La gestion catastrophique de la pandémie par le Parti conservateur suscite une colère brûlante en Ontario. Depuis quelques semaines, la province connaît une énorme troisième vague. S’inspirant probablement de Legault, le gouvernement conservateur de Doug Ford a choisi d’appliquer des mesures policières. Les réseaux sociaux ont immédiatement été submergés de messages de colère. Mais alors qu’au Québec une certaine passivité continue à régner, en Ontario un mouvement commence à émerger et s’organiser. Nos camarades ontariens participent à cet effort.


Alors que la COVID-19 ravage l’Ontario à un rythme jamais vu auparavant, le gouvernement Ford et les grandes entreprises laissent des milliers de travailleurs contracter le virus dans des lieux de travail non sécuritaires et sans mesures de protection de base. Cela ne peut plus durer. En réponse à cette situation, un mouvement appelant à des refus massifs de travailler a vu le jour dans la province.

Ford ne se laissera pas convaincre de se soucier des travailleurs

L’Ontario compte plus d’infections à la COVID-19 que toute autre province. Plus de 4000 personnes sont infectées chaque jour. Les hôpitaux et les unités de soins intensifs sont au bord de la catastrophe. Près de 8000 personnes ont été tuées par le virus à ce jour. Ce nombre va se multiplier si on ne fait rien, et les lieux de travail à risque en sont le principal moteur. En janvier 2021, les experts de la santé de l’Ontario ont constaté que près de un cas d’infection à la COVID-19 sur cinq était une « infection en milieu de travail » – ce qui n’inclut pas les infections dues aux transports en commun, aux logements exigus et à d’autres lieux auxquels les travailleurs ne peuvent pas échapper. Les observations faites par le gouvernement Ford lui-même ont démontré que des employeurs essentiels prennent des raccourcis en matière de santé et de sécurité.

Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario, a été averti qu’une réouverture entraînerait une troisième vague d’infections d’un niveau record. Malgré ces avertissements, il a rouvert des commerces de détail non essentiels pour apaiser les grandes entreprises – sans prendre de mesures sérieuses pour protéger les travailleurs de première ligne. Ford a en outre refusé à plusieurs reprises de rétablir les jours de congé de maladie payés qu’il a supprimés en 2018. Son gouvernement a refusé de fermer les lieux de travail où sévissaient des épidémies répétées. Ford a en outre bâclé le déploiement des vaccins de l’Ontario dans certaines des régions les plus touchées et aux revenus les plus faibles. Les gens de la classe ouvrière à Scarborough et près de Jane et Finch sont obligés de faire la queue pendant des heures pour peut-être avoir la chance d’obtenir un vaccin, alors que les secteurs riches qui votent conservateur ont été priorisés.

Ford, le parti conservateur et les grandes entreprises ont révélé leur indifférence totale à l’égard de la santé des travailleurs tout au long de cette troisième vague. Au début de la troisième vague, Ford a qualifié de « gaspillage » les jours de congé de maladie payés pour les travailleurs essentiels. Lors d’un « moment de silence » en avril pour les travailleurs tués pendant la pandémie, le leader parlementaire conservateur Paul Calandra a été surpris en train de jouer sur son téléphone. Ford lui-même s’est depuis excusé et a même pleuré lors d’une conférence de presse alors que sa popularité est en chute libre, mais rien n’a encore changé. Nous ne pouvons pas attendre que les conservateurs se trouvent une conscience.

Les syndicats doivent soutenir les travailleurs qui refusent un travail dangereux

Face à la négligence des employeurs et du gouvernement, des travailleurs essentiels ont été contraints de refuser un travail dangereux pour se protéger. La semaine dernière, des postiers de l’établissement Gateway, des aides-enseignants de l’école publique Applewood de Mississauga et des enseignants de Brampton ont refusé de faire un travail dangereux en raison de pics d’infection. Ces refus font suite à des refus récents par des enseignants de Mississauga et de travailleurs du transport en commun de Toronto et de Windsor, entre autres. Tout au long de l’année 2020, des centaines de refus de travailler et des milliers de plaintes de ce type ont été déposées auprès du ministère. Il y a un fort désir de se battre. La recrudescence des campagnes syndicales et des mandats de grève des travailleurs essentiels en est une autre preuve. Cette semaine encore, les enseignants du Toronto Catholic District School Board ont voté en faveur d’un mandat de grève contre une demande de l’employeur les obligeant à fournir un billet du médecin pour justifier leurs absences.

Lors de réunions récentes de plus de 1000 personnes convoquées par le NPD ontarien et de près de 350 personnes convoquées par la campagne Fight for $15 and Fairness, les appels à  une campagne de refus de travailler ont été reçus avec beaucoup d’enthousiasme. Ces organisations peuvent et doivent jouer un rôle d’organisation. Les bulletins de la Commission des relations de travail de l’Ontario font état d’une série de plaintes récentes concernant des « représailles en matière de santé et de sécurité » dans des installations d’Amazon, des épiceries, des établissements de soins de longue durée et d’autres lieux de travail essentiels. Il est probable que beaucoup d’autres représailles ne soient pas signalées. Les travailleurs doivent savoir que s’ils refusent un travail dangereux, ces organisations massives, qui représentent plus de 200 000 travailleurs à Toronto seulement, prendront leur défense.

Rejoignez la campagne!

Un collectif d’associations de circonscription du NPD, de militants syndicaux, d’autres alliés et de membres de la communauté ont rédigé une lettre ouverte appelant le NPD de l’Ontario et les dirigeants syndicaux à lancer une campagne de refus massif de travail.  Parmi les centaines de signataires officiels figurent : Carlos Santos, président de l’ATU 113, Kevin Paddon, président de la section locale 31 d’UNIFOR, et des représentants des sections locales du SEFPO et du syndicat des Métallos. Parmi les autres signataires figurent la présidente du NPD de York-Simcoe, Jessa McLean, l’ancienne députée néo-démocrate Cheri DiNovo et huit autres présidents d’associations de circonscription du NPD. La lettre présente les revendications suivantes :

« Nous demandons que la Fédération du travail de l’Ontario et le NPD de l’Ontario :

  1. Appellent à des refus massifs de travailler et en organisent pour protéger la vie des travailleurs. Déclarent un “état d’urgence” et prennent des mesures extraordinaires pour encourager les refus massifs de travailler, les grèves, les débrayages et autres formes d’arrêt de travail face à des conditions de travail mortelles. Ces actions doivent être prises dans les plus brefs délais.
  2. Réitèrent les revendications pour des congés de maladie payés, une double prime de risque pour les travailleurs essentiels, et la fermeture des industries non essentielles avec une rémunération complète pour les travailleurs mis à pied. Ce sont les patrons millionnaires, et non les contribuables, qui doivent payer pour ces mesures.
  3. Demandent une augmentation immédiate et soutenue de l’aide financière (POSPH/Ontario au travail) aux personnes vivant avec un handicap, et des protocoles de vaccination accélérés pour les aidants familiaux des personnes vivant avec un handicap. »

Cette lettre ouverte a été produite par la Coalition ontarienne contre Ford, qui tiendra son lancement le mardi 27 avril à 20h30.

Aucune éclosion, aucun pic de mortalité, aucune tragédie, aussi médiatisée soit-elle, n’a fait fléchir Doug Ford. Les travailleurs se sont vus refuser des conditions de travail sécuritaires, des congé de maladie, et plus encore. Ils ont besoin de soutien pour refuser un travail dangereux.

Nous appelons tout le monde à signer la lettre, à assister à la réunion et à tout faire pour soutenir le mouvement de refus de travailler. C’est la seule façon d’obtenir une action réelle du gouvernement Ford et de mettre fin à la propagation du virus.