvernement Ford a jeté le gant. Nous devons le ramasser.
Rupture des négociations sur la question de l’inflation
L’inflation est au cœur de ce conflit. Au début de la nouvelle année scolaire, l’inflation atteignait 8,1%, son plus haut niveau en 39 ans. Cette situation s’ajoute aux baisses de salaire de 11% que les travailleurs de l’éducation ont subies pendant 10 ans en vertu des lois libérales et conservatrices sur la limitation des salaires. Dans ce contexte de crise du coût de la vie, le syndicat réclame 3,25$/heure (environ 11%) par an pour rattraper les salaires perdus. Mais le régime Ford, déterminé à faire des coupes, n’offre qu’environ 2%, ce qui représente une baisse de salaire effective de 6% par an, si l’on tient compte de l’inflation. Sur un contrat de quatre ans, cela représente près d’un quart de notre salaire perdu. De plus, la convention imposerait également une réduction des congés de maladie, obligeant les travailleurs à demander manuellement l’invalidité de courte durée qui était payée à 90% et la soumettant à une période d’attente de cinq jours payée à 25%.
Dans le budget de 2022, Doug Ford a admis que 50 000 dollars par an constitue un salaire à faible revenu. De nombreux travailleurs de l’éducation publique gagnent moins de 40 000 dollars. Il n’est pas surprenant que plus de 50% des travailleurs du SCFP occupent un deuxième et un troisième emploi pour joindre les deux bouts. En fait, nous sommes parmi les travailleurs les plus pauvres de la province. Pourtant, Ford veut mettre fin aux négociations et imposer une nouvelle baisse de salaire.
Stephen Lecce est déterminé à utiliser son mantra « garder les enfants à l’école » pour obtenir le soutien du public, mais c’est le même gouvernement conservateur qui a mal géré la pandémie et qui réduit maintenant de 12,3 milliards de dollars le budget de l’éducation. De plus, l’inflation contre laquelle les travailleurs du SCFP se battent écrase beaucoup de gens. Un récent sondage montre que 84% des Canadiens s’inquiètent de l’inflation et ne sont pas optimistes quant à sa diminution prochaine. Nous ne pouvons pas nous permettre de reculer davantage.
Le droit de grève retiré
La loi de retour au travail déposée préventivement par le ministre de l’Éducation le 31 octobre couperait court aux négociations, rendrait notre grève illégale et nous imposerait un contrat de misère de quatre ans. Le contrat imposé par le gouvernement mettrait en œuvre une réduction absolue des congés de maladie ainsi qu’une réduction réelle des salaires. Il s’agit d’un ultimatum scandaleux destiné à vider l’éducation publique de sa substance. La seule façon de faire entendre raison à ce gouvernement est de lui montrer notre force par la défiance et la grève jusqu’à ce que cette loi soit rejetée.
Fred Hahn, président du SCFP Ontario, a réagi à la loi en déclarant : « Vendredi [4 novembre], peu importe ce que dit cette loi, nos membres manifesteront à travers toute la province. Cela signifie qu’aucun travailleur de l’éducation du SCFP ne sera au travail. » Lors d’un récent rassemblement des membres du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO), Fred a également paraphrasé la célèbre citation de Martin Luther King, « nous avons le devoir de désobéir aux lois injustes ». Lors de la même réunion, la présidente du CSCSO, affilié au SCFP, Laura Walton, a ajouté que « nous devons nous battre en Ontario comme nous ne l’avons jamais fait auparavant […] si nous ne nous battons pas maintenant, quand le ferons-nous? » Elle a également conseillé aux travailleurs de se préparer à protester en ne rentrant pas au travail le 4 novembre, qu’il y ait une loi spéciale ou non.
Nous saluons la réponse audacieuse de notre direction syndicale face à cette attaque historique. En soi, si la direction du syndicat est prête à organiser une journée de grève illégale, il s’agit d’un changement qualitatif par rapport à la façon dont les dirigeants syndicaux ont répondu aux lois similaires dans le passé, qui consistait à annuler la grève et à les contester devant les tribunaux. Cependant, il est extrêmement improbable que Ford et Lecce fassent simplement marche arrière après une journée.
On ne peut pas raisonner avec ceux qui ne sont pas raisonnables. Le problème doit être réglé sur les piquets de grève. Au-delà de la date de grève du 4 novembre, nous avons besoin d’un plan pour prolonger la grève jusqu’à ce que cette loi draconienne soit abolie et que nos droits soient protégés. Tant les travailleurs que le gouvernement savent que le système d’éducation publique est incapable de fonctionner un seul jour sans les travailleurs du SCFP. Montrons-leur à quoi cela ressemble.
En réponse à la question de savoir ce qu’ils feraient s’ils étaient condamnés à une amende, les dirigeants syndicaux ont laissé entendre qu’ils paieraient ces amendes illégales et inconstitutionnelles. Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une erreur. Outre l’amende de 500 000 dollars dont est menacé le syndicat, chacun des 55 000 travailleurs est également menacé d’une amende de 4000 dollars chacun. Cela représente 220 millions de dollars qui, s’ils étaient payés, mettraient le syndicat en faillite et le paralyseraient. Il faut refuser de payer la moindre amende imposée en vertu de cette loi draconienne et lancer une campagne massive de non-paiement. Personne ne devrait retourner au travail tant que ces amendes n’auront pas été levées.
