Suivant la grande manifestation contre la haine et le racisme du 12 novembre dernier à Montréal, La Riposte socialiste étudiante / Socialist Fightback Students (RSÉ/SFS) a organisé deux conférences publiques portant sur « La lutte contre le racisme et la révolution socialiste ». La première, tenue à l’UQAM le 14 novembre dernier, a attiré environ 35 personnes. Un nombre similaire de personnes se sont déplacées le 16 novembre dernier pour le même événement à l’Université Concordia. Les deux présentations étaient données par Farshad Azadian, membre de la rédaction du journal Fightback et militant de l’organisation.
La présentation a commencé sur le constat que de plus en plus de jeunes et de travailleurs se radicalisent tout autour du monde, et rejettent le statu quo et les partis politiques qui le défendent. Farshad a notamment donné en exemple le sondage mené en Europe auprès des jeunes de 18-34 ans qui pose la question « Seriez-vous prêts à participer à un soulèvement de masse contre le gouvernement? », et où le « oui » dépasse les 60 % en Grèce, en Italie, en Espagne et en France. Il a ensuite expliqué que c’était dans ce contexte que la classe dirigeante tente d’utiliser le racisme pour diviser les travailleurs et détourner notre attention de la crise du système capitaliste. Il a mentionné, notamment, la crise des réfugiés en Europe : celle-ci est utilisée pour créer un sentiment d’état de siège, comme si les réfugiés venaient voler les emplois et utiliser “nos” services. Cela contribue à alimenter le racisme, qui est utilisé cyniquement par les différents partis pour gagner des votes. L’hypocrisie de la bourgeoisie en Occident a été soulignée, elle qui est responsable, par ses interventions répétées au Moyen-Orient, pour la misère noire qui affecte la région et qui pousse des millions de gens à la fuir.
Farshad a mentionné le fait qu’au Québec, les principaux partis, la CAQ, le PQ et le PLQ, ont tous alimenté l’islamophobie et le racisme d’une manière ou une autre pour détourner l’attention de leurs politiques impopulaires. Les libéraux, qui tentaient de se présenter comme les amis des immigrants et des minorités, ont récemment dévoilé leur vrai visage avec le projet de loi 62 et l’abandon de la consultation sur le racisme systémique. C’est le discours raciste normalisé des partis de l’establishment qui explique le fait que des groupes comme La Meute ou Storm Alliance ont gagné en confiance et sont devenus plus bruyants. Cela démontre que nous ne pouvons avoir aucune confiance dans les partis de l’establishment dans la lutte contre le racisme.
Farshad a également touché aux origines du racisme en prenant l’exemple du racisme anti-noir aux États-Unis. Il a expliqué que les idées racistes n’étaient pas tombées du ciel, mais provenait plutôt des besoins de la classe dirigeante. En effet, le travail forcé aux États-Unis n’était pas uniquement le fait des Noirs à ses débuts. Mais avec le temps, afin d’empêcher les exploités de s’unir et de se soulever, la composante raciale de l’esclavage a été renforcée par la classe dirigeante. Le racisme était un outil utile afin de diviser les exploités; il joue encore ce rôle, sous d’autres formes, aujourd’hui.
Expliquant que le racisme était utilisé par la bourgeoisie pour nous diviser, Farshad a ajouté que l’on utilise également les immigrants et les minorités comme cheap labor, ce qui exerce une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de tous les travailleurs. La lutte contre le racisme est donc intrinsèquement liée à la lutte contre l’exploitation capitaliste et les institutions qui le maintiennent en place. Cette lutte ne peut être menée que par les méthodes de la lutte des classes : mobilisation de masse, désobéissance civile, grèves, etc. C’est par le contrôle des travailleurs eux-mêmes sur l’embauche et le congédiement qu’on pourra vaincre les patrons racistes. C’est par la désobéissance que les travailleurs peuvent défaire le projet de loi 62 au Québec. C’est par la grève, par la lutte pour transformer la société que les travailleurs et les jeunes commencent à se voir non comme des ennemis potentiels, mais comme des frères et soeurs de lutte. Et c’est seulement en renversant le capitalisme qu’on pourra créer les conditions où, éventuellement, les préjugés racistes ne seront connus des gens que par les livres d’histoire.
Les deux présentations furent suivies de discussions vivantes touchant à de nombreux aspects de la question. De la question de la « liberté d’expression » utilisée par les groupes d’extrême droite pour pouvoir étendre leur discours raciste, au rôle de l’impérialisme dans la destruction du Moyen-Orient, en passant par le racisme dont sont victimes les peuples autochtones au Canada, les participants ont montré que le problème est vaste. Plusieurs interventions ont souligné l’incapacité totale du capitalisme à faire quoi que ce soit pour s’adresser aux différentes formes de racisme.
Lors des deux événements, Farshad a conclu en attaquant l’argument commun avancé contre les socialistes selon lequel la lutte contre le racisme doit être remise à après la révolution. Il a expliqué que les marxistes sont en première ligne de toutes les luttes contre toutes les manifestations de racisme, et de toutes les luttes qui apportent une amélioration par rapport au statu quo. Mais les marxistes tentent toujours de lier la lutte d’aujourd’hui avec une analyse plus générale qui explique d’où vient le racisme et comment on peut s’en débarrasser pour de bon. C’est pourquoi nous croyons qu’il faut lutter contre le racisme en se basant sur l’unité de la classe ouvrière dans la lutte pour le socialisme. ll a terminé en demandant à ceux et celles qui souhaitaient s’impliquer avec l’organisation de lever la main. Lors des deux événements, la majorité de la salle, dont plusieurs nouveaux visages, ont signifié leur désir de s’impliquer avec la RSÉ/SFS. Si vous n’avez pas pu participer aux événements, mais que vous souhaitez rejoindre la lutte, contactez-nous sans tarder!