Un rapport publié par le directeur parlementaire du budget au début de décembre 2021 a montré que l’inégalité des richesses est en hausse au Canada. De même, un nouveau rapport du Centre canadien de politiques alternatives publié en janvier 2022 révèle qu’au pire de la pandémie, en 2020, les PDG canadiens ont vu leur rémunération augmenter. Mais cela ne devrait pas être une surprise : l’inégalité croissante fait partie intégrante du capitalisme.
Selon le directeur parlementaire du budget (DPB), 40% des Canadiens ne possèdent plus que 1% de la richesse du pays. De leur côté, les familles les plus riches du Canada possèdent un quart de la richesse du pays, contre 20% en 1999. À une époque où la moitié des Canadiens sont à 200 dollars près de ne pas pouvoir payer leurs factures mensuelles, cette inégalité a, à juste titre, attiré l’attention de beaucoup et suscité la colère.
Ce problème n’est pas propre au Canada. Rien qu’en 2020, les milliardaires du monde entier ont accru leurs richesses pour atteindre le chiffre record de 10 200 milliards de dollars, tandis que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a augmenté de 97 millions, une augmentation sans précédent dans l’histoire. Dans le monde entier, des gens ont perdu leur emploi, ont été confrontés à la hausse des prix et ont eu du mal à payer leurs factures alors que les riches continuent d’amasser des sommes colossales.
Comment la pandémie a creusé l’écart de richesse
Alors que les travailleurs étaient licenciés et peinaient à survivre avec les maigres sommes fournies par la PCRU et l’assurance-emploi, les riches ont augmenté leur richesse pendant la pandémie. Un rapport du Centre canadien de politiques alternatives a montré qu’alors que des milliers de travailleurs ont perdu leur emploi, les 100 plus grands PDG du Canada ont vu leurs revenus augmenter tout au long de la pandémie. À l’heure du dîner le 4 janvier, ces PDG avaient déjà empoché le même montant que le travailleur moyen au Canada gagnera cette année.
Malgré les profits réalisés par les patrons pendant la pandémie, les entreprises qu’ils dirigent ont continué à être renflouées par le gouvernement canadien. Beaucoup d’entre elles ont reçu la subvention salariale d’urgence du Canada, qui était dans les faits une façon de renflouer les entreprises. La subvention a été accordée sous le prétexte de « sauver des emplois », mais au lieu de cela, les grandes entreprises canadiennes ont licencié des milliers de travailleurs. Les dirigeants de ces entreprises se sont tirés d’affaire avec des millions de dollars de revenus supplémentaires que le gouvernement leur a généreusement donnés, tandis que des milliers de travailleurs ont perdu leur emploi et ont eu du mal à subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
Afin de financer ces renflouements sans précédent, les banques centrales (notamment la Réserve fédérale aux États-Unis) ont maintenu artificiellement les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas tout en augmentant la masse monétaire. Ces politiques ont servi à stabiliser artificiellement la situation. Fin 2020, les indices boursiers ont atteint des valeurs rarement vues auparavant, portées par le commerce électronique, les logiciels de vidéoconférence et les sociétés pharmaceutiques. Cependant, nous n’avons pas encore assisté à un « retour à la normale » pour la plupart des gens de la classe ouvrière.
Les gouvernements capitalistes et les économistes justifient ces politiques de sauvetage en insistant sur le fait que lorsque les entreprises se portent bien, la richesse se répercute sur les travailleurs. En réalité, c’est loin d’être le cas.
Alors que les dirigeants d’entreprises empochent des primes massives et voient leurs revenus augmenter comme jamais auparavant, les travailleurs continuent d’être licenciés et de subir des coupes budgétaires. Ceux qui n’ont pas été licenciés n’ont souvent pas de congé de maladie payé, et la « prime d’ange-gardien » pour les travailleurs essentiels a pris fin presque aussitôt qu’elle a commencé. De plus, les politiques adoptées par les gouvernements ont fait grimper l’inflation à son plus haut niveau depuis 30 ans, soit 4,7% actuellement.
Alors que le coût de la vie a augmenté de 5% l’année dernière, les revenus n’ont augmenté que de la moitié environ. À lui seul, le prix des aliments devrait augmenter de 5 à 7% cette année, ce qui ajoutera plus de 1000 dollars à la facture annuelle moyenne d’épicerie d’une famille de quatre personnes. Le gros de ce fardeau retombe sur la classe ouvrière, dont une grande partie vivait d’un chèque de paie à l’autre avant même le début de la pandémie.
Tous ces facteurs ont conduit à l’accumulation d’une richesse inouïe à une extrémité du spectre, ce que vient de constater le directeur parlementaire du budget. À la fin de 2020, les sociétés canadiennes avaient accumulé 1580 milliards de dollars dans leurs comptes bancaires, soit une augmentation de 56% par rapport à l’année précédente. Il s’agit d’argent mort, c’est-à-dire d’argent non investi et improductif, qui reste dans les banques sous forme de liquidités et qui prend la poussière. Il est clair que les travailleurs se font escroquer, non pas parce que les patrons ne peuvent pas se permettre de les payer davantage, mais parce qu’il n’est pas rentable pour eux de le faire.
Cependant, il serait incorrect de voir cette inégalité croissante des richesses comme un résultat de la pandémie. En fait, ce phénomène existait déjà bien avant que nous ayons entendu parler de ce virus. Les statistiques montrent que si le revenu moyen au Canada a augmenté depuis les années 1990, cela est dû au fait que les personnes au sommet de la hiérarchie ont augmenté leurs revenus au détriment du reste du pays. Seuls les Canadiens les plus riches ont augmenté leur part du revenu national. Tous les autres sont perdants. Même les économistes traditionnels reconnaissent que les gouvernements capitalistes ont joué un rôle majeur dans l’enrichissement des riches et l’appauvrissement de la classe ouvrière, citant « le déclin de la syndicalisation, la stagnation du salaire minimum, la déréglementation et les politiques nationales qui favorisent les riches ». La pandémie a mis toutes ces questions au premier plan, et le fait que le gouvernement est de connivence avec les dirigeants d’entreprise est devenu incroyablement clair.
Vers une solution socialiste!
L’inégalité sans cesse croissante entre les riches et les pauvres a provoqué, à juste titre, la colère de la classe ouvrière et en a amené beaucoup à la conclusion que les patrons doivent payer. Cependant, tant que l’économie sera contrôlée par la classe dirigeante, les tentatives en ce sens seront vaines. Les capitalistes trouveront toujours un moyen d’accroître leur richesse, et ils utiliseront leur pouvoir économique pour contrôler le gouvernement.
La seule façon de résoudre définitivement la crise de l’inégalité des richesses est de prendre l’économie en main. Les grandes entreprises parasites qui ont scandaleusement augmenté leurs profits au milieu de la pandémie doivent être nationalisées et placées sous le contrôle démocratique des travailleurs. Ces entreprises pourront alors être intégrées dans un plan économique socialiste démocratique, qui viserait à répondre aux besoins de l’ensemble de la population plutôt qu’à ceux d’une élite. Les inégalités de richesse seraient éradiquées à la source, et nous veillerions à ce qu’il y ait suffisamment de ressources pour tous.
De par sa conception, le capitalisme ne peut pas résoudre le problème de l’inégalité des richesses. Ce qu’il faut, c’est une société socialiste qui réponde aux besoins de tous.