Jusqu’à présent, nos dirigeants syndicaux n’ont pas précisé ce qui se passera après vendredi. Ce manque de clarté est déconcertant et ne donne pas à la base du syndicat l’assurance que nous combattrons cette loi jusqu’au bout. Les piquets de grève ne peuvent être levés après une journée de grève. Au lieu que la fin de semaine soit un facteur de démobilisation, nous pouvons l’utiliser pour organiser des rassemblements et envoyer des équipes de piquetage mobiles dans toute la province vers d’autres lieux de travail qui ne sont pas techniquement en grève, comme la Toronto Transit Commission (TTC), Postes Canada, etc. De cette façon, l’élan peut être maintenu jusqu’à la semaine prochaine. Nous avons besoin d’un plan clair pour intensifier la grève, avec des piquets de grève croisés et des grèves de solidarité du reste du mouvement syndical. Nous devons mobiliser un mouvement comme l’Ontario n’en a jamais vu et créer un précédent pour que le gouvernement n’envisage plus jamais de s’attaquer à nos droits.
Étendre la grève
Le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, est déterminé à écraser le droit de grève et le droit à la négociation collective en Ontario, et veut utiliser le SCFP, la main-d’œuvre la plus pauvre de la province, comme exemple. Il a déclaré que la loi spéciale n’est pas une mesure générale, ce qui signifie que les négociations avec les autres syndicats de l’éducation reprendront sans menaces ni intimidation. C’est un mensonge. Lecce lui-même a dit que ce que le gouvernement va signer avec le SCFP fixera le plancher des négociations avec tous les autres syndicats d’enseignants. Le résultat de la grève du SCFP fournira un modèle pour le sort de tous les employés du secteur public, et pas seulement de l’éducation. Il est maintenant temps d’étendre la grève à tout l’Ontario!
Les délégués à une récente réunion du conseil exécutif national du SCFP ont rapporté qu’une motion a été adoptée pour soutenir les membres qui défient la loi de retour au travail en cas de grève. Le CSCSO a également organisé des rassemblements et des réunions de masse des membres à l’échelle de la province pour organiser une opposition. Lors de la récente conférence de masse du CSCSO, Fred Hahn a fait remarquer que la grève ne prendrait pas fin tant que tous les postes des travailleurs ne seraient pas rétablis.
Les plans du CSCSO et du SCFP national sont un bon début, mais ils doivent avoir plus de mordant. Défier la loi de retour au travail doit être à l’ordre du jour des assemblées générales de chaque section locale. Les comités de grève doivent être élargis afin d’intégrer les travailleurs les plus énergiques et les plus combatifs au premier rang de la lutte. Il doit y avoir un plan dans chaque section locale pour être prêt à soutenir les travailleurs qui désobéissent. Les délégués syndicaux doivent être envoyés d’un milieu de travail à l’autre pour préparer une résistance de masse.
Les travailleurs de l’éducation devront se mettre en tête de cette campagne, mais nous ne pouvons pas être laissés seuls à combattre : nous avons besoin que le mouvement syndical soit à nos côtés pour défendre notre droit de grève. Une victoire pour les travailleurs de l’éducation est une victoire pour tous les travailleurs; de même, une attaque contre l’un est une attaque contre tous. La désobéissance ne peut se limiter à des membres individuels. Cela permettrait simplement à la direction de cibler et de s’en prendre aux travailleurs les plus combatifs.
Pour remporter la victoire, nous aurons besoin des ressources humaines et matérielles de l’ensemble du mouvement syndical : nous devons nous mobiliser en masse pour soutenir tout syndicat dont la loi prévoit le retour au travail. Cela nécessitera des réunions conjointes avec d’autres syndicats, notamment les syndicats d’enseignants. Dans cet esprit, la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO) a mis fin à ses négociations avec le gouvernement le 31 octobre, en signe de condamnation de la loi de retour au travail imposée au SCFP. Cette démonstration de solidarité de la part des dirigeants de la FEEO doit être suivie d’actions en s’unissant à nous sur les lignes de piquetage, car de nombreux enseignants ont exprimé leur soutien à leurs collègues du SCFP et leur désir de ne pas franchir leurs piquets.
La meilleure façon d’y parvenir est que les enseignants s’associent au SCFP par le biais d’une grève de solidarité, unissant ainsi la force des plus de 250 000 travailleurs de l’éducation en Ontario. Nous devrons également obtenir le soutien du grand public, et en particulier des parents, par le biais de rassemblements et de manifestations de solidarité. N’oublions pas comment en 2019, plus de 30 000 personnes se sont mobilisées à Queens Park pour soutenir les syndicats d’enseignants.
Un autre bon exemple de solidarité est une motion qui a été adoptée au Toronto and York Region Labour Council (TYRLC) en 2018. La motion appelait à une campagne de « débrayages de solidarité et de manifestations politiques de masse » qui serait « déclenchée dans le cas où une section locale affiliée au TYRLC verrait ses droits violés ». Ce modèle doit être adopté par la Fédération du travail de l’Ontario et reproduit dans toute la province! Une vague de grèves de solidarité pourrait paralyser ce gouvernement déjà impopulaire.
Nous appelons toutes les fédérations syndicales, les militants syndicaux et les travailleurs de toute la province à se joindre à nous dans un front uni contre le gouvernement Ford et à assurer la victoire de notre grève! Apportez-nous le soutien dont nous avons besoin pour que cette victoire syndicale reste dans les mémoires des générations futures.
Défions la loi de retour au travail!
Étendons la grève!
En grève jusqu’à la victoire!