La catastrophe humanitaire des réfugiés du Darfour n’est pas seulement la conséquence de l’activité des milices soudanaises. Le conflit au Darfour – et ses répercussions au Tchad – a commencé comme une extension de la guerre pour le contrôle des réserves de pétrole situées au centre et au sud du Soudan. A l’époque, cette guerre opposait l’Armée de Libération Soudanaise, appuyée par les Etats-Unis, au régime fondamentaliste de Khartoum, alors appuyé par la France. Plus récemment, la Chine a pris le contrôle de la plupart des ressources pétrolières du pays – au grand dam des impérialismes français et américain.
Le conflit au Darfour est lié aux intérêts de l’impérialisme français au Tchad. Ces intérêts seraient gravement atteints si le régime de Déby chutait, ce qui serait inévitable s’il perdait le contrôle de sa principale base de soutien, à l’est du pays. D’où le bombardement de cibles, au Soudan, par le régime tchadien, et les attaques des forces rebelles qui opèrent à partir du territoire soudanais. Le régime de Déby est une dictature sanglante et corrompue qui n’existe que par la grâce de l’impérialisme français, qui utilise son ancienne colonie comme une base dans la poursuite de ses intérêts au Sahara. Dans le conflit en cours, l’armée française soutient activement le régime de Déby.
La lutte des impérialistes pour le contrôle des matières premières constitue la toile de fond d’un conflit qui ne cesse de s’aggraver. La hausse des cours rend le pétrole du Sahara beaucoup plus attractif – malgré le fait qu’il est profondément enfoui sous terre. On estime que le pétrole africain constitue 10 % des réserves mondiales. Le Tchad occupe une position importante à cet égard. En 2002, le gouvernement américain déclarait qu’au vu de l’instabilité du Moyen-Orient, le contrôle des réserves pétrolières de l’Afrique devenait un objectif stratégique central de sa politique étrangère. Les Etats-Unis prévoient de réaliser 25% de leurs importations pétrolières à partir de l’Afrique, d’ici 2015. Cependant, la France et la Chine manifestent, eux aussi, le plus grand intérêt pour l’avenir des richesses pétrolières du continent.
Ces conflits, au Darfour et au Tchad, sont des « guerres par procuration » classiques entre les Etats-Unis, la France et la Chine, pour le contrôle des ressources pétrolières du Sahara. Une fois de plus, la misère des réfugiés et les conflits ethniques du continent africain ne servent que de couverture aux manœuvres impérialistes. L’interférence impérialiste est la cause réelle de la misère et de la barbarie qui saignent l’Afrique. La situation désespérée des masses n’est qu’un prétexte à de nouvelles interventions impérialistes.
Personne n’est moins qualifié, pour mener des « missions humanitaires », que ces Etats dont la politique intérieure est une succession d’agressions racistes et inhumaines contre les immigrés, les travailleurs et la jeunesse.
Dans le cadre de l’EUFOR, au Tchad, les troupes de pays comme l’Autriche, la Belgique, la Finlande, l’Irlande, la Hollande, la Pologne, la Roumanie et la Suède se rendent complices des objectifs de l’impérialisme français. Elles participeront à cette sale guerre pour des matières premières. Leurs motivations « humanitaires » ne sont qu’un écran de fumée pour cacher leurs véritables objectifs.
Le mouvement ouvrier des pays impliqués dans l’EUFOR ne peut pas rester passif. Nous en appelons aux organisations de la jeunesse et des salariés, pour qu’elles élèvent leur voix contre cette intervention militaire.
* Pas un soldat, pas un euro pour la mission de l’EUFOR. Nous demandons l’arrêt immédiat de cette mission et de toute assistance apportée aux parties en guerre.
* Les mouvements syndical, communiste et socialiste doivent mener campagne pour empêcher le transport des soldats et la livraison de denrées et matériel aux troupes de l’EUFOR.
* La paix, la stabilité et la prospérité ne sont pas possibles sous la domination impérialiste et l’exploitation capitaliste.
* Le comportement des cliques dirigeantes d’ex-colonies telles que le Tchad montre qu’aucune indépendance ne sera possible tant que les travailleurs et les masses exploitées ne prendront pas leur destinées en main. Une authentique indépendance n’est possible qu’en brisant les fondements de la dépendance économique à l’égard des puissances impérialistes. Cela signifie la nationalisation des ressources naturelles, des infrastructures, des banques et de l’industrie sous le contrôle des travailleurs africains eux-mêmes.