Une trentaine de personnes se sont jointes à La Riposte socialiste samedi le 2 février dernier pour une conférence-discussion sur le thème « Québec solidaire, la laïcité et la lutte contre le racisme ». Cet événement, qui a eu lieu à l’Université du Québec à Montréal, s’est tenu dans le cadre du « débat » sur la laïcité au Québec remis de l’avant par la CAQ, qui souhaite interdire le port de signes religieux aux employés de l’État en fonction d’autorité, incluant les enseignants. Dans ce contexte, environ 200 militants de QS luttent activement pour que le parti de gauche défende une position d’opposition à toute interdiction des signes religieux dans la fonction publique. La Riposte socialiste participe à cette initiative, et notre événement s’inscrivait dans cette lutte au sein de QS.
L’événement a débuté par une présentation d’Hélène Bissonnette, militante de la Riposte socialiste, suivie d’une présentation de May Chiu, ancienne membre du Comité antiraciste de QS et candidate du parti en 2008.
Voici la vidéo des présentations :
Hélène a commencé sa présentation en nous montrant comment le soi-disant « problème » des signes religieux n’a rien à voir avec un manque de laïcité de l’État québécois. S’il était vraiment question de laïcité, la CAQ commencerait par revoir le financement des écoles privées confessionnelles et retirer le crucifix de l’Assemblée nationale, ce qu’elle refuse catégoriquement de faire. Hélène a aussi rappelé qu’aucune étude ou statistique n’est présentée pour justifier que les travailleurs de l’État arborant des symboles religieux constituent une menace concrète pour la laïcité de l’État. En fait, cet enjeu n’a rien à voir avec la laïcité et sert plutôt de couvert pour attaquer les minorités religieuses, et en particulier les femmes musulmanes. Alimentant un discours raciste, notamment dans la sphère médiatique et chez les groupes d’extrême droite, la CAQ se sert de ce débat pour diviser les travailleurs sur des lignes religieuses. La présentation d’Hélène a permis de situer ce « débat » dans le contexte de la crise profonde du capitalisme qu’on connaît depuis 2008 et qui force les gouvernements à imposer des mesures d’austérité impopulaires. Comme on le voit un peu partout, les partis politiques qui défendent le système capitaliste ont recours à un discours raciste et xénophobe pour détourner l’attention des travailleurs des vrais problèmes causés par la crise du capitalisme. En jetant le blâme sur tel ou tel groupe marginalisé de la société, ceux-ci alimentent la haine et la division, ce qui leur permet de se maintenir au pouvoir.
Jusqu’à présent, il n’y a eu aucune opposition claire aux intentions de la CAQ de la part de Québec solidaire, dont l’aile parlementaire défend une position de « compromis », soit d’interdire le port de signes religieux aux employés de l’État en position d’autorité, se basant sur le rapport de la Commission Bouchard-Taylor. Même le Parti libéral, qui avait instauré la loi 62 en juin 2017, s’oppose aujourd’hui de manière hypocrite au projet du gouvernement Legault d’interdire le port de signes religieux aux employés de l’État en position d’autorité. Encore une fois, le PLQ semble être le seul à se porter à la défense des minorités religieuses, ce qui fait d’autant plus mal paraître QS. Comme l’a montré Hélène, QS a la responsabilité de prendre une position de principe sur la question, ce qui est le premier pas pour que le parti puisse jouer un rôle actif dans la lutte contre le racisme.
De son côté, May Chiu a commencé sa présentation en expliquant que les partis politiques sont conscients du caractère anticonstitutionnel des lois qui visent une interdiction quelconque de signes religieux. C’est pourquoi la CAQ s’est dite prête à utiliser la clause nonobstant (ou clause dérogatoire), permettant d’éviter l’application de certains droits prévus par la Charte canadienne des droits et libertés, afin que son projet de loi soit mis en application. Comme l’a dit May, il ne s’agit donc pas d’un enjeu juridique, mais bien d’un enjeu politique qui a des conséquences dramatiques pour les minorités religieuses.
Grâce à son expérience auprès des communautés victimes de racisme, May a montré que chaque fois que cet enjeu revient dans la sphère publique, ces communautés sont attaquées et marginalisées encore davantage. Elle a dénoncé le caractère islamophobe des politiques de la CAQ, et a expliqué que si QS maintient sa position de compromis et accepte de limiter les droits des minorités religieuses (des musulmanes en particulier), la porte est ouverte pour d’éventuelles attaques du même type. Référant à un article de Jennie-Laure Sully de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), May a terminé en affirmant que le vrai problème de laïcité au Québec actuellement est la « religion » du capitalisme qui imprègne les institutions d’État!
La discussion vive et passionnante qui a suivi ces deux présentations a été animée par de nombreux témoignages. Certaines personnes présentes ont fait part de leurs expériences discriminatoires subies à cause du climat entretenu par les différents projets de loi islamophobes. Ces contributions ont mis en lumière les conséquences concrètes du « débat » sur la laïcité qui dure depuis la crise des accommodements raisonnables.
Les mesures annoncées par la CAQ sont une attaque contre la communauté musulmane en particulier, qui est déjà constamment ciblée par les différents projets de loi au fil des ans et qui subit le harcèlement et la haine qui leur sont corollaire. Un intervenant a bien résumé notre position en disant : « Une attaque contre un est une attaque contre tous! » D’autres intervenants ont parlé de la nécessité de créer un mouvement de masse contre les mesures racistes proposées par la CAQ qui doit inclure QS, mais également les syndicats et le mouvement étudiant.
Au sein de QS, un débat sur la position du parti concernant la laïcité et les signes religieux aura lieu au prochain Conseil national qui aura lieu les 30-31 mars prochains. Sur la question des signes religieux, « l’option A » propose d’interdire le port de signes religieux aux employés de l’État en position d’autorité (juges, procureurs, policiers, gardiens de prison, présidence et vice-présidence de l’Assemblée nationale), tandis que « l’option B » est de ne proposer aucune interdiction. Nous nous rangeons clairement du côté de l’option B, qui est la seule position de principe permettant de lutter efficacement contre le racisme de la CAQ. Tout « compromis » sur cette question ne fait que légitimer le discours des racistes.
Les camarades de « Solidaires pour un Québec inclusif » travaillent donc pour que QS adopte la seule position antiraciste conséquente, soit de s’opposer aux interdictions de signes religieux. La Riposte socialiste appuie et participe à cette initiative. Nous luttons pour gagner les membres du parti à cette position et pour que celle-ci soit défendue par les associations locales, et adoptée au Conseil national de mars. Contactez-nous sans tarder pour participer!
Mais ce n’est qu’un premier pas dans la lutte plus générale contre le racisme au Québec. Comme un autre intervenant le soulignait à l’événement, la CAQ dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale lui permettant d’adopter ses mesures, ce qui signifie que la lutte doit être menée également dans la rue et sur les milieux de travail affectés. Un large mouvement de masse incluant QS, les syndicats et les étudiants peut repousser les attaques de Legault envers les minorités religieuses.
Rejoignez La Riposte socialiste dans ce combat pour un mouvement uni des travailleurs et des opprimés et dans la lutte pour une société socialiste débarrassée des multiples formes d’oppression